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Sommaire

[modifier] La révolte du 7 octobre 1944

L'épisode connu sous le nom de «révolte du Sonderkommando» est l'unique fait de résistance juive armé ayant eu lieu à Auschwitz-Birkenau ; c'est le troisième à l'échelle des camps d'extermination après les révoltes de Treblinka le 2 août 1943 et de Sobibor le 14 octobre 1943. Au cours du soulèvement à Birkenau, le crématoire IV est partiellement dynamité par les prisonniers du Sonderkommando.

Remarque préalable : les détenus et les SS ne numérotent pas les crématoires de la même façon. Il y a cinq crématoires pour les SS (le KI est à Auschwitz I) , quatre seulement pour les détenus de Birkenau. La numérotation des SS étant employée sur la majorité des cartes, c'est celle qui est utilisée ici.

[modifier] Contexte de la préparation

Dans les camps d'extermination, la révolte (et à plus forte raison la survie) est une affaire de calories et de résistance physique. Le soulèvement du Sonderkommando d'Auschwitz-Birkenau a bénéficié du régime spécial accordé à ses membres, notamment une alimentation suffisante [1], ainsi que des moyens matériels qui se trouvaient à leur portée.

Bien que séparé des autres détenus, un noyau de prisonniers juifs du Sonderkommando parvient à entrer en contact avec le réseau de résistance générale qui existe à Auschwitz-Birkenau. Celui-ci regroupe des détenus juifs et non-juifs, et prend une partie de ses ordres à l'extérieur. Ce groupe de combat est notamment en lien avec la Résistance polonaise (AK) qui planifie une insurrection générale incluant le secteur d'Auschwitz. Les détenus juifs du groupe travaillant dans l'usine d'armement Weichsel Union Metallwerke, ce sont eux qui sont chargés d'obtenir du matériel pour armer la révolte.

4 jeunes détenues juives polonaises, Roza Robota, Estusia Wajcblum, Regina Safirsztein et Alla Gartner [2] de la résistance intérieure travaillent dans un Kommando de l’usine d'armement «Union». Elles y subtilisent de la poudre qu'elles introduisent clandestinement et par petites quantités dans le camp. Quelques hommes du Sonderkommandos qui peuvent se déplacer librement dans le camp, et les membres du réseau central la récupèrent et fabriquent des explosifs artisanaux. Un témoin, Isaïe Eiger, rapporte que le technicien russe [3] Borodine cache la poudre dans des boîtes de conserves qu'il enterre dans le sol. Le matériel dont dispose le Sonderkommando comprend alors : les explosifs + trois grenades à main volées + selon certaines sources des revolvers et une mitraillette.

À court terme, les objectifs du réseau central et de l'AK divergent de ceux des Sonderkommandos. La date du soulèvement général est en effet régulièrement retardée, parce que l'AK et la Résistance à Auschwitz comptent sur la progression de l'Armée Rouge. Le temps joue en leur faveur et les rapproche de l'ouverture du camp. Les membres du Sonderkommando, cependant, assistent impuissants à l'arrivée massive de convois juifs en provenance de Hongrie et à leur extermination au cours de «l'action Hoess» du printemps 1944. Malgré leurs demandes pressantes, les chefs du groupe de combat à Auschwitz I, qui craignent pour la résistance clandestine, refusent de déclencher l'action. Or à l'automne 1944 l'extermination dans les camps commence à être stoppée sur ordre de Berlin et on essaie d'en effacer les traces. Les détenus travaillant dans les kommandos spéciaux comprennent à ce moment qu'ils vont être eux aussi liquidés et qu'ils ne peuvent plus attendre.[4].

Un groupe se crée dans le Sonderkommando chargé des bûchers d'incinération en plein air, et promis à l'extermination comme tous les Sonderkommandos. Les hommes sont décidés à prévenir leur liquidation par une révolte. Le noyau qui s'est formé autour des figures de Zalmen Gradowski, de Jankiel Handelsmann, de Yosel Warchawski et du Kapo Yakov Kaminski (assassiné par le commandant SS Otto Moll en août 1944) ébauche des plans indépendants dès l'été.

[modifier] Une action anticipée

Ces projets se précisent suite à une succession d'événements. Le 23 septembre 1944, la direction SS retranche 200 membres du Sonderkommando qu'elle extermine dans la chambre de désinfection d'Auschwitz I, après avoir prétendu les transférer vers un autre camp. Juste avant la révolte, le Sonderkommando compte 663 hommes [5] (169 hommes affectés au crématoire II, 169 au crématoire III, 169 au crématoire IV, et 156 au crématoire V). Une nouvelle réduction des effectifs est prévue : le samedi 7 octobre 1944, la SS doit réduire de 300 l’effectif total des Kommandos des crématoires IV et V.

