Mine de Grasberg

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4°03′10″S 137°06′57″E / -4.05278, 137.11583

The Grasberg Mine complex from space.
The Grasberg Mine complex from space.

La mine de Grasberg est la plus grande mine d'or et la troisième plus importante mine de cuivre au monde. Elle se trouve dans la province indonésienne d’Irian Jaya, la partie occidentale de la Papouasie, à près de 4000 m d’altitude ; elle est exploitée par la compagnie minière étatsunienne Freeport.

La mise en exploitation a coûté trois millions de dollars US.

Ses réserves sont estimées à 1300 tonnes d’or (2004).

Sommaire

[modifier] Histoire

Le géologue hollandais Jean-Jacquez Dozy a exploré l’Indonésie en 1936 pour mesurer le glacier du mont Jayawijaya, en Papouasie occidentale. Il décrit une roche particulière, de couleur noire aux reflets verts. En 1939, il rédige un rapport sur l’Ertsberg (montagne au minerai en néerlandais), mais ce rapport passe inaperçu à cause de la Seconde Guerre mondiale. Vingt ans plus tard, le géologue Forbes Wilson, à la recherche de nickel pour la compagnie minière Freeport, lit le rapport. Il oublie aussitôt le nickel : alors âgé de cinquante ans, il arrête de fumer, se remet en condition physique et se prépare à explorer l'Ertsberg. L’expédition qu’il conduit avec Del Flint découvre d’énormes gisements de cuivre en 1960.

Avec l’autorisation du gouvernement indonésien, la mine d’Ertsberg est mise en exploitation, à 4500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle ouvre en 1973, puis en 1981 s’étend avec l’Ertsberg de l'Est. Un chemin de fer est construit pour transporter le personnel et le matériel.

Au milieu des années 80, la mine s’épuise presque totalement. Mais au lieu de vendre la mine (on lui en propose 75 millions de dollars), Freeport envoie des géologues pour des recherches approfondies. En 1988, Freeport estime les réserves du Grasberg à 40 millions de dollars, à moins de trois kilomètres de l’Ertsberg. On estime le coût de construction de la route vers le Grasberg entre 12 et 15 millions de dollars. Mais un chauffeur de bulldozer indonésien, ayant participé à la construction de la route de l’Ertsberg, ouvre la voie seul. La route est finalement revenue à moins de deux millions de dollars.

[modifier] Exploitation

Le minerai descend par voie ferrée à 600 m en-dessous de la mine, est transformée en poudre et mêlé à de l’eau pour former un slurry. Ce slurry (bouillie) est pompé à travers des conduites jusqu’au port. Après réduction, chaque tonne de minerai rend 317 kilogrammes de cuivre, trente grammes d’or et trente grammes d’argent.

L‘explosion du prix des matières premières depuis 2005 a considérablement augmenté la rentabilité de la mine. Malgré l’introduction de la fibre optique, la demande de cuivre n’a jamais baissé. L’Asie a en effet des besoins énormes pour s’équiper en infrastructures électriques, ce qui a conduit les prix du cuivre a plus que quadrupler. Le plus haut cours de l’histoire a été atteint en avril 2006 (6000 $ la tonne), tandis que le cours de l’or, après une hausse de 40 % en 2005, atteint en 2006 son plus haut niveau depuis 1981[1].

[modifier] Contestation politique

La mine concentre la contestation du pouvoir central indonésien en Papouasie, qui dure depuis le rattachement de la Papouasie occidentale à l’Indonésie en 1962.

De plus, des milliers de Papous ont été expropriés de leur montagne pour permettre l’exploitation de la mine. En 1977, la mine est attaquée par le Mouvement de libération de la Papouasie. Le groupe dynamite la principale conduite, ce qui provoque des dizaines de millions de dollars de dégâts, et attaque les installations minières. La répression militaire indonésienne cause la mort de 800 personnes au moins[2].

Freeport possède son propre service de sécurité pour protéger la mine. L’armée indonésienne y concentre près de 6000 hommes[3].

En 2005, Freeport a versé 1 milliard de dollars de royalties au gouvernement indonésien pour la seule mine de Grasberg, et 65 millions à la province de Papouasie[4]. En mars 2006, des manifestations d’étudiants à Timika (côte sud de l’île) et Jayapura (côte nord) pour demander la fermeture de la mine ont été durement réprimées.

[modifier] Contestation environnementale

Les déchets de la mine, évalués à 700 000 tonnes par an, sont l’objet d’un débat environnemental. La roche extraite reste dans les collines, sur une épaisseur de 300 mètres et sur une surface de 8 km carrés. La pluie et les écoulements naturels lavent ces dépôts, et entrainent les particules fines dans le fleuve Aikwa, qui se déposent tout le long du cours du fleuve. Près de 250 km carrés sont contaminés et ont une forte teneur en cuivre, et le poisson a presque disparu du fleuve. En 1995, la Overseas Private Investment Corporation a résilié l’assurance de Freeport pour des pollutions que Freeport ne se serait pas permises aux États-Unis, ce qui est une première dans l’histoire de cette compagnie d’assurance. Freeport a d’ailleurs poursuivi l’OPIC. Diverses propositions ont été faites par les ministres de l’Environnement, Sonny Keraf et Nabiel Makarim à partir de 2000, mais rien n’a encore été fait.

La mine est à proximité d’un des rares glaciers équatoriaux, qui sert d’indicateur pour les modifications climatiques de la région. La disparition de la végétation, et l’érosion des pentes dues aux activités minières, les tremblements de terre et les pluies fréquentes ont créé des landes désolées tout autour de la mine. Quelques projets de remise en état commencent à être lancés par la mine, des associations écologiques et des citoyens concernés par le danger de contamination au cuivre et la pollution aux acides des rivières, de la terre et des nappes phréatiques.

[modifier] Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Grasberg mine ».

[modifier] Notes

  1. Le Dessous des Cartes. Mai 2006
  2. Figures published by the ABRI/TNI (Indonesian military) - others estimate much higher numbers. Otto Ondawame "One Voice One Soul" PhD Thesis, ANU, Canberra 1999
  3. Le Dessous des Cartes. Mai 2006
  4. Le Dessous des Cartes. Mai 2006