L'Heptaméron

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L’Heptaméron

Illustration de L’Heptaméron

Auteur Marguerite de Navarre
Genre Nouvelle
Pays d’origine France
Lieu de parution Paris
Date de parution 1558
Illustration : Édition de 1880.

L’Heptaméron est un recueil inachevé de nouvelles écrites par Marguerite de Navarre.

Sommaire

[modifier] Avant-propos

Cette œuvre pose d’emblée des questions : la première concerne la date de sa composition. Œuvre de jeunesse commencée en 1516 ou œuvre tardive qui serait postérieure à 1545 ? Les réponses selon les auteurs divergent considérablement. Nicole Cazauran montre l’enjeu qui en découle : « On aimerait plus encore savoir si cette œuvre complexe résulte d’une lente élaboration et de multiples reprises au cours de toute une vie, ou si elle fut composée en peu d’années, avec une claire conscience du dessin de l’ensemble[1] »

Ensuite l’absence de manuscrit autographe et d’édition publiée de son vivant rend particulièrement difficile l’établissement précis d’un texte. Doit-on parler d’un Heptaméron des Nouvelles comme le propose Claude Gruget ou bien se fier aux paroles de Parlamente dans le Prologue : elle rappelle les Cent Nouvelles de Boccace et propose à la compagnie d’atteindre en dix jours la centaine.

Les deux premières éditions de Pierre Boaistuau (1558) et Claude Gruget (1559) sont peu fiables : ajouts, réorganisation, censure de propos jugés trop hardis. Comment est-il possible, dans ce contexte difficile, de se risquer à un examen minutieux de la syntaxe ?

Enfin, quel lien unit cette œuvre de fiction à la réalité historique ?

[modifier] Généralités

Il a pour modèle les dix journées du Décaméron de Boccace, texte traduit en France dès 1414.

Mais, interrompu en 1549 par la mort de Marguerite, l'ouvrage ne rassemble que 72 nouvelles se déroulant en sept journées. Comme dans l’ouvrage de Boccace, les nouvelles s’inscrivent dans une histoire-cadre. Dix voyageurs sont réunis dans une abbaye, alors qu’un violent orage a coupé toute communication. Pour passer le temps, cette société écoute des histoires vraies dans des registres divers. La réussite de cet ouvrage tient au fait qu’il privilégie aussi la conversation, car chaque nouvelle est suivie des commentaires tenus par l’ensemble des auditeurs.

[modifier] Les Devisants

Parmi les 10 devisants qui racontent les nouvelles, se trouvent 5 femmes : Parlamente, Oisille, Longarine, Ennasuite et Nomerfide et 5 hommes : Hircan, Géburon, Simontaut, Dagoucin et Saffredent.

[modifier] Analyse

Parlamente exprimerait la pensée de Marguerite. L’amour en est le sujet principal. Les narrateurs hommes exposant les tours que font les femmes (nouvelles 30, 35) et les narratrices accusant les hommes de déloyauté, il est difficile de dégager exactement la pensée de l’auteur. On a pu parler de féminisme, d’évangélisme, de néo-platonisme. Ces dimensions existent, mais la polyphonie semble rendre difficile l’appréciation. Michel Jeanneret a ainsi pu écrire : « L’indécidabilité ne tient pas seulement à la diversité des devisants, elle est aussi inscrite dans la multiplicité des faits, l’immense variété des phénomènes. Une histoire ne convainc pas ? On en raconte une autre, puis une autre, et qui chacune illustre une vérité différente, si bien qu’au lieu de se compléter, les nouvelles divergent ou se contredisent. On interroge inlassablement l’amour, on tourne autour du même objet, afin de construire une vision globale, mais aucune vue cohérente ne se dégage ; les constantes sur lesquelles on comptait pour établir des lois font défaut. L’événement particulier qui devait trouver sa place dans un ordre apparaît finalement irréductible, ni typique ni imitable ; il tombe en dehors des catégories épistémologiques et morales : il est extra-ordinaire »[2].

« Une femme belle honnête n’est pas moins vertueuse pour être aimée, par ainsi qu’elle ne face ne de choses qui soit contre son honneur » (Longarine dans la nouvelle 19)
« J’appelle parfaits amants, ceux qui cherchent en ce qu’ils aiment quelque perfection, soit beauté, bonté ou bonne grâce, toujours tendant à la vertu, et qui ont le cœur si haut et si honnête qu’ils ne veulent, pour mourir, mettre leur fin aux choses basses que l’honneur et la conscience réprouvent. » (Parlamente dans la nouvelle 19).

[modifier] Note

  1. Nicole Cazauran, L’Heptaméron de Marguerite de Navarre.
  2. Michel Jeanneret, Le Récit modulaire et la crise de l’interprétation, 1994.

[modifier] Bibliographie

  • Félix R. Atance, les Religieux de l’Heptaméron : Marguerite de Navarre et les novateurs, Archiv für Reformationsgeschichte, LXV, 1974
  • Robert Aulotte, Sur les devisants de l’Heptaméron, Cahiers UER Froissart, n°3, octobre 1978
  • Marcel Bataillon, Autour de l’Heptaméron ; à propos du livre de Lucien Febvre, La Nouvelle Française à la Renaissance, Genève-Paris, Slatkine, 1981
  • Michel Bideaux, L’Heptaméron de Marguerite de Navarre ; De l’enquête au débat, Éditions Interuniversitaires, 1991
  • Baldassare Castiglione, Le Livre du Courtisan, Paris, GF-Flammarion, 1991*
  • Nicole Cazauran, L’Heptaméron de Marguerite de Navarre, Paris, SEDES-CDU, 1976. ****
  • Nicole Cazauran, Les Devisants de l’Heptaméron et leurs nouvelles, R.H.L.F., octobre 1996
  • Nicole Cazauran, L’Heptméron et les origines du roman moderne, Information Littéraire, I, 1983
  • Betty J. Davis, The Storytellers in Marguerite de Navarre’s Heptaméron, French Forum Monographs IX, Lexington, 1978
  • Jean Dagens, Le Miroir des simples âmes et Marguerite de Navarre, Paris, PUF, 1963
  • Lucien Febvre, Autour de l’Heptaméron. Amour sacré, amour profane, Paris, Gallimard, 1944, 2° éd. 1971
  • Marie-Madeleine Fontaine, L’Espace fictif dans l’Heptaméron..., Motifs et Figures, Paris, PUF, 1974
  • Jean Frappier, Du Moyen-Age à la Renaissance, Paris, Champion, 1976
  • Krystina Kasprzyk, La Matière traditionnelle et sa fonction dans l’Heptaméron, Mélanges offerts à M. Brahmer, Warszawa, 1967
  • Krystina Kasprzyk, L’Amour dans l’Heptaméron. De l’idéal à la réalité, Mélanges offerts à R.Lebègue, Paris, Nizet, 1969
  • Kasimierz Kupisz, Autour de la technique de l’Heptaméron, La Nouvelle Française à la Renaissance, Genève-Paris, Slatkine, 1981

[modifier] Liens externes

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