Le Sonderkommando a eu vent de ce projet par les membres de la cellule de résistance d'Auschwitz, et certains hommes qui savent figurer sur la liste annoncent qu'ils défendront leurs vies. Le groupe de combat d'Auschwitz ne s'y oppose pas. C'est ainsi que le Sonderkommando précipite ses plans et décide de tenter sa chance tout seul. Par ailleurs, lorsque la nouvelle est connue au matin du 7 octobre 1944, un Kapo allemand (un droit commun) surprend les délibérations entre les résistants réunis au crématoire II et menace de prévenir les SS ; ce qui convainc les prisonniers qu'ils n'ont plus rien à perdre, et les fait passer à l'action.

Le détail des événements au cours du soulèvement est mal connu. La révolte devait partir du crématoire III mais elle démarre prématurément à l'initiative du IV et du V [6]. Lorsqu'on vient chercher les 300 hommes dans la cour devant le crématoire IV, les détenus des Sonderkommandos IV et V, tous juifs, attaquent les gardes SS à l’aide de haches, de marteaux et de pierres, tuant 3 d'entre eux et en blessant 12. Ils mettent le feu au crématoire IV qu'ils font sauter ainsi que sa chambre à gaz adjacente.

Les hommes du crématoire II qui ont entendus les coups de feu et l'explosion croient au signal de l'insurrection généralisée ; ils désarment et tuent un Kapo allemand qu'ils jettent vivant dans un four allumé, puis coupent les barbelés électrifiés à l'aide de pinces d'électricien de leur fabrication. La brèche pratiquée par les détenus au niveau du secteur BIb (donc à proximité du crématoire II, dans le camp des femmes) leur permet de s'enfuir dans les bois.

Les détenus du crématoire III ne sont pas intervenus : il semble qu'ils aient attendu, comme convenu, que les hommes du crématoire II les informent de la situation. Ils entendent des coups de feu et une explosion mais ne savent pas ce qu'il se passe. Quelques uns crient en direction du crématoire II, à quelques mètres de là, mais n'obtiennent pas de réponse car ses détenus se sont déjà enfuis.[7]. Lorsque l'alerte est donnée et que les prisonniers sont comptés à Birkenau, les hommes du crématoire III sont immobilisés par l'intervention des SS et enfermés dans la salle de chirurgie. Il n'y a pas de mort parmi eux, sauf un homme exécuté par un SS pour avoir crevé les pneus de son vélo. Le commandant du camp laisse au groupe la vie sauve.

[modifier] Répression

Aucun secours n'est venu de l'extérieur ou des autres détenus du camp. La fuite des hommes du Sonderkommando échoue, tous les fuyards des kommandos spéciaux II, IV et V sont rattrapés et abattus à coup de fusil. Le Kommando II est rattrapé à quelques 10 kilomètres de Birkenau ; il s'était réfugié dans une grange à Rajsko. Les SS encerclent celle-ci, y mettent le feu et mitraillent le groupe. Environ 250 résistants du Sonderkommando meurent dans les combats contre les SS ou les unités de police détachées dans toute la région, tandis que 200 autres sont exécutés après la bataille. Le soir même, les SS enjoignent à une vingtaine de détenus du crématoire III de brûler les corps des hommes tués pendant l'évasion dans les fours du crématoire II.

En tout près de 451 membres des Kommandos sont exécutés, répartis comme suit : 281 détenus pour les Kommandos IV et V, 169 pour le Kommando II + 1 personne pour le Kommando III. La plupart des organisateurs du soulèvement ont péri. Il reste encore 212 membres du Sonderkommando en vie, dont ≈ 80, majoritairement des hommes du crématoire III, survivront jusqu'à l'évacuation du camp le 18 janvier 1945.

Une enquête est ouverte par la section politique et le commandant du camp. 14 hommes du Sonderkommando impliqués dans la révolte, dont l'un des chefs (Handelsmann), sont transférés au block 11 à Auschwitz I. Des interrogatoires, pressions, incitations à la dénonciation,... accompagnés de tortures dans les cachots du Block 11 durent plusieurs semaines et se soldent par plusieurs morts. Elles ne laissent pas de traces dans les archives du camp.[8]

Les 4 femmes juives qui avaient fait entrer les explosifs en contrebande dans le camp sont finalement identifiées lorsque l'examen des traces d'explosifs révèle que le matériel provenait de l'usine «Union». Torturées, elles ne dénoncent pas les membres du réseau juif. Elles sont exécutées en public au camp des femmes le 6 janvier 1945. Deux d'entre elles sont pendues pendant l'appel du matin, les deux autres pendant l'appel du soir, afin de marquer les esprits.

