Lev Sedov

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Lev Lvovitch Sedov (aussi appelé Léon Sedov ; né à Saint-Pétersbourg le 24 février 1906, mort à Paris le 16 février 1938) était le fils de Léon Trotsky et l'un de ses principaux collaborateurs.

Sommaire

[modifier] Biographie

Lev Sedov est le troisième enfant de Léon Trotsky qui eut deux filles (Zinaïda et Nina) d’une précédente union. Sa mère est Natalia Sedova, militante du groupe de l’Iskra (« L’étincelle »), qui restera la compagne de Trotsky jusqu’à sa mort et dont elle aura un deuxième fils, Serioja (Serge), né deux ans après Lev.

Nourri au lait de la Révolution, de sa préparation, de son accomplissement et plus tard de sa défense, il partage dès l’enfance avec son jeune frère (ses sœurs aînées étant restées avec leur mère) les pérégrinations de ses parents, dues aux impératifs de la vie militante, des expulsions souvent, des internements parfois et des difficultés matérielles toujours. De ces résidences successives dans presque toutes les capitales d’Europe, il gardera la pratique de nombreuses langues, oubliant même le russe que ses parents lui réapprendront.

Il a donc onze ans au début de la Révolution d’Octobre et on peut penser qu'à égalité avec la personnalité et l’aura d'alors de son père, les relations familiales – les révolutionnaires de tous pays qu'il put fréquenter -, la période historique considérée façonnèrent sa conception du monde et ses engagements. Il s’engagera dès l’adolescence dans le mouvement de la jeunesse communiste (le Komsomol) n’hésitant pas à tricher sur son âge pour le faire.

Ce qui n’empêchera pas les conflits de génération propres à bien des familles puisqu’il quittera le domicile familial à dix-sept ans pour vivre dans une communauté de militants aussi jeunes que lui. Il entreprend des études d’ingénieur et se révèle un étudiant brillant. Il se marie avec une jeune ouvrière en 1925, Anna Metallikova, dont il aura un fils prénommé Lev lui aussi en 1926.

Dès 1923, il a commencé à militer aux côtés des oppositionnels à l’orientation bureaucratique prise par la direction du Parti dans une évolution et une logique parallèles à celle de son père plutôt que dans son sillage et en 1927, il est l’un des principaux dirigeants de l’Opposition unifiée dans les rangs du Komsomol.

Au moment de la déportation de Léon Trotsky en 1928, il fait le choix de le suivre et c’est à Alma-Ata qu’il devient véritablement le collaborateur de son père, prenant en charge l’organisation matérielle de la vie des déportés et surtout l’organisation des liens avec les autres militants exilés par Staline. C’est là qu’il rodera de manière efficace les méthodes de clandestinité imposées par les conditions de surveillance des déportés.

Trotsky banni d’URSS et exilé en Turquie en 1929, Lev le suit prenant en charge le Bulletin de l'Opposition qui pendant quelques années encore pourra franchir clandestinement les frontières et parvenir en URSS. La collaboration avec le père se poursuit malgré des difficultés relationnelles créées par le caractère très tranchant de Trotsky, les pressions morales, physiques et financières qui pèsent sur les exilés et des problèmes d’ordre privés où interviennent Jeanne Martin des Pallières, la nouvelle compagne de Sedov, et Zinaïda, fille aînée de Trotsky, qui commence à souffrir de graves problèmes psychologiques.

La clé de la situation internationale se trouvant alors en Allemagne, c’est à Berlin que part Sedov, assumant la direction politique de la section allemande, la rédaction et l’acheminement en URSS du Bulletin de l’Opposition et les soins à Zinaïda. Tout cela dans un contexte de montée du nazisme et d’hostilité menaçante des partisans de la direction du Parti. Ce n’est qu’une fois la victoire d’Hitler consommée qu’il se résoudra à quitter l’Allemagne pour Paris. Il y trouvera la section française des partisans de Trotsky en pleine querelle de personnes plutôt que de théorie. C’est d’ailleurs cette atmosphère délétère qui le poussait à faire confiance un peu trop facilement aux Russes et c’est à ce moment que se joint à lui, comme principal collaborateur et homme de confiance, Mark Zborowski (alias Etienne), agent des services secrets soviétiques et d’ailleurs dénoncé, ou du moins suspecté, comme tel par certains trotskystes français[1].

Le dernier – et colossal – travail militant de Sedov est l’organisation d’un véritable contre-procès de Moscou ; travail synthétisé dans Le livre rouge sur le procès de Moscou[2], livre qui, selon les mots de Pierre Broué, « reste le point de départ de toute critique solide du procès des Seize ». C’est à ce moment qu’il devient une cible pour les tueurs des services secrets soviétiques, désigné sous le nom du « Fiston » dans leurs rapports et qu’il échappe à une tentative, vraisemblablement d’enlèvement, du côté de Mulhouse.

A la mi-janvier 1938, il se plaint de violentes douleurs abdominales diagnostiquées comme un début d’appendicite. Le 8 février, une nouvelle crise le conduit à une hospitalisation dans une clinique parisienne tenue par un docteur russe et dont de nombreux membres du personnel sont russes, ce qui dans les conditions du milieu d’émigrés russes de l’époque est déjà une imprudence et, alors qu’il y est inscrit comme ingénieur français, il sera vu discutant en russe avec des infirmières et des docteurs. Alors que l’opération, une appendicectomie semble s’être déroulée normalement, il sera retrouvé délirant et divaguant dans les couloirs et manifestera des accès de fièvre soudains et inexpliqués. Une deuxième opération sera tentée à laquelle il ne survivra pas. Le débat n’est pas encore clos pour savoir qui de l’incompétence du chirurgien qui l’a opéré ou des services secrets soviétiques a tué Sedov ; l’ouverture des archives soviétiques montre que de nombreux agents se sont attribué le mérite de sa disparition, une autre certitude est qu’il était traqué de très près, et depuis des années, par les tueurs.

Il est enterré au cimetière parisien de Thiais.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Pierre Broué, Léon Sedov, fils de Trotsky, victime de Staline, Editions ouvrières, coll. « La Part des hommes », Paris, 1993 (ISBN 978-2708230224)
  • Gérard Rosenthal, Avocat de Trotsky, Robert Laffont, Paris, 1975

[modifier] Notes et références

  1. Gérard Rosenthal, Avocat de Trotsky, Robert Laffont, Paris, 1975, p. 261-273
  2. L. Sedov, Livre rouge sur le procès de Moscou, documents recueillis et rédigés par L. Sedov, Éditions populaires, Paris, 1936, 128 p.