Lieu commun

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En rhétorique, les lieux communs, ou topoi en grec, sont un fond commun d'idées à la disposition de tous, et dont la valeur persuasive est traditionnellement reconnue parce qu'elles font partie des idées couramment admises par l'auditoire et peuvent ainsi renforcer son adhésion. L'orateur (mais aussi l'auteur d'écrits) peut, et même doit y recourir. Mais il lui faut trouver le moyen de les présenter d'une manière personnelle et appropriée à la situation, en se gardant d'en faire ressortir la seule banalité. Les lieux communs, loins d'être des affirmations méprisables, participent de la technique du discours et aident à l'invention (inventio).

Mais aujourd'hui, dans le langage courant, cette expression a pris le sens péjoratif d'idée reçue. On dira ainsi : « Ce discours est un tissu de lieux communs, aucune invention, rien de personnel ». Au sens péjoratif du terme, une assertion comme "Le risque zéro n'existe pas" est un lieu commun.

Pour Jacques Ellul, « disons que les lieux communs sont l'expression d'une idéologie, et peuvent être utile pour la discerner. [...] catalogue des illusions collectives, représentations inconsciemment faussées des autres, des adversaires, aussi bien qu'exaltation inconsciemment valorisée des idéaux que l'on prétend avoir. [...] Croyances collectives, reposant sur des présuppositions admises sans discussion, sans contestations possibles. Le lieu commun est vraiment commun parce qu'il ne supporte aucune discussion de base. [...] On le cite rarement, mais il est constamment présent, il est derrière les réflexions et les discours, il est derrière les conversations ». Toutefois l'erreur de Jacques Ellul est flagrante puisque celui-ci confond "lieu commun" et "idée reçue" alors que leur sens est distinct. Un lieu commun est un cliché, c'est a dire une formule usée mais que rien n'infirme ; tandis qu'une assertion qualifiée d'idée reçue est ainsi décrite comme fausse mais ancrée dans les esprits.

Dans la formulation de Marc Angenot, La parole pamphlétaire. Typologie des discours modernes (Paris: Payot, 1982), à la fois synthèse et application d'un retour à la conception aristotélicienne du topos, un topos serait « toute proposition première, irréductible logiquement à une autre, présupposée dans un énoncé persuasif ».


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