Lucien Herr

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Lucien Herr (1864, Altkirch, Haut-Rhin - 18 mai 1926) est un célèbre intellectuel et pionnier du socialisme français.

Sommaire

[modifier] Biographie

Entré à 20 ans à l'École normale supérieure, il est agrégé de philosophie en 1886. Il pose dès la fin de ses études sa candidature au poste de bibliothécaire de l'établissement, qu'il occupe de 1888 jusqu'à la fin de sa vie. Cette fonction emblématique dans l'établissement cadre bien avec cet homme qui passait pour avoir tout lu, tout retenu et connaissait sur chaque question, en chaque langue, le dernier ouvrage paru. Il la mit aussi à profit pour défendre ses idées socialistes et les Droits de l'homme, notamment auprès des nombreux élèves dont il guidait les recherches dans la bibliothèque.

Pacifiste, il était aussi un spécialiste de la culture germanique. Il sera très déçu du déclenchement du conflit en 1914.

Vers 1889, il rejoint le « parti possibiliste », la Fédération des travailleurs socialistes de Jean Allemane séduit par son action la défense de la République au cœur de son action (face au général Boulanger notamment) et sa revendication de la grève générale. C'est lui qui aurait « converti » Jean Jaurès au socialisme[1].

Lors de l’affaire Dreyfus, Herr réplique à Maurice Barrès dans La Revue blanche du 15 février 1898, et revendique sa qualité de « déraciné » (sa famille choisit de rester française après l'annexion de 1871) et organise la rencontre des intellectuels dreyfusards (Zola, Clemenceau, Jaurès, Lazare, Scheurer-Kestner et Péguy). Il lance une pétition en faveur du capitaine et devient un des fondateurs de la Ligue des droits de l'Homme, à laquelle il resta fidèle jusqu'à sa mort.

Il est cofondateur en 1904 du quotidien l’Humanité, dont il trouve le titre, et favorise par son intense travail militant au sein du « Groupe de l’unité socialiste » qui aboutit en avril 1905 au Congrès du Globe et à la création de la SFIO[2]. Au Congrès de Tours en 1920, il contribue à la rédaction du discours de Léon Blum, meurtri par la division d'un mouvement qu'il avait fortement contribuer à unir.

Après la Première Guerre mondiale, il contribue à renouer les relations intellectuelles avec les Allemands et, dès 1920, reçoit pour mission de négocier à Berlin le réapprovisionnement des bibliothèques de France.

Paul Étard lui succéda à son poste de bibliothécaire après sa mort à Paris en 1926.

Le fonds d'archives Lucien-Herr est consultable aux Archives d'histoire contemporaine, rattachées au Centre d'histoire de Sciences Po.

[modifier] Citations

  • « Il fut un des maîtres de notre jeunesse, certainement le plus pur et le plus ardent. » (Charles Péguy)
  • « En 1924, il y avait encore un homme : c'était Lucien Herr. Quand on voyait ce géant penché sur une colline de livres, ces yeux sans brouillard au pied d'un front bossué, d'une sévère falaise de pensées, lorsqu'on entendait sa voix qui ne mentait jamais énoncer des jugements qui ne voulaient que cette fin juste : rendre à chacun ce qui lui revient, on savait qu'il n'était pas périlleux de vivre dans cette demeure crasseuse. » (Paul Nizan, Aden Arabie)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Charles Andler, Vie de Lucien Herr, Rieder, 1932.
  • Charles Andler, " vie de Lucien Herr ", Réédition François Maspéro, 1977 (collection

Actes du peuple)

  • Anne Alter et Philippe Testard-Vaillant, Guide du Paris Savant, Belin, Paris.
  • Charles Andler, Lucien Herr, "Correspondance 1891 - 1926", Editions Rue d'Ulm, Paris 1992

[modifier] Sources

  1. Charles Andler, Vie de Lucien Herr, Rieder, 1932.
  2. Il y a 80 ans disparaissait Lucien HERR - Rénover maintenant
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