Nicolas Lazarévitch

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Nicolas Lazarévitch (1895-1975) était un réfractaire et militant anarchiste puis anarcho-syndicaliste d’origine russe.

Enfant d'exilés fuyant le régime du tsar pour leurs activités révolutionnaires, il passe sa jeunesse en Belgique. Nicolas Lazarévitch devient avec le libraire Hem Day, une des quelques figures illustres de l’anarchisme bruxellois.

Il s'installe en France à la fin des années vingt.

Il voyage en URSS pendant la tourmente. Il s’y forge des convictions anarcho-syndicalistes qui l’amènent à faire une lecture critique du gouvernement bolchevique. Autodidacte, il travaille en usine et finit par être emprisonné en 1924, à Moscou, pour ses activités syndicales illicites. Il a en effet organisé avec quelques autres ouvriers anarchistes un groupe anarcho-syndicaliste à l'usine Dynamo de Moscou, qui publie plusieurs tracts - contre les baisses de salaire, contre l'accord économique entre l'Angleterre et l'URSS, contre les campagnes tayloristes, en présentant toujours une alternative syndicaliste-révolutionnaire - posés de nuit sur les établis, collés sur les affiches officielles, lus en public ou transmis sous le manteau. Ils sont repérés puis arrêtés. Grâce à ses relations de gauche anti-stalinienne, dont Boris Souvarine - qui deviendra un ami privilégié - une campagne d’opinion en France le fait libérer en 1926. Le 29 septembre suivant, Nicolas Lazarevitch est expulsé d’URSS.

Il arrive en France. Suite à une campagne dénonçant la situation des ouvriers en Russie menée par sa femme Ida Mett, ils sont eux deux expulsés.

Ils s'installent en Belgique jusqu'en 1936. En 1932, naît un fils qu'ils appellent Marc. Ils font des incursions illégales en France, pendant deux ans, puis en Espagne. Là, ils rencontrent Francisco Ascaso et Buenaventura Durruti. Grâce à leur aide, ils y organisent plusieurs réunions publiques.

Ils reviennent clandestinement en France en 1936. Ils habitent au Pré-Saint-Gervais. Leur naturalisation est systématiquement refusée, n'obtenant que des permis de séjour à duré limitée, et cela jusqu'à leur décès. Leur ami Boris Souvarine arrive à régulariser leur situation administrative.

Il est l'auteur de nécrologies, dont celle d'Andreu Nin Nin assassiné, parue dans La Révolution prolétarienne n°252 en août 1937.

Le 8 juin 1940, ils sont de nouveau arrêtés puis emprisonnés. Lui est envoyé au camp du Vernet et en ressort au bout de trois mois.

Dès lors, à côté de ses autres activités politiques - essentiellement au Syndicat des correcteurs, après 1945 - il se lance dans un travail constant d’information sur l’Union soviétique, faisant de la connaissance de l’URSS un véritable combat qu’il mène contre les communistes, espérant convaincre un public de préférence ouvrier et syndicaliste, quant à la fausseté des messages véhiculés par la propagande moscovite. Jusqu’à sa mort, Lazarévitch va s’efforcer de faire entendre son point de vue, en participant à différents périodiques, en organisant des conférences, le tout au sein de cercles restreints composés de son entourage proche (des amis, des camarades de travail, des étudiants qu’il rencontre lorsqu’il reprend ses études, après 1960 surtout), de sa famille politique et d’autres groupements d’émigrés russes actifs dans la dénonciation du régime soviétique.

Il constitue en compagnie de grands noms comme Albert Camus, mais aussi Louis Mercier et Roger Lapeyre, les Groupes de liaison internationale (GLI), dans les premiers mois de 1949. A la fin de l’année 1950, Lazarévitch ressent une certaine frustration liée à la dissolution des GLI.

Au début des années cinquante, et ce dans un contexte de guerre froide relativement tendu, il crée La Réalité russe, revue spécialisée dans l’information sur l'URSS dans laquelle il tente remarquablement de faire connaître à l’opinion française certains aspects des réalités sociales, économique et culturelle en URSS. Il est aidé par certains acteurs de l’extrême-gauche anti-stalinienne, par Ida Mett, et par d’autres personnalités du monde intellectuel parisien. Exclusivement composée de traductions d’articles récents de la presse soviétique, cette modeste publication est faite d’une vingtaine de pages dactylographiées et ronéotypées. Bimensuelle en 1950, elle ne deviendra plus que quadri-annuelle à partir de 1956. Elle est diffusée de façon confidentielle, dans l’entourage militant de la famille, ainsi qu’à certains centres de recherche - principalement à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine. Ainsi, il veut démonter certaines mystifications de la propagande du régime. Cette revue compte soixante numéros, parus de 1950 à 1958. Il collabore à la fin des années cinquante avec les solidaristes russes de la Fédération nationale du travail de la nouvelle génération (NTS).

[modifier] Œuvres

  • Ce que j'ai vécu en Russie, Liège, éd. Syndicat fédéraliste des mécaniciens et assimilés
  • L'école soviétique : enseignements primaire et secondaire, avec Ida Mett (préface Pierre Pascal), éd. Les Îles d'Or, 1954
  • Tu peux tuer cet homme : scènes de la vie révolutionnaire russe, avec Lucien Feuillade, Paris, Gallimard, 1950.

[modifier] Citation

« Il serait banal et simple d’expliquer toutes les lacunes morales, [...] les graves délits des jeunes des dortoirs par l’activité défectueuse des moniteurs [adultes chargés de leur surveillance]. [...] Le jeune travailleur ne veut pas être le simple exécuteur de la volonté d’autrui, des projets d’autrui, même si ceux-ci sont magnifiques. »

[modifier] Bibliographie