[modifier] Conséquences

L'endommagement partiel d'au moins un crématoire a contribué à enrayer la machine de mort à Birkenau. Le crématoires IV incendié et endommagé au cours de la révolte est désormais inutilisable. Il est démantelé par les SS qui n'en laissent que les fondations (dalle de béton), retrouvées à l'ouverture du camp. Ce qui en est visible actuellement est sous forme d'évocation des parois. La structure au sol a été reconstituée par les responsables du musée sur le modèle du plan 2036 [9]avec des briques qui proviennent des ruines du crématoire V (d'où problèmes d'analyse ultérieurs).

Le crématoire V reste en fonction comme incinérateur, le crématoire II, intact, sera démantelé en novembre 1944. Il n'y a plus de meurtre par gaz dans les crématoires. Himmler ordonne l'arrêt des gazages, qui cessent le 2 novembre 1944. Une opération est menée par les SS pour effacer toute trace d'extermination : en janvier 1945, à quelques jours d'intervalle, les crématoires II, III et V sont dynamités.

Le soulèvement, acte désespéré et anticipé, ne profite pas au groupe de combat d'Auschwitz. L'organisation souterraine se voit en effet privée de détenus russes et polonais, particulièrement actifs, qui sont transférés vers d'autres camps. Il n'y a pas d'autre tentative de révolte armée par la suite. L'épisode aurait cependant eu un impact décisif sur la résistance juive, dont il aurait contribué à multiplier les effectifs.

Des échos de la révolte du Sonderkommando et de la pendaison d'un membre anonyme de la résistance apparaissent dans Si c’est un homme de l'écrivain et ancien déporté à Auschwitz Primo Levi [10]. Les écrits d'Israël Gutman [11] soulignent quant à eux la portée symbolique et morale de cet événement : «...ce soulèvement devint le symbole de la résistance et de la revanche des Juifs... qui montraient à l'Europe qu'ils étaient capables de se battre et de défendre leur vie.»

[modifier] Notes

  1. Témoignage de Yakov Gabbay : «En ce qui concerne la nourriture , nous ne manquions de rien.»
  2. La première, Roza Robota, était la meneuse de cette opération ; elle travaillait à l'entrepôt des vêtements. Les trois autres femmes étaient affectées au pavillon de fabrication de la poudre.
  3. Plusieurs témoignage semblent s'accorder sur le fait que les Russes, mais aussi les Juifs de Salonique, étaient particulièrement impliqués dans l'organisation.
  4. Se reporter aux notes de Zalmen Lewental dans Des voix sous la cendre. Manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau de Georges Bensoussan, Philippe Mesnard, Carlo Saletti.
  5. Sans prendre en compte le crématoire I, à Auschwitz I.
  6. D'après la déposition de Dow Paisikovic (N° détenu A-3.076) le 17 octobre 1963, dans le cadre du procès d'Auschwitz, in Léon Poliakov Auschwitz. Intégralité du témoignage
  7. D'après le témoignage de Yakov Gabbay cité dans Des voix sous la cendre
  8. Selon http://www.fmd.asso.fr/updir/37/memoire_vivante42.pdf
  9. Plan du crématoire IV dessiné par les entreprises allemandes, qu'elles ont «décalqué» pour obtenir la structure (symétrique) du V.
  10. Primo Levi, Si c’est un homme, chapitre «Le dernier» :
    «...Le mois dernier un four crématoire de Birkenau a sauté. Personne ne sait (et peut-être ne le saura-t-on jamais) comment les choses se sont passées : on parle du Sonderkommando, un Kommando spécial qui est affecté aux chambres à gaz et aux fours crématoires ; le Kommando lui-même est périodiquement anéanti et séparé du reste du camp. Le fait est qu’à Birkenau, quelques centaines d’individus, esclaves désarmés et épuisés comme nous, ont trouvé en eux-mêmes la force d’agir et de faire mûrir les fruits de leur haine. ».
  11. Membre du groupe de résistance sioniste à Auschwitz



Texte réalisé dans le cadre du projet Auschwitz - Dernière modification le 12 mars 2006 à 16:11 - Disponible sous GNU Free Documentation License