Mademoiselle Lange

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Mademoiselle Lange en Vénus (1798)
Mademoiselle Lange en Vénus (1798)

Anne-Françoise-Elisabeth Lange, dite Mademoiselle Lange est une actrice française et une « Merveilleuse » du Directoire, née à Gênes le 17 septembre 1772, morte à Florence le 2 décembre 1825 (plusieurs biographies indiquent la date du 25 mai 1816).

[modifier] Biographie

Fille de Charles-Antoine Lange (ou L'Ange) et de Marie-Rose Pitrot, musiciens et comédiens ambulants qui se produisaient à travers l'Europe, Mlle Lange joue très jeune des rôles d'ingénues dans les troupes où ses parents se produisaient. En 1776, la famille est engagée au Théâtre de Liège et, en 1784, on la retrouve au Théâtre de Gand. En 1787, Mlle Lange est engagée au théâtre de Tours dans la troupe de Marguerite Brunet dite « la Montansier ».

Le 2 octobre 1788, elle fait ses débuts à la Comédie-Française dans le rôle de Lindane de L'Écossaise de Voltaire. Elle est ensuite Lucinde dans L'Oracle de Saint-Foix.

En 1791, lorsque les représentations de Charles IX de Marie-Joseph Chénier, pièce anti-religieuse et anti-monarchique, divisent la troupe du Théâtre-Français, Mlle Lange suit d'abord le groupe dit « des patriotes », emmené par Talma, qui s'installe rue de Richelieu (actuelle salle de la Comédie-Française).

Mais, estimant ne pas être reconnue à sa juste valeur, elle ne tarde pas à rejoindre la faction dite « des aristocrates » qui s'est installée au théâtre du Faubourg Saint-Germain, rebaptisé Théâtre de la Nation (actuel Théâtre de l'Odéon). Le 24 février 1793, elle y crée le rôle de Laure dans Le Vieux Célibataire de Jean-François Collin d'Harleville. Elle y est reçue sociétaire en 1793. Elle triomphe dans le rôle de Paméla dans Paméla ou la Vertu récompensée de Nicolas-Louis François de Neufchâteau et met à la mode le chapeau de paille dit « à la Paméla ». Mais on trouve à la pièce des accents royalistes : le théâtre est fermé par le Comité de Salut public, l'auteur et les comédiens arrêtés.

Mlle Lange est d'abord internée à la prison de Sainte-Pélagie puis, après quelques mois de captivité, elle parvient à se faire transférer dans la pension Belhomme, avec son cuisinier, son valet et sa femme de chambre, où elle mène grand train grâce aux fonds du banquier Montz, si bien que la rue est pleine des voitures de ses visiteurs. Elle achète un hôtel particulier rue Saint-Georges.

À la suite d'une dénonciation, Fouquier-Tinville ouvre une enquête qui débouche sur l'arrestation de Jacques Belhomme et la fermeture de l'établissement. Mlle Lange retourne en prison, mais de hautes protections lui permettent d'éviter la guillotine.

Girodet, Mlle Lange en Danaé (1799)
Girodet, Mlle Lange en Danaé (1799)

Libérée après Thermidor, elle entre au Théâtre Feydeau et mène grande vie sous le Directoire. Elle a une liaison avec le sieur Lieuthraud, fournisseur aux armées qui a acquis, entre autres, l'hôtel de Salm et l'entretient, dit-on, sur un pied de 10.000 livres par jour. Elle donne également ses faveurs à un riche banquier de Hambourg, Hoppé, avec qui elle a une fille, Anne-Élisabeth Palmyre, reconnue par son père en 1795. Elle a enfin une liaison avec un autre fournisseur aux armées, Michel-Jean Simons, dont elle a un fils en 1797. Le père reconnaît l'enfant et épouse l'actrice, qui, devenue Mme Simons, met un terme à sa carrière théâtrale.

Il est en revanche peu probable qu'elle ait eu une liaison avec Barras comme l'affirme le livret de la célèbre opérette de Charles Lecocq, la Fille de madame Angot, dans laquelle Mlle Lange apparaît sous son nom dans un rôle secondaire.

Ruiné, Simons meurt en 1810 dans son château de Bossey en Suisse. Veuve, menant une vie solitaire dans l'oubli et loin de ses admirateurs, sa femme meurt à Florence en 1825 (ou en 1816 selon certains biographes).

Mlle Lange fut la cause du célèbre scandale que provoqua le peintre Girodet en la peignant sous les traits de Danaé. En effet, l'actrice n'ayant pas aimé un premier portrait qu'elle lui avait demandé de retirer du Salon de 1799, Girodet se vengea en le lui renvoyant lacéré et en exposant au Salon une toile, réalisée en quelques jours, où elle est ouvertement dépeinte en prostituée : nue, elle recueille des pièces d'or dans une étoffe, tandis qu'un dindon paré de plumes de paon figure son mari Simons et qu'un de ses amants (Leuthraud) est portraituré en masque grotesque, une pièce d'or enfoncée dans l'œil.

[modifier] Portraits

  • Colson, Mademoiselle Lange en Sylvie dans la pièce de Collet L'Île déserte, Huile sur toile, 1793, Paris, Comédie-Française, exposé au Salon de 1793.
  • Girodet, Mademoiselle Lange en Danaé, dit aussi Danaé, fille d'Acrise, huile sur toile, 1799, Minneapolis, The Minneapolis Institute of Arts, exposé au Salon de 1799.
  • Lefebvre, Mme Simons, née Lange.
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