Moshe Levinger

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Moshe Levinger (en hébreu משה לוינגר, né en 1935) est un rabbin sioniste religieux qui depuis 1967 est une figure du mouvement de colonisation des territoires conquis par Israël durant la guerre des six jours. Il est plus spécifiquement connu pour avoir dirigé le mouvement de colonisation à Hébron en 1968 et pour sa participation au mouvement pro-colonisation, le Goush Emounim fondé en 1974.

Levinger est né à Jérusalem et a étudié à la Yechiva jérusalémite de Mercaz HaRav sous la direction du rabbin Zvi Yehuda Kook.[1] Il explique y avoir appris que « la terre d'Israël doit être aux mains du peuple Juif—pas seulement en y ayant des implantations, elle doit être sous souveraineté juive » [2]

[modifier] Mouvement de colonisation

Lors de la guerre des six jours, Levinger était le rabbin de Nehalim , un moshav religieux situé aux environs de Petah Tikva. Il organisa conjointement avec le mouvement pour l'ensemble de la terre d'Israël la réinstallation de Juifs dans le Goush Etzion évacué en 1948 suite au massacre de Kfar Etzion[3]. Il y avait un désaccord sur le fait de savoir s'il fallait attendre l'accord du gouvernement avant d'entreprendre cette action. Levinger déclara que le mouvement de colonisation devait commencer quoi qu'il en soit. Le gouvernement approuva l'érection d'un avant-poste militaire du Nahal sur ce site tout en gardant secret le fait que cette structure était destinée à des civils[4]. Levinger ne fit pas partie de ces colons.

Il se rendit à Hébron en 1968 juste après que la Cisjordanie eut été conquise par Israël. Il loua des chambres dans un hotel arabe afin d'y passer le séder de pessa'h et il refusa ensuite de partir. Suite à des négociations avec le gouvernement israélien il déménagea avec sa famille et des sympathisants, s'installant à proximité dans une ancienne base de l'armée sur une colline au nord-est d'Hébron. Là avec la coopération de l'État ils établirent la colonie de Kiryat Arba.[5]

En 1987 l'hebdomadaire israélien Hadashot demanda à un panel de 22 personnalités israéliennes représentant l'ensemble du spectre politique de choisir « la personne de la génération, l'homme ou la femme ayant le plus d'influence sur la société israélienne depuis vingt ans. ». À la première place on retrouvait ex aequo Menahem Begin et Levinger[6]

En 1992 Levinger créa un parti politique nommé "Tora Ve'eretz Yisrael" (Torah et terre d'Israël) qui participa aux élections israéliennes mais Levinger ne reçut pas assez de sufrages pour pouvoir entre à la Knesset. Les onze enfants et cinquante petits enfants de Levinger vivent pour la plupart en Cisjordanie. Sa femme ainsi que plusieurs de ces enfants sont aussi des activistes connus.

[modifier] Affaires judiciaires

Levinger a été arrété et poursuivi au moins dix fois en relation avec des incidents à Kiryat Arba ou à Hébron à partir de 1975.[7]

En juillet 1985, Levinger fut condamné à payer une amende d'environ 15000 $ et à trois mois de prison avec sursis pour être entré dans la maison d'une habitante de Hébron et s'en être pris à son fils de six ans. Levinger expliqua au magistrat de la cour de Jérusalem que le garçon avait jeté une pierre sur son fils.[8]

En 1988 Levinger fut inculpé dans deux affaires séparées liées à des évènements survenus à Hébron. Le 30 septembre 1988, un boutiquier palestinien fut tué par arme à feu et l'un de ses clients fut blessé. Levinger expliqua avoir seulement tiré dans l'air pour se défendre face à des jeteurs de pierres. Il fut accusé d'« homicide involontaire, de coups et blessures avec circonstances aggravante et de destruction intentionnelle de biens privés » [9]. Son procès débuta en août 1989 malgré les protestations de 13 membres d'extrême droite de la Knesset et de centaines de sympatisants.[10] Levinger plaida non coupable pour ce dont il était accusé mais accepta de plaider coupable pour l'accusation moins grace d'homicide par négligence[11]. Il fut condamné à cinq mois d'emprisonnement et sept mois avec sursis. Il resta 92 jours en prison[12]. Lors de sa libération en août 1990 il déclara à la radio israélienne « Si je suis de nouveau en situation de danger, je ferais feu de nouveau. J'espère que la prochaine fois je serais plus prudent et que je ne manquerai pas ma cible »[13]

