Discuter:Modillon

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Je restitue ici - par respect pour son auteur - le texte que j'avais précédemment taillé en pièce car je l'avais - peut-être abusivement - trouvé "trop lyrique" dans la rubrique "article". Je pense qu'il trouve mieux sa place dans la rubrique "discussion". Voici le texte, tel qu'on le trouvait en mars 2007 : La brillante constellation des hauts-lieux architecturaux n'est qu'une partie du patrimoine roman de l'Europe occidentale. Les joyaux mondialement célèbres ne doivent pas faire méconnaître les édifices rustiques au charme discret. Et c'est encore plus vrai pour celui qui porte toute son attention à cet aspect de l'art populaire que sont les modillons. C'est à une balade nez-en-l'air à la découverte de cette autre façade des sculptures romanes que vous convie ce site. Comme pour les édifices romans en général, les modillons - assez petits blocs de pierre, sculptés de façon fine ou grossière, placés sous les corniches pour les supporter - diffèrents de silhouette selon la nature des matériaux à la disposition des sculpteurs.

On sait que les profondes différences dans la nature du sol n'ont pas été sans influencer, tout à la fois, les paysages et l'art de bâtir. Le matériau a joué sur la forme et la structure des églises romanes. Les assises granitiques ou volcaniques donnent des roches dures engendrant une architecture sévère de formes et de couleur. Ces matériaux résistants se prêtent beaucoup moins que le calcaire aux riches ornementations finement ciselées.

Comme l'ensemble des monuments ce petit patrimoine roman, interrogé dans son profond silence, constitue un riche document d'histoire. Les édifices romans, s'ils ont tendance à devenir un domaine réservé aux historiens de l'art, furent un jour l'expression d'une jaillissante manifestation de vie. C'est cette énergie vitale créatrice que manifeste l'art populaire que sont les modillons.

S'il n'est évidemment pas question d'élever l'art des modillons au même rang que celui des supports majeurs que sont les chapiteaux, chevets ou tympans, c'est un support mineur mais plein de saveur dont il s'agit. Parce qu'il demeure une représentation de la culture médiévale, cet art quoique marginal mérite de ne pas être ignoré.

Ce qui frappe dans ce voyage à travers les modillons romans c'est la créativité des imagiers et la richesse des thèmes qu'ils abordent. La naïveté et la gaucherie du style des uns frappe tout autant que l'habileté soigné des autres. Si la verve du tailleur s'est souvent donnée libre cours, sous les toits de ces havres de paix et de salut consacrés à la célébration du «Tout Puissant», la liberté d'inspiration semble élevée puisque des scènes érotiques ou obscènes à nos yeux modernes-pudibondes) jouxtent des ornementations florales ou géométriques, des représentations animalières ou monstrueuses aussi bien que des évocations de thèmes religieux, éducatifs, moraux. Ce qui conduit l'homme moderne à s'interroger sur la dimension purement ornementale des modillons ou sur leur éventuelle portée symbolique ? En l'absence de sources historiques laissées par les imagiers romans l'interprétation restera souvent délicate. On peut penser qu'il n'y a pas sous les corniches de projet symbolique global, mais il semble, en revanche, que certains modillons, considérés séparément, recèlent un message. Sans doute, faut-il éviter deux écueils dans la lecture des modillons : voir en grand (les survivances celtiques-païennes ou assyriennes-égyptiennes-sumériennes ou classiques grecques-romaines) ou en petit (les jeux-d'esprit, curiosités ou drôleries). Mesure, cas d'espèce et contexte sont des voies d'approche pour le non spécialiste qui veut voyager à travers le temps des pierres. De nos jours, la force expressive de l'imagier demeure même si son sens plénier n'est pas parfaitement retrouvé. Les personnes d'aujourd'hui peuvent au moins se retrouver à ce niveau, même si la mémoire des pierres exprime plus profondément comment une partie de l'humanité s'est un temps définie avec ses problèmes, sa façon de voir et ses tentatives de se perfectionner elle-même ainsi que le monde dans lequel elle se situait.