Néopythagorisme

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Le néopythagorisme est un courant philosophique et ésotérique, dérivant de Pythagore, divisé en diverses écoles. Parfois il est difficile de décider si un auteur est néopythagoricien ou néoplatonicien (ainsi pour Porphyre et Jamblique) ; d'autre part, certains historiens ne distinguent pas médiopythagorisme et néopythagorisme.

Sommaire

[modifier] Histoire

Pièce à l'effigie d'Apollonios de Tyane
Pièce à l'effigie d'Apollonios de Tyane

Le courant pythagoricien se divise en diverses écoles.

  • école paléopythagoricienne (pythagorisme ancien) : Théanô (épouse de Pythagore), Hippase de Métaponte (525 av. J.-C.), Pétron, Brontin, Épicharme de Cos (486 av. J.-C.) ; les successeurs de Pythagore à la tête de l'école furent : Aristée de Crotone (en 494 av. J.-C.), Mnémarque, Boulagoras, Gartydas, Arésas de Lucanie, puis Diodore d'Aspendia, Philolaos, Eurytos, Archytas de Tarente.[1]
  • école médiopythagoricienne de Grèce (pythagorisme moyen et récent) : Ecphantos (490 av. J.-C. ?), Hippon (480 av. J.-C.), Philolaos (460 av. J.-C.), Damon le Musicien (460 av. J.-C.), Hippodamos (450 av. J.-C.), Ion de Chio (450 av. J.-C.), Alcméon de Crotone (440 av. J.-C.), Polyclète (420 av. J.-C.), Archytas de Tarente (il rencontra Platon en 388 et 361 av. J.-C.), Timée de Locres (contemporain de Platon), Eudoxe de Cnide (370 av. J.-C., il est aussi ami de Platon)
  • école médiopythagoricienne de Rome : Appius Claudius Caecus (310 av. J.-C.), Scipion l'Africain (210 av. J.-C.), Caton l'Ancien (180 av. J.-C.), Ennius (180 av. J.-C.), Scipion Émilien (130 av. J.-C.)
  • école néopythagoricienne de Grèce : Sthénidas de Locres (Ier s.), Anaxilaos (Ier s.)
  • pseudépigraphes pythagoriciens anciens (IIe-Ier s. av. J.-C.) : pseudo-Archytas, pseudo-Philolaos, pseudo-Timée de Locres, pseudo-Ecphantos, pseudo-Théanô
  • école néopythagoricienne de Rome : Nigidius Figulus (60 av. J.-C.), Quintus Sextius le Père (40 av. J.-C.), Sextius le Fils, Varron (27 av. J.-C.), Moderatus de Gadès (60), Celse (170), Macrobe (400).
  • école néopythagoricienne d'Alexandrie : Alexandre Polyhistor (80 av. J.-C.), Apollonios de Tyane (80), Antoine Diogène (100), Nicomaque de Gérase (100), Numénios d'Apamée (155), Amelios (245), Porphyre (270), Jamblique (305), Hiéroclès le Pythagoricien (commentateur des Vers d'or de Pythagore, fin du Ve s.), Énée de Gaza (500)
  • pseudépigraphes pythagoriciens récents : pseudo-Ocellus Lucanus (Sur la nature de l'univers, Ier s.), pseudo-Jamblique (Théologoumènes arithmétiques, IVe s.)
  • pythagorisme oriental : les Sabéens, Jâbir Ibn Hayyân (Geber, vers 780), al-Kindî (796-873), les Frères de la pureté (vers 963), Ibn al-Sîd (mort en 1227), S. Shahrazûrî (fin du XIIIe s.)
  • pythagorisme moderne : J. Reuchlin ("Pythagorus redivivus", De l'art cabalistique, 1517), Thomas Tryon (1691), Lacuria ("le Pythagore français", 1847), Fabre d'Olivet (Vers dorés de Pythagore, 1813), Matila Ghyka (Le nombre d'or, 1931).

[modifier] Philosophie et ésotérisme

"Les néopythagoriciens croient en une religion astrale (théologie, mantique, théorie de la grande année et de l'harmonie des sphères, immortalité des héros, métempsycose). Ils s'intéressent aux origines du langage, à l'étymologie, à son sens mystique (souvent révélé par la poésie, cette langue musicale, qui obéit à des proportions numériques). Leurs spéculations sur les nombres sont entrées en rapport avec le platonisme (cosmologie, théorie des Idées). Ils ont aussi une doctrine morale et politique, séparant strictement les bons des méchants, et affirmant la primauté d'un droit religieux dont tout dépend. Depuis le temps de Pythagore cette tendance s'oppose nettement aux oligarchies : elle ten,d soit à justifier une monarchie démocratique, fondée à la fois sur la nature et sur la religion (les traités apopcryphes d'Ecphante, Diotogène et Sthénidas, qui datent peut-être du Ier siècle avant ou après l'ère chrétienne, vont dans ce sens), soit à introduire l'esprit de proportion dans des modèles de constitutions mixtes (le platonisme, puis la pensée de Cicéron ont pu s'inspirer de ces vues)."[2]

