Kamânche

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Le terme kamânche, kamancheh, kemânçe ou kemenche, kemençe et kemetzes (کمانچه - signifie "petit arc" en persan) désigne une famille d'instruments à cordes frottées du Moyen-Orient et des Balkans. Il s'agit de vièles rustiques de plusieurs types assez proches des diverses formes du rabâb (les termes étant parfois interchangeables) :

  • la vièle à pique avec caisse de résonance ronde et table en peau, d'origine iranienne ;
  • la famille des vièles en bois répandue dans le monde ottoman : kemençe ottomane ou politiki lyra, lyra crétoise, gadoulka bulgare, lyra pontique.

Leur origine remonte au moins au IXe siècle selon le kitah al-musiqi al-kabir de Farabi.


[modifier] Kamânche iranien

Joueuse de kamânche ; peinture du Palais Hasht-Behesht à Esfahan, 1669
Joueuse de kamânche ; peinture du Palais Hasht-Behesht à Esfahan, 1669

C'est la vièle à pique que l'on retrouve aussi en Azerbaïdjan, en Turquie (keman, kemançe, rebab, azeri kemençesi ou kabak kemane) et en Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan, sous le nom de ghaychak ou ghijak (à ne pas confondre avec le ghaychak iranien !) et au Turkestan chinois sous le nom d’aijeke.

[modifier] Lutherie

Le corps du kamânche consiste en un bâton qui traverse un petit corps rond fait en bois, en noix de coco ou en courge, agissant comme caisse de résonance, couvert d'une membrane fine en peau de mouton, de bœuf ou de poisson. Traditionnellement, les kamânches possèdent trois cordes de soie, cependant, les modèles modernes ont quatre cordes de métal, et les anciens en avaient deux de soie. À la base se trouve une pique permettant de supporter l'instrument pendant qu'on en joue (comme pour le violoncelle).

Les kamânches sont très ornementés, souvent avec des incrustations de nacre ou d'os et ils ont des chevilles en ivoire magnifiquement sculptées.

[modifier] Jeu

L'instrument est joué avec un archet à tension variable qui est tenu non pas par-dessus comme celui du violon, mais soutenu par en bas, la paume de la main visible. Le musicien est assis par terre (ou sur une chaise), la pique reposant sur le genou ou la cuisse.

À l'inverse du violon, ce n'est pas l'archet qui tourne sur le chevalet, mais c'est l'instrument qui tournant sur lui-même (grâce à la pique), met ainsi en contact les diverses cordes avec l'archet qui reste parfaitement perpendiculaire. C'est le seul instrument à cordes frottées de la musique classique perse et kurde, mais en Turquie, il a perdu son statut classique au profit du klâsik kemençe et il s'agit désormais d'un instrument folklorique ou mystique, joué dans les confréries soufies.

Lyra pontique
Lyra pontique

[modifier] Kemençe et lyra

Il s'agit de petites vièles sans pique rencontrées en Grèce et en Turquie avec un corps fondu dans la caisse de résonance. Datant du XIe siècle, elle est à l'origine du rebec. Elle peut s'écrire aussi lira, en Italie du Sud notamment (Calabre) ou lirija, voire lijera, en Croatie.

Elle n'a rien à voir avec la lira slave qui est une vielle à roue ni avec la sînekemanı qui est la viole d'amour employée précédemment dans la musique turque.

Il en existe deux variantes :

(A) en forme de poire :

  • klâsik kemençe, de la musique classique ottomane depuis le XIXe siècle (en turc anciennement armudî kemençe (piriforme) et fasıl kemençesi) à trois ou quatre cordes en boyau, dont une entourée de fil d'argent. Une famille en a été tirée (soprano, contralto, ténor, baryton et basse) mais vite abandonnée à part le soprano. Il semble avoir été dérivé de la lyra de Constantinople (politiki lyra) grecque, elle aussi piriforme avec la touche dans le prolongement de la table d'harmonie. La corde du milieu est plus longue que les autres. La gadoulka bulgare y est aussi apparentée.
  • lyra crétoise, piriforme elle aussi. La touche est surélevée, les cordes sont de même longueur.

(B) en forme de barque :

  • kemençe (en turc karadeniz kemençesi (kemençe de la mer Noire) ou tırnak ("ongle") kemençe) ou lyra du Pont (côte de la mer Noire en Anatolie), instrument emblématique du peuple laze de Turquie et des Grecs pontiques, pratiquée aussi en Grèce continentale suite à l'exil des Grecs de Turquie. Elle possède un corps oblong.


[modifier] Lutherie

La table d'harmonie est ici en bois de noyer, comme le reste de l'instrument long de 40 cm, très léger d'ailleurs. Deux ouïes y sont pratiquées. L'instrument est souvent taillé dans une seule pièce de bois massif évidée. Des décorations de marqueterie ou de bas-relief y sont parfois pratiquées. Une âme est placée sous le chevalet, à la manière de celle du violon. Elle est montée de trois cordes métalliques en général.

[modifier] Jeu

(A) et (B) : Une des particularités de cette famille d'instruments est la méthode de pression des cordes. Afin d'obtenir les variations nécessaires, les cordes ne sont pas pressées par en haut avec la pulpe des doigts, comme au violon, mais elles sont touchées de côté par les ongles qui glissent donc le long d'elles, comme au sarangi. L'instrument repose soit sur les genoux, soit sur la paume de la main gauche.

(B) Les cordes sont ici pressées sur la touche. Elle est traditionnellement jouée dans la région de Trébizonde. Les musiciens jouent souvent sur plusieurs cordes à la fois en utilisant certaines cordes comme bourdon.

Lyra pontique
Lyra pontique

La lyra crétoise forme souvent un duo avec le luth laouto. Parmi les interprètes grecs ont peut citer Thanasis Skordalos, Psarantonis et le crétois d'adoption Ross Daly.

Lyra pontique
Lyra pontique
Kemençe ottoman/Politiki lyra
Kemençe ottoman/Politiki lyra


Joueur de lyra crétoise
Joueur de lyra crétoise

[modifier] Références et Liens externes

Extraits musicaux