Léna

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Léna
Bassin versant de la Lena
Longueur 4 400 km
Débit moyen 16 300 m3.s-1
Surface du bassin 2 490 000 km2
Régime nival de plaine
Se jette dans la Mer de Laptev
Pays Russie
Cours d’eau - Hydrologie

La Léna (en russe : Ле́на) est un fleuve de Sibérie en Russie, le plus oriental des trois grands fleuves qui drainent cette région selon un axe sud-nord. Long de 4 400 km c'est le 7ème fleuve de la planète par la taille de son bassin versant (le 3ème russe derrière l'Ienisseï et l'Ob) et le 12ème pour son débit moyen (le 2ème russe derrière l'Ienisseï).

Sommaire

[modifier] Géographie

Le bassin versant de la Léna couvre environ 2 490 000 km² dont la majeure partie est située dans la république de Sakha ou Iakoutie (cours moyen et inférieur) et l'oblast d'Irkoutsk (cours supérieur). La Léna sépare le plateau de Sibérie centrale et la région plus montagneuse de la Sibérie orientale. La forêt couvre 84% de la surface du bassin : le mélèze domine mais on trouve également des pins et des bouleaux (moins de 10%).

[modifier] Le cours supérieur (de la source à la Vitim)

rive gauche de la Léna près de Iakoutsk
rive gauche de la Léna près de Iakoutsk
Le delta de la Lena vu par Landsat 2000
Le delta de la Lena vu par Landsat 2000

La Léna prend sa source dans les monts Baïkal à environ 12 km à l'ouest du lac Baïkal dans un lieu situé à une altitude de 1450 mètres situé dans une réserve naturelle de l'oblast d'Irkoutsk. Le fleuve coule d'abord vers l'ouest jusqu'à Katchoug puis vers le nord puis enfin le nord-est. A partir de la ville d'Oust-Kout, dotée d'un port fluvial (Ossétrovo) et d'une station ferroviaire sur le Baïkal Amour Magistral (BAM), elle devient navigable jusqu'à son embouchure sur plus de 3 500 km. Le cours de la Léna est à un moment parallèle à celui de la Toungouska inférieure (affluent de l'Ienisseï) qui s'en approche à quelques kilomètres. A partir de sa jonction avec la rivière Kirenga (660 m³/s) sa profondeur passe à près de 9 mètres. Sur tout son cours supérieur jusqu'à son confluent avec la Vitim, soit près de 1 480 km, la Léna traverse une zone de moyenne montagne dans une vallée encaissée dont la largeur varie de 1 à 10 km et son cours est parfois coupé parfois par des rapides.

[modifier] Le cours moyen (jusqu'à l'Aldan)

Le confluent avec la Vitim (2 200 m³/s), un de ses affluents majeurs, marque le début du cours moyen du fleuve long de 1 415 km. Passé le village de Prokovska, le fleuve s'élargit jusqu'à 1,6 km et ralentit tandis que la vallée atteint une largeur supérieure à 32 km à certains endroits. Les berges, plates et couvertes de forêts, sont étagées en terrasses sculptées par le fleuve. La Léna reçoit les eaux de l'Olekma (1950 m³/s) sur sa rive droite puis arrive à hauteur de Iakoutsk capitale de la république de Sakha et principale ville de la région. A 300 km en aval de la ville, le fleuve longe sur près de 80 km sur la rive les colonnes de la Léna, des roches calcaires sculptées, site naturel objectif d'excursions.

[modifier] Le cours inférieur (à partir de l'Aldan) et le delta de la Léna

Le confluent de la Léna avec l'Aldan (2 273 m³/s) sur sa rive droite marque le début du cours inférieur. La Léna pénètre alors dans la plaine de Iakoutie parsemée d'étangs et de marécages. Sur cette section la vallée a une largeur de 19 à 26 km et en période de crue le fleuve a une largeur de 6 à 14 km tandis que la profondeur du fleuve atteint 20 mètres. La Léna reçoit les eaux de la Viliouï (1480 m³/s) sur sa rive gauche. Son cours décrit un arc vers l'ouest pour contourner les Monts de Verkhoïansk qu'elle franchit dans une vallée étroite. Une fois passé cet obstacle, la Léna s'élargit à nouveau. La Léna se jette dans dans la mer de Laptev en formant le delta de la Léna qui s'avance de plus de 100 km dans la mer : le fleuve se ramifie en de nombreux bras parsemés de près de 1 500 îles [1], sur une largeur de 250 km et une superficie de 30 000 km² (plus vaste que le delta du Nil). Le bras Trofimov à l'est du delta est emprunté par 70% des eaux du fleuve. La navigation passe par le bras Olenek situé le plus à l'est. Le delta comporte une faune et une flore particulièrement riche compte-tenu de sa latitude élevée : une trentaine d'espèces de mammifères, une centaine d'espèces d'oiseaux qui nichent en été et de nombreux spécimens de flore arctique [2]. Une partie du delta est protégée par la Réserve naturelle de la Léna .

