Métalinguistique

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Métalinguistique est un adjectif, bien connu des linguistes, qui qualifie les termes techniques appartenant au champ de la linguistique.

Par exemple, les mots grammaire, verbe, nom, adjectif sont des termes métalinguistiques.

Un même mot peut parfois être et parfois n'être pas métalinguistique. Par exemple, nom désigne tantôt le mot par lequel on appelle une personne (le mot nom fait alors partie de l'onomastique), par exemple Ce nom ne m'est pas étranger ou Quel votre nom de famille ? ; tantôt le mot nom désigne la nature grammaticale d'un mot, par exemple dans En français, le nom précède en général le verbe. C'est dans ce dernier exemple que le mot nom est un terme métalinguistique.


Contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'importe quel mot peut devenir métalinguistique. Exemple :

  • Le « avaient » de « Ils avaient déjà mangé » est l'auxiliaire du verbe manger.

Dans cette phrase que l'on pourrait trouver dans un manuel scolaire, le mot « avaient », au début de la phrase, ne fonctionne plus comme un verbe, mais plutôt comme un nom, actualisé comme la plupart des noms par un article (« le ») ; il s'agit dès lors d'un usage métalinguistique.


L'usage d'un mot dans un registre métalinguistique s'accompagne d'une neutralisation (on dira : Le « belle » de « Cette fille est belle » est un adjectif). En outre le mot devient invariable. Exemples :

  • Tous les « belle » des phrases « Je suis belle », « Tu es belle », « Elle est belle », sont des adjectifs qualificatifs).
  • Il m'a convaincu, tout comme le chimpanzé qui meurt d'être seul m'a appris que « je » n'existe que si « tu » existe (le verbe existe est à la 3e personne du singulier dans les deux cas).[1]


A partir d'un certain niveau de complexité d'un discours, on peut se demander si la différence entre métalinguistique et non métalinguistique est simplement dichotomique, où s'il ne faut pas plutôt envisager la possibilité d'un nombre indéfini de lexiques utilisés concurremment. C'est le cas notamment dans les sciences humaines, lorsqu'on fait référence à un terme qui a des acceptions différentes selon les auteurs (on pourra dire : le terme n au sens de [l'auteur] X). On aboutit alors au concept d'espace de noms, utilisé notamment dans le langage informatique XML.


On parle aussi de négation métalinguistique lorsque la négation porte, non sur le dictum (ce qui est asserté), mais sur l'expression, les présupposés, etc. Exemples :

  • Jean n'a pas cessé de fumer : il n'a jamais fumé
  • Le directeur ne m'a pas demandé de sortir, il m'a fichu à la porte.


Le mot métalinguistique a pu avoir dans le passé (années 60) la même signification que celle de l'anglais metalinguistics, « étude des rapports entre le langage et toutes les caractéristiques psychologiques et culturelles des utilisateurs de ce langage » [2] (par exemple, étude de la relation entre la structure grammaticale d'une langue et la vision du monde propre aux locuteurs de cette langue). On voit que cette signification, aujourd'hui obsolète, est beaucoup plus large que la précédente ; on lui préfèrera le terme d'exolinguistique.

[modifier] Notes et références

  1. Boris Cyrulnik, Mémoire de singe et paroles d'homme, Hachette, 1983 (ISBN 2-01-278929-3)
  2. Jean-Michel Peterfalvi, Introduction à la psycholinguistique, PUF, 1970.