Dans une autre affaire concernant des faits situés cinq mois avant l'affaire précédente il fut accusé d'avoir agressé une femme palestinienne et ses deux enfants après qu'un autre enfant arabe se fut moqué de sa fille. Lors du procès en mai 1989, le magistrat récusa le témoignage des témoins arabes sous le motif qu'ils étaient parties prenantes et rejeta aussi le témoignages de deux soldats israéliens présents au moment des faits[14]. Six semaines après sa libération de prison suite à l'affaire précédente la cour de Jérusalem annula l'acquittement dont il avait bénéficié pour cette affaire.[15] Il fut condamné à quatre mois de prison et à dix jours additionnels pour un éclat de colère devant la cour.[16] Il passa deux mois en prison, à sa libération en mars 1991, il déclara : « Au fil des ans, j'ai mené des dizaines d'actions et et chacune d'entre elles était illégale. Il était utile de violer la loi, car toute ses actions ont bénéficié à la terre d'Israël toute ensemble »[17]

En juillet 1995, Levinger fut condamné à sept mois de prison pour une altercation violente sur le site du tombeau des patriarches en septembre 1991. La cour établit que Levinger avait fait tomber la barrière séparant les fidèles musulmans et juifs et avait agressé un officier de l'armée israélienne [18]. Il resta quatre mois en prison.[19]

En décembre 1995, Levinger fut condamné à six mois de prison ferme et à six mois de sursis pour une affaire datant de juin 1991. Il fut reconnu coupable d'avoir fomenté une émeute au sein du marché de Hébron, d'avoir jeté par terre des étalages, d'avoir forcé des marchants à fermer boutique et d'avoir tiré des coups de feu avec son pistolet. Pour sa défense il expliqua s'être fait attaquer par des jeteurs de pierres[20].

En décembre 1997, Levinger fut condamné à six mois de prison et à une amende de 2300$ pour avoir perturbé la prière des fidèles musulmans sur le tombeau des patriarches en 1994 et pour avoir empéché un officier de l'armée d'entrer à Kiryat Arba.[21]

[modifier] Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Moshe Levinger ».
  1. Gershom Gorenberg, Accidental Empire, Times Books (2006), p108.
  2. en anglais : « that the Land of Israel must be in the hands of the Jewish people—not just by having settlements, but that it's under Jewish sovereignty » Gorenberg pp106-107.
  3. Gorenberg, pp106-123
  4. Gorenberg, pp106-123
  5. "Among The Settlers", by Jeffrey Goldberg (The New Yorker, May 2004)
  6. University of Pennsylvannia
  7. The Times, March 1, 1994.
  8. Jerusalem Post, July 26, 1985, quoted by UN committee.
  9. AP, Apr 12, 1989 and JP, Dec 4, 1989; voir aussi [1]
  10. Jerusalem Post, 15 Dec, 1989 and 17 Dec 1989.
  11. Reuters, Jerusalem Post, etc, 1er mai, 1990.
  12. AP, Aug 14, 1990.
  13. AP and Reuters, Aug 14, 1990.
  14. Jerusalem Post, May 5, 1989 and Oct 17, 1990.
  15. Jerusalem Post, Sep 24, 1990 and Oct 17, 1990.
  16. Jerusalem Post, Jan 15, 1991.
  17. AP, 26 mars, 1991, en anglais : « Over the years, I've carried out dozens of actions and all of them were against the law. It was worthwhile to violate the law, as all these actions advanced the whole Land of Israel »
  18. BBC Monitoring Service, July 13, 1995; Reuters, 12 juillet 1995.
  19. Reuters, 2 juillet 1996.
  20. Jerusalem Post, 12 décembre 1995.
  21. Jewish Telegraphic Agency, citée par le Jewish News Weekly [2]; Jerusalem Report, 8 janvier, 1998.
  • Hebron, Americans for Peace Now (Settlements in Focus, Vol. 1, Issue 13 - 10/28/05)
  • Friedman, Robert I. (1992). Zealots for Zion : Inside Israel's West Bank Settlement Movement, Rutgers University Press. ISBN 0-8135-2062-2
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