[modifier] Hydrologie

La région est caractérisée par un climat continental froid avec des températures hivernales moyennes comprises entre -30°C et -40°C (température record de -70°C). L'été la température moyenne s'étage entre 10 et 20°C. Les précipitations dans les zones de plaines et sur le delta sont faibles (de 100 à 400 mm). Dans les régions montagneuses en particulier sur le cours supérieur de la Léna, il tombe de 600 à 700 mm. L'essentiel des précipitations a lieu durant l'été.

La Léna a un régime nival de plaine[3] caractéristique des fleuves coulant à une lattitude élevée :

  • Le fleuve a une crue violente et brève vers mai-juin à la fonte des neiges dans les plaines et les montagnes
  • La variation du débit est très forte au cours de l'année : en hiver le gel de la surface du fleuve et la faiblesse des précipitations se conjuguent pour réduire le débit à quelques pourcents du débit de fin de printemps
  • Le débit peut varier très fortement d'une année sur l'autre en fonction de la quantité de neige tombée durant l'hiver.

Ce régime est accentué dans le cas de la Léna car presque tout son bassin se trouve dans la zone de pergélisol (80 à 90% de sa superficie [4]). le sol au-delà d'une certaine profondeur (1 à 4 mètres) est gelé en permanence et ne peut stocker l'eau durant le printemps pour la restituer en période de faible précipation.[5]

Le débit moyen est de 16 300 m³/s avec d'importantes variations entre l'hiver (janvier débit moyen avant le delta 3 000 m³/s) et la fin du printemps (60 000 m³/s). Du point de vue des contributions, le bassin de la Léna peut être subdivisé en 3 bassins : le bassin de la Léna supérieure (897 000 km²) qui occupe 37% de la surface et fournit 42% du débit, le bassin de l'Aldan (696 000 km²) qui occupe 28% de la surface et fournit 30 % du débit et le bassin de la Villiouï (452 000 km²) qui représente 18,6 % de la superficie du bassin et fournit 9% du débit.

La Léna est prise dans les glaces d'octobre à juin : son cours gelé devient alors une voie de communication essentielle car les conditions extrêmes qui règnent dans la région n'ont pas permis de créer de véritable réseau routier ni de réseau ferroviaire (une antenne du Transsibérien - le AIAM - s'arrête au sud d'Irkoutsk). Le dégel est souvent cataclysmique avec un débit qui peut monter jusqu'à 200 000 m³/s  : les eaux libérées peuvent être bloquées par des barrages de glaces (embâcles) situées en aval (donc plus au nord) entraînant des inondations catastrophiques. En 2001 l'abondance des précipitations a entrainé une inondation qui a pratiquement détruit la ville de Lensk[6] : les autorités ont du recourir à un bombardement aérien d'un bouchon créé par les glaçons pour limiter les dégats.

Diagramme : Débit moyen (m³/s) du fleuve calculé sur la période 1976-1994 avant le delta de la Léna[7]


[modifier] Les affluents

L'Amga affluent de l'Aldan
L'Amga affluent de l'Aldan

La Léna comprend depuis sa source plus de 2000 affluents. Les principaux affluents sont d'amont en aval (superficie du bassin versant, longueur, débit moyen) :

Rive gauche :
  • Kouta (12 500 km², 408 km)
  • Peledouï (14 300 km², 398 km)
  • Niouïa (36 100 km², 798 km)
  • Viliouï (454 000 km², 2 650 km, 1 480 m³/s)
    • Tchona (40 600 km², 802 km)
    • Tioung (49 800 km², 1 092 km)
    • Markha (99 000 km², 1 180 km 400 m³/s)
Rive droite :
  • Kirenga (46 600 km², 746 km, 660 m³/s)
  • Tchouïa (18 400 km², 512 km)
  • Vitim (225 000 km², 1 978 km, 2 200 m³/s)
    • Kalar (17 400 km², 511 km)
    • Tsipa (42 200 km², 692 km)
  • Olekma (210 000 km², 1 436 km, 1 950 m³/s)
    • Tchara (87 600 km², 851 km, 900 m³/s)
  • Aldan (729 000 km², 5 060 km, 2 273 m³/s)
    • Amga (69 300 km², 1 462 km, 178 m³/s)
    • Maïa (171 000 km², 1 053 km, 1 200 m³/s)
    • Outchour (113 000 km², 812 km, 1 350 m³/s)
      • Gonam (55 600 km², 686 km)

