L'Aigle à deux têtes (film, 1948)

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L'Aigle à deux têtes est un film français réalisé par Jean Cocteau et sorti en 1948.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Dans un pays indéterminé (mais il évoque l'Autriche époque décadente), la reine veuve s'est réfugiée dans ses appartements de son château de Krantz pour plusieurs raisons. Une lutte de pouvoir s'est engagée avec la grande-duchesse et elle résiste, cernée par des espions. De plus, sa vie est menacée. Précisément, l'anarchiste-poète Stanislas, pourchassé par les forces de police car voulant attenter à la vie de la souveraine, fait irruption chez elle en cherchant un refuge au hasard de sa fuite. Passé les premiers émois, Stanislas trouble la reine, car il ressemble étrangement à son défunt époux tandis que lui est surpris par cette jeune et belle souveraine qui ne ressemble pas à celle qu'on décrit (l'idée de Cocteau est de confronter « une reine d'esprit anarchiste et un anarchiste d'esprit royal »). Un amour fulgurant, intense et insensé va leur faire vivre trois jours passionnés dans un univers étouffant dont ils s'échapperont de la façon la plus tragiquement poétique (ou l'inverse).

[modifier] Commentaires

L'Aigle à deux têtes est avant tout une pièce de théâtre.

Son inspiration, Jean Cocteau la doit à un sombre épisode historique, reflet du réel : le souverain Louis II de Bavière (famille Wittelsbach), déclaré fou, étrangle son médecin près d'un lac avant de trouver la mort, mystérieusement noyé. Accident, évasion, suicide ? La disparition de l'Aigle reste encore une énigme ouverte. « J'ai pensé, en relisant quelques-uns de ces textes, qu'il serait intéressant et propice au grand jeu du théâtre, d'inventer un fait divers historique de cet ordre et d'écrire ensuite une pièce pour en dévoiler le secret. » (J. Cocteau, préface à L'Aigle à deux têtes).

Pour donner un style à la reine, Cocteau puisa sa force dans les vestiges de cette même famille Wittelsbach, et pris pour modèle sa cousine Élisabeth d'Autriche, assassinée par un anarchiste en 1898. Dans les Portraits littéraires de Rémy de Gourmont, il y découvre une reine qui possède « l'orgueil naïf, la grâce, le feu, le courage, l'élégance, le sens du destin » qu'il recherche pour transmettre le souffle de vie à sa propre héroïne.

Le 10 septembre 1898, elle est assassinée à Genève, en sortant de l’hôtel Beau Rivage, par un anarchiste italien, Luigi Luccheni (26 ans) qui veut à tout prix tuer un prince européen. L'anarchiste s'était mis en faction près de l'hôtel Beau Rivage où l'impératrice était descendue. À 13 h 35, celle-ci sort au bras de sa dame de compagnie. Passant près du jeune homme, l'impératrice reçoit ce qu'elle croit être un coup de poing et trébuche. Le meurtrier, qui vient de la poignarder au moyen d'une lime (exposée à Vienne dans un musée dédié à l'impératrice), s'échappe mais est interpelé quelques mètres plus loin. L'impératrice tient quand même à prendre le bateau, ce qu'elle fait avec peine, perdant connaissance une fois à bord. En ouvrant son corsage, sa dame de compagnie observe un infime point rouge au dessus du sein gauche. Ramenée dans ses appartements, elle décède dans les bras de Fanny Mayer, l'épouse du propriétaire de l'hôtel.

Luccheni, auteur du régicide, déclare sans l'ombre d'un remords : « je croyais avoir tué une heureuse du monde » — « Vous avez assassiné une désespérée », lui répondra le juge d'instruction. En effet, Élisabeth a vu disparaître les êtres qu'elle chérissait le plus. Son beau-frère, l'empereur du Mexique, Maximilien, est fusillé en 1867. La femme de ce dernier, Charlotte, devient folle. Louis II de Bavière se suicide. Puis c'est le suicide de son propre fils, Rodolphe, à Mayerling en 1889, qui la laissera dans un état désespéré. Mais la fatalité s'acharne, puisque sa propre sœur, Sophie-Charlotte, duchesse d'Alençon, périra un an avant elle le 4 mai 1897, brûlée vive dans l'incendie du Bazar de la Charité de Paris.

Il subsiste pas mal de questions autour de cette famille, les historiens n'ont pas encore toutes les réponses...

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

  • Jacqueline Marbaux : Une invitée
  • Édith Lansac : Une jeune fille
  • Germaine Lefebvre (Capucine) : La dame au buffet
  • Marguerite de Morlaye : Une vieille invitée
  • Claude Serre : Le fifre
  • Marion Tourès : Une jeune fille
  • Roger Vincent : Un invité
  • Watson : Un palefrenier
  • Gilles Watteaux : Un jeune chevau-léger
  • André Darnay
  • Edouard Dermit
  • Yves Massard
  • Victor Tabournot

[modifier] Liens externes