Lettre sur l'humanisme

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"La lettre sur l'humanisme" est une œuvre assez courte et, au premier abord, "facile" en regard du corpus théorique heideggerien. Mais pour tenter d'accéder à sa complexité et à son importance majeure dans son parcours philosophique, il faut la lire, plus que pour tout autre écrit, à l'aune des circonstances de sa rédaction.

La Lettre est une réponse de Martin Heidegger à Jean Beaufret (son apologétique en France) et date de 1946. La question de Beaufret est la suivante: « Comment peut-t-on redonner du sens au mot humanisme? ». Dès les premières lignes du texte, on trouve ceci: « ne peut être accompli que ce qui est déjà ». Autrement dit, si l'on oublie que l'auteur qui a adhéré au parti nazi et ne s'en tient strictement qu'au niveau conceptuel, l'Holocauste est déjà là dans la nature des pratiques humaines possibles puisque le sujet du livre, Heidegger le précise dès le début, est le rapport de l'Agir à l'Etre : première phrase du texte, « Nous ne pensons pas encore de façon assez décisive l'essence de l'agir ».

Comme toujours, avant et après la grande barbarie nazie, de son œuvre matricielle Être et Temps, Heidegger ne se préoccupe que d'une chose: sa recherche au sens proustien, si l'on peut dire. Pas de morale, pas d'éthique.

Et malgré ça, ou grace à ça, il arrive à écrire ce texte qui avec la plus grande claivoyance fait entendre à l'homme tout le chemin qui lui reste à parcourir pour que l'Humanité s'incarne en s'appropriant du sens: "L'unique propos de Sein und Zeit est bien plutôt que les plus hautes déterminations humanistes de l'essence de l'homme n'expériment pas encore la dignité de l'homme" (p 75 de la Lettre).

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