Wikipédia:Lumière sur/s:Patriotisme économique

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Le Chat noir, cabaret dont Allais est un habitué
(Lettre à Paul Déroulède) «[...] Vous devez bien comprendre, mon cher Paul, qu’avec le caractère ci-dessus décrit, j’ai la plus vive impatience de voir Français et Allemands se ruer, s’étriper, s’égueuler comme il sied à la dignité nationale de deux grands peuples voisins.

Il n’y a qu’une chose qui m’embête dans la guerre, c’est sa cherté vraiment incroyable. On n’a pas idée des milliards dépensés depuis vingt-cinq ans, à nourrir, à armer, à équiper les militaires, à construire des casernes, à blinder des forts, à brûler des poudres avec ou sans fumée. Tenez, moi qui vous parle, j’ai vu dernièrement, à Toulon, un canon de marine dont chaque coup représente la modique somme de 1,800 fr. (dix-huit cents francs). Il faut que le peuple français soit un miché bougrement sérieux pour se payer de pareils coups. Vous l’avouerai-je, mon cher Paul, ces dépenses me déchirent le cœur ! Pauvre France, j’aimerais tant la voir riche et victorieuse à la fois ! Et l’idée m’est venue d’utiliser la science moderne pour faire la guerre dans des conditions plus économiques. Pourquoi employer la poudre sans fumée, qui coûte un prix fou, quand on a le microbe pour rien ? Intelligent comme je vous sais, vous avez déjà compris. [...]»

Alphonse Allais, Deux et deux font cinq, « Patriotisme économique » (1895)

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