[modifier] Art et initiation

On ne peut évoquer le néopythagorisme sans penser à la Basilique pythagoricienne de la Porte Majeure, à Rome, découverte en 1917. Elle date du règne de l'empereur romain Claude Ier (vers 50). Elle a la forme d'une basilique faite de trois nefs, avec pour divinité centrale Apollon. Les motifs décoratifs traitent trois thèmes : la mort, le salut des initiés, l'initiation. "Le culte pythagoricien comportait successivement des purifications, des libations, un sacrifice précédant un reaps pris en commun, enfin une lecture pieuse complétée par un sermon. Les pythagoriciens se purifiaient avec de l'eau. Les pythagoriciens accomplissaient leurs libations en invoquant Zeus Sôter, Héraclès et les Dioscures. La communauté de la Porte Majeure offrait, comme la secte de Nigidius Figulus, des sacrifices sanglants, on a retrtouvé le cadavre d'un chien dans l'abside et des ossements de porcelets dans l'atrium. La règle des pythagoriciens voulait que le sacrifice fût la préface d'un repas en commun, de ce repas étaient bannis les fèves, les poissons et les oeufs, mais il comportait du vin, du pain, des gâteaux, des légumes crus et cuits, et même de la viande. Jamblique signale qu'après le repas le membre le plus ancien de l'assemblée choisissait un texte de méditation et demandait au plus jeune de le lire. Le groupe qui férquentait la basilique souterraine de la Porte Majeure se révèle donc comme une communauté de prière et de recherche."[3]

[modifier] Bibliographie

[modifier] Textes

(par ordre chronologique)

  • Théanô (530 av. J.-C.) ou pseudo-Théanô : Femmes pythagoriciennes. Fragments et lettres de Théano, Périctionné, Phintys, Mélissa et Mya (1932), Guy Trédaniel, 1980, 120 p.
  • pythagoriciens moyens (Alcméon, 440 av. J.-C.) et récents (Philolaos, Archytas, etc.) : Les présocratiques, Gallimard, "Pléiade", 1988, p. 443-612.
  • Philolaos (430 av. J.-C.) et Archytas (env. 430-348 av. J.-C.) : A.-Ed. Chaignet, Pythagore et la philosophie pythagoricienne, contenant les fragments de Philoaüs et d'Archytas (1873), Bruxelles, Culture et Civilisation, 1968, 2 t. Traduction des fragments de Philolaos et d'Archytas t. 1 p. 226-331.
  • Ennius (239-169 av. J.-C.) : J. Heurgon, Ennius, Centre de documentation universitaire, 1961 (traduction des principaux fragments).
  • Scipion l'Africain (235-183 av. J.-C.) : Cicéron, De la République (55 av. J.-C.), trad. du latin, Garnier, 1932.
  • Caton l'Ancien (234-149 av. J.-C.), De la vieillesse (d'après Cicéron), trad. du latin, Les Belles Lettres, 1996, 195 p.
  • Mémoires pythagoriques (IIe s. av. J.-C. ?) : André-Jean Festugière, Études de philosophie grecque, Vrin, 1971, p. 371-436. Traduction du grec, et commentaire historique.
  • pseudépigraphes (IIe s. av. ss.) : L. Delatte, Les traités de la royauté d'Ecphante, Diotogène et Sthénidas, Paris, Droz, 1942, 318 p. Texte grec, traduction.
  • Nigidius Figulus (98-44 av. J.-C.) : L. Legrand, Publius Nigidius Figulus, philosophe néo-pythagoricien orphique, Paris, L'oeuvre, 1930. Textes en latin.
  • Apollonios de Tyane (mort en 97) : Philostrate d'Athènes, La vie d'Apollonios de Tyane (217), in Pierre Grimal, Romans grecs et latins, trad. du grec, Gallimard, "Pléiade", 1958, p. 1031-1338.
  • Nicomaque de Gérase (vers 100), Introduction arithmétique, Vrin, 1978.
  • Numénius d'Apamée (155), Fragments, Les Belles Lettres, 1973, 220 p.
  • Porphyre, Vie de Pythagore (vers 270) et Lettre à Marcella, Les Belles Lettres, 1982, 255 p.
  • Porphyre, De l'abstinence, Les Belles Lettres, 3 t., 1977-1995.
  • Porphyre, L'antre des nymphes, trad., Verdier, 1989.
  • Jamblique, Vie de Pythagore (ou Vie pythagorique, vers 310), Les Belles Lettres.
  • Jamblique, Les mystères d'Égypte (vers 320), Les Belles Lettres, 1966, 401 p
  • Julien l'Empereur (331-363), Discours, Les Belles Lettres, 1963-1964, 2 t.
  • Vers d'or de Pythagore (IVe s. ?). Texte en ligne : [1]
  • Macrobe, Commentaire sur Le Songe de Scipion (vers 400), trad. du latin, Les Belles Lettres, 2002-2003.
  • Hiéroclès le Pythagoricien, Commentaire sur les Vers d'or de Pythagore (fin du Ve s.), trad. Mario Meunier (1925), Guy Trédaniel-La Maisnie, 1979, 347 p.

[modifier] Études

(par ordre alphabétique)

  • J. Carcopino, La basilique pythagoricienne de la Porte Majeure, Paris, L'artisan du livre, 1926.
  • A. Delatte, Études sur la littérature pythagoricienne, Paris, Champion, 1915. Reprint Genève, Slatkine, 1974.
  • C. A. Huffman, Philolaos of Croton, Pythagorean and Presocratic, Cambridge, 1993.
  • L. Legrand, Publius Nigidius Figulus, philosophe néo-pythagoricien orphique, Paris, L'oeuvre, 1930.
  • M. Thesleff, An Introduction to the Pythagorean Writings of the Hellenistic Period, Abo, 1961.

[modifier] Notes

  1. Jamblique, Vie de Pythagore, § 265.
  2. Alain Michel, "La philosophie en Grèce et à Rome de ~ 130 à 250", in Histoire de la philosophie, Paris, Gallimard, "Pléiade", t. 1, 1969, p. 816.
  3. Marie-Laure Freyburger-Galland, Gérard Freyburger, Jean-Christian Tautil, Sectes religieuses en Grèce et à Rome dans l'Antiquité païenne, Les Belles Lettres, 1986, p. 228-230.