Muche
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Une muche est un souterrain-refuge creusé à des fins de protection des villageois et de leurs biens, lors de troubles importants dans la France septentrionale.
Ces souterrains uniques au monde, sont caractérisés par une architecture inédite. La définition même de ces muches entend une organisation principale en une ou plusieurs longues galeries ou rues ouvrant sur des cellules aveugles, les muches proprement dites. Ces cellules étant des stabulations ou des habitations, elles peuvent être fermées sur la rue par des portes en bois fermées à clef. Les cellules se répartissent alternativement le long du couloir, car dans la majorité des cas il n'y avait pas de porte.
Le nord de la France comporte près de 300 de ces muches, les plus remarquables étant Domqueur, Hiermont, Talmas ou Hermie.
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[modifier] Localisation
Ces souterrains refuges uniques dans leur conception, n'existent que dans les départements du Nord de la France, c'est-à-dire : le Nord, le Pas de calais, la Somme. Il pourrait y avoir quelques réseaux souterrains similaires dans les départements limitrophes de l'Aisne et de l'Oise.
Les grottes de Naours sont en réalité des muches, parmi les plus grandes et les plus complexes. Bouzincourt est un bon exemple d'une mûche typique, elles sont accessibles sur demande.
[modifier] Contexte historique
Le contexte de creusement de ces refuges souterrains exceptionnels est aujourd'hui bien connu. Le royaume de France laisse un territoire important à la maison de Bourgogne fin XVe. Le duché de Bourgogne étant lui même incorporé dans les Pays-Bas espagnols par un jeu de mariage. Le roi de France se trouve isolé géographiquement et économiquement. Les villes frontières du Nord de la Somme comme Amiens, Péronne, Corbie sont alors sous les pays bas espagnols. François Ier n'aura de cesse de vouloir récupérer ces villes, mais aussi l'Artois durant le XVIe siècle, suivi par ses descendants et cela jusqu'au début du XVIIIe sous Louis XIV. Les troupes en conflit, vont se disputer aprement ces provinces durant près de 200 ans, avec des mouvements de troupes et de frontière oscillant continuellement entre l'Authie et La rivière Somme.
Les villes étant évidemment les objectifs militaires, les villages sont traversés régulièrement par les troupes du royaume de France mais aussi par les mercenaires à la solde des deux camps. Les armées n'ayant pas le soutien logistique propre. Le soldat, ou le mercenaire doit se nourrir sur l'habitant. Les paysans, au sortir de la guerre de cent ans et des périodes de peste qui sévissent en Picardie ne peuvent se permettre de "donner" leur biens, en particulier les semences et les animaux. Il faudra rapidement trouver une parade, pour soustraire aux pilleurs, leurs biens les plus chers. L'idée de creuser "les muches " est née.
Les troupes en présence, sont armées de mousquets ou d'arquebuses, l'artillerie est utilisée fréquemment contre les villes et les châteaux médiévaux. Cette avancée de l'armement va sonner le glas des châteaux forts. Les villes se retranchent alors derrière les citadelles qui vont s'adapter à cette nouvelle arme à feu. Dans les villages, le seul moyen efficace est de se retrancher sous terre, à l'abri de ces canons.
[modifier] Jusqu'au XXeme siècle
Dans plusieurs villages, les muches étaient encore en état au moment de la première guerre mondiale.
[modifier] Organisation d'une muche
Les muches sont creusées dans le sous sol crayeux, à partir des églises qui offrent une protection première efficace. Ces souterrains s'étendent ensuite en galeries ou rues avec de nombreuses salles.
[modifier] Entrée
L'entrée ou les entrées des mûches étaient secrètes, et dans la majorité des cas créées pour être défendables par un homme seul. Dans de nombreux villages, l'accès se fait par l'église.
[modifier] Les cellules
Il est courant de trouver deux salles ou cellules par "feu" ou famille.
Le cas échéant, les cellules sont pourvues de portes en bois, l'aménagement sommaire de ces cellules est efficace et fonctionnel.
Les cellules sont dans le meilleur des cas composées de 2 parties, une première pour les hommes, une seconde pour les animaux, le tout dans une surface de 15 m² environ. Dans les plus belles muches, on trouve des auges taillées dans la roche, accompagnées de râteliers. Les habitats sont pourvus de niches à lumières, de tablettes, de niches à feu.
Tout est prévu pour pouvoir survivre quelques jours sous terre. Des cheminées d'aérations sont creusées, des puits à eau permettent l'approvisionnement. Le feu est réalisé à des endroits précis pour alimenter les niches à feu dans les salles, mais aussi activer les courants d'airs frais pour l'aération du souterrain.
