Mythique dans la peinture et la sculpture

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Cet article d'analyse artistique interroge les dimensions mythiques dans la peinture et la sculpture.

Si la mythologie relève du verbal, elle possède, dès l'origine, des formes d'expression visuelle. Les représentations figurées ne sont pas seulement l'illustration de récits, ni leur traduction plastique. Même si l'on est tenté de rattacher des images sans texte à des écrits perdus ou à la transmission orale, il a toujours existé une tradition figurative autonome. Les artistes se répondent, innovent dans leur langage et traitent les mythes selon des problématiques spécifiques. De plus les échanges sont constants et réciproques entre le verbal et le figuratif. Le cas de l'ekphrasis est à cet égard exemplaire. Les descriptions de tableaux (peut-être fictifs) de Philostrate ont fourni à la fois des informations sur les mythes et, pour l'art européen, une source d'inspiration, en l'absence de la peinture antique alors totalement inconnue. La situation est différente pour les sculpteurs qui, dès la renaissance, se forment en étudiant les antiques, qu'ils copient et parfois restaurent. Pour eux il y a continuité, et Rodin, comme le Bernin, peut embrasser du regard toute la tradition.

On peut évoquer ce dossier immense à travers un seul mythe, celui d'Actéon, dont on suit les transformations de siècle en siècle.

  • Sans remonter jusqu'aux grottes préhistoriques où l'homme-cerf est présent, à côté d'un « minotaure » tout aussi énigmatique,
  • Au VIe siècle avant l'ère chrétienne on voit, sur les vases attiques un homme attaqué par des chiens, menacé de surcroît par une femme armée d'un arc. Une inscription identifie Artémis et Actéon.
  • Au Ve siècle des petites cornes sur la tête du chasseur indiquent la métamorphose. Ce schéma devient canonique dans la statuaire hellénistique et romaine. Le motif du bain de Diane apparaît dans l'art romain (relief, mosaïque, peinture pompéienne) où il est prétexte à exposer le corps féminin, de dos, pudiquement replié, ou surpris de face. Actéon l'épie, à demi caché, réduit à sa tête et à son regard. Dans l'art européen le sujet a une fortune prodigieuse.
  • En relief ou statues depuis le XVe siècle, sur une porte de Saint-Pierre de Rome (Averlino, dit Filarete), jusqu'à notre époque (Paul Manship), mais surtout en peinture (Cranach, Titien, le Cavalier d'Arpin, Delacroix, etc.) : le motif s'érotise et le regard d'Actéon, parfois face au spectateur, met celui-ci en position de voyeur devant le tableau désigné comme objet de désir et de plaisir visuel, à l'instar du corps féminin.
  • Au XIXe siècle la mythologie fait les frais du rejet de l'académisme : à partir de Courbet, les artistes novateurs se passent de Diane pour peindre des baigneuses.
  • Le XXe siècle, libéré de ces enjeux, peut sans complexe réutiliser des thèmes mythiques (Picasso, Iché, Masson). Le regard d'Actéon conserve aujourd'hui sa force paradigmatique chez le peintre Jean-Michel Alberola lorsqu'il signe ses œuvres « Acteon fecit ».

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