[modifier] Histoire

La majorité des chercheurs pensent que le nom du fleuve dérive de Elïou-Ene qui signifie dans la langue evenki "grand fleuve".

La région a été exploré par des détachements de cosaques mandatés par le tsar puis à compter du 18ème siècle par des expéditions de savants.

Iakoutsk a été fondé par un détachement de cosaques en 1632 sur la rive droite de la Léna. Dans les années 1940 la ville a été déménagé sur l'autre rive.

Le baron Edouard Toll, accompagné d'Alexandre de Bunge réalise en 1885, à la demande de l'Académie des sciences de Russie, une mission d'exploration dans le delta de la Léna et les îles de Nouvelle-Sibérie. Ils explorent le delta de la Léna et ses nombreux bras qui se déversent dans l'océan Arctique. Au printemps 1886 ils portent leur recherche vers la rivière Iana et ses affluents ainsi que les îles de Nouvelle-Sibérie. En une année, l'expédition parcoure 25 000 km dont 4 200 km en empruntant les voies d'eau tout en réalisant des relevés géodésiques.

Alors que Vladimir Ilitch Oulianov était déporté en Sibérie, au bord de la Léna, de 1897 à 1900, il prit pour pseudonyme Lénine, c'est-à-dire « l'homme de la Léna ».

[modifier] Economie

Iakoutsk principale ville sur la Léna
Iakoutsk principale ville sur la Léna

Les régions traversées par la Léna font partie des terres les moins peuplées de la planète : l'hostilité des conditions climatiques et l'éloignement des régions densément peuplées rendent la vie difficile et restreignent fortement le nombre d'activités viables. Le bassin fluvial compte une population totale de 2,3 millions d'habitants (moins d'un habitant au km²)[8], répartis de manière très inégale. Malgré la volonté de l'ancien gouvernement soviétique de mettre en valeur les énormes ressources naturelles de la région (charbon, diamant, or, uranium, énergie hydro-électrique), la présence d'habitants se limite à Irkoutsk, quelques villes minières ou à vocation logistique (port, gare) ainsi que des villages très dispersés de nomades yakoutes sédentarisés. Depuis le changement de régime, la désorganisation de l'économie et la réduction des incitations financières ont particulièrement touché la région qui a perdu une partie des habitants qui n'étaient pas de souche. Les principales agglomérations situées sur le fleuve sont :

Aucun pont ne traverse aujourd'hui le fleuve. Dans le cadre de la future desserte ferroviaire de Iakoutsk par un prolongement de la Magistrale Amour-Iakoutie, une des options de tracé nécessite la construction d'un pont au-dessus de la Léna au niveau de Iakoutsk ou un peu en aval. Mais le coût de cette construction (la Léna est très large, la débacle et le pergélisol nécessitent des dispositifs coûteux) font jusqu'à présent hésiter les décideurs. Le potentiel hydro-électrique est faiblement exploité. Il existe deux barrages sur l'ensemble du bassin versant dont le plus important est le barrage de Tchernichevski sur la Viliouï. La construction de ce dernier en 1967, qui a nécessité la réalisation d'un lac de retenue d'une superficie de 2 100 km² d'une capacité de stockage de 35,9 km², a donné lieu à un désastre écologique dont la rivière, 40 ans après, ne s'est toujours pas remise.

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. (de) La Léna hydrologie d'un fleuve arctique p.4
  2. Natural Heritage Fund (UNESCO)
  3. (fr) page 9
  4. (de) La Léna hydrologie d'un fleuve arctique p.3
  5. (de)page 6
  6. Compte rendu d'Act International page 3
  7. (en)[ http://www.r-arcticnet.sr.unh.edu/Points/P6343.html]
  8. [(de) http://www.hydrology.uni-kiel.de/lehre/seminar/ss06/ss06_jelinek_lena.pdf p.3]