Jin Jing

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jin Jing est un nom chinois, coréen, khmer ou vietnamien ; le nom de famille, Jin, précède donc le prénom.

Jin Jing (chinois : 金晶 ; en romanisation wu : Cin cin avec IPA: tɕin-tɕin), née à Hefei en 1981, est une escrimeuse en fauteuil roulant chinoise[1].

Jin fut amputée d'une partie de la jambe droite en 1989, suite à une tumeur maligne. Elle devint membre de l'équipe d'escrime en fauteuil roulant de Shanghai en 2001, puis de l'équipe nationale chinoise en 2006[2].

Sommaire

[modifier] Carrière

Jin remporta deux médailles (une d'argent et une de bronze) aux Jeux d'Extrême-Orient et du Pacifique Sud (pour athlètes handicapés), à Busan, en 2002[3]. Elle a également remporté une médaille de bronze aux Jeux internationaux pour athlètes en chaise roulante, tenus à Christchurch en 2003[4].

[modifier] Événements liés au relais de la flamme olympique en 2008

Le 7 avril 2008, Jin Jing était la troisième personne à transporter la torche olympique durant le relais de Paris, où était présents plusieurs manifestants en faveur des droits de l'homme et du Tibet[5]. Selon ABC News, « des manifestants dénoncant l'action de la Chine au Tibet se sont jettés sur Jin. La plupart ont été repoussés par la police, mais au moins un a atteint le fauteuil roulant de Jin et a essayé de lui arracher la torche. »[source manquante] Le président du Comité international olympique Jacques Rogge a commenté l'incident: « Ce qui m'a le plus choqué est que quelqu'un a essayé de voler la torche à une athlète en fauteuil roulant, une athlète handicapée qui était incapable de défendre la torche. Ceci est inacceptable. »[source manquante]

Suite à l'incident, Jin a été acclamée dans les médias chinois. Ces derniers lui ont consacré plusieurs articles, louant son courage face à son agresseur tibétain[6],[7],[8]. Le comité chinois d'organisation du relais de la torche a lui aussi consacré de nombreux articles à Jin, et l'a décrite comme un « héros »[9] et un « ange ». Les médias chinois affirmèrent par la suite que Jin avait « protégé la torche face aux séparatistes » tibétains, qu’elle était, ce faisant, « entrée dans les cœurs de millions de Chinois », et qu’elle avait été accueillie « en héros » lors de son retour en Chine.[10],[11],[12].Pour le journal China Daily, contrôlé par l'État, Jin est un « héros national », désormais « connue et aimée par plus d’un milliard de personnes ».[13] Aux yeux des Internautes chinois, affirme la Télévision centrale de Chine (CCTV), Jin est devenue « l’ange souriant en fauteuil roulant »[14]. Xinhua, agence de presse du gouvernement chinois, demande à ses lecteurs: « Attaquer une femme handicapée, est-ce un ‘droit de l’Homme’ ? »[15], tandis que Jin est sollicitée en Chine pour des interviews[16] et des apparitions dans des émissions télévisées[17].

Dès le 11 avril, la presse française rapporte que les médias chinois « encensent [Jin] depuis une semaine »[18], qu'elle « est désormais connue de tous les Chinois »[19], et qu'elle est devenue « une héroïne et un symbole de patriotisme dans son pays ».[20] Selon le journal britannique The Guardian elle est devenue une « célébrité nationale » et de nombreux Chinois ont fait d'elle « l’incarnation d’une indignation nationaliste à l’encontre des critiques occidentales »[21].

Le 21 avril, dans un contexte de manifestations anti-françaises en Chine, le président français Nicolas Sarkozy écrit une lettre à Jin, pour lui « dire toute [son] émotion pour la façon dont [elle a] été bousculée » à Paris, et louer son « courage remarquable ». Sarkozy propose à Jin de revenir en France comme son « invitée personnelle, et celle du peuple de France ». La lettre et l'invitation lui sont remises en personne par le président du Sénat, Christian Poncelet.[22][23][24][25][26] Xinhua a rapporté que Jin était "très heureuse d'être invitée en France par le Président Sarkozy et qu'elle "espérait contribuer à l'amélioration des relations sino-française.[27] Néanmoins, Jin a aussi exprimé sa déception du fait que Sarkozy a "exprimé son reget, sa stupeur et sa condamnation, mais n'a offert aucune excuse". [28]

Différentes analyses ont été faites sur la montée en popularité de Jin Jing. Pour le journal canadien The Globe and Mail Jin est devenue l'« icône » rêvée pour la propagande étatique chinoise, « l’image de tout ce que les Chinois souhaitent croire au sujet de l’innocence de leur pays, ainsi que la traîtrise et la lâcheté de l’Occident »[29]. De son côté, le magazine français Marianne s'est interrogé: Où étaient les gardiens chinois de la flamme au moment où Jin portait la torche? Pour Marianne, Jin a été instrumentalisée par les médias chinois en « médaille d’or de la guerre des images ».[30] « Les images de Jin Jing tenant la torche contre son cœur avec son beau visage aux yeux fermés passent en boucle sur les chaînes de la CCTV et enflamment l’Internet chinois. » Elle devient une « légende » pour « des centaines de millions de téléspectateurs et d’internautes chinois ».[31] Le journal français Le Figaro propose une analyse de « l'ampleur qu'à atteint le culte de Jin Jing » : « [L]es médias martèlent l'histoire de cette jeune fille devenue, l'espace d'un incident à Paris, le parangon de la fierté chinoise face à l'hostilité occidentale. L'action de la presse a porté ses fruits, et 'l'ange en fauteuil roulant' connaît en Chine et dans les communautés chinoises du monde entier un engouement sans précédent. »[32]

Au même moment, alors que des nationalistes chinois ont réagit vivement à l'expérience subie par Jin et ont appelé au boycott contre Carrefour, Jin s'est opposé à ces appels, et a fait remarquer que la plupart des employés de Carrefour en Chine sont Chinois[33]. Sur Internet, selon un correspondant du journal français Le Monde, des nationalistes chinois la qualifient désormais de « traîtresse » et ont publié de nombreuses « insultes très haineuses »à son encontre sur des forums de discussion chinois.[34][35]. Un article du journal allemand Süddeutsche Zeitung est consacré à ce revirement, et écrit : « Hier encore un héro national, aujourd’hui déjà une traîtresse ».[36]

Le 6 mai 2008, Jin Jing a été nommée ambassadrice du groupe d'acclamation des Jeux Paralympiques qui auront lieu à Beijing en septembre 2008.[37]

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. (fr) « Paris : la Flamme a trouvé son ange gardien », site officiel du relais de la torche olympique, 8 avril 2008.
  2. (zh) « 残疾人火炬手金晶用残缺身体保护奥运圣火顺利传递(多图) », site officiel du relais de la torche olympique, 8 avril 2008
  3. (en) "Handicapped Jin receives hero's welcome for protecting Olympic torch in Paris", op. cit.
  4. (zh) "残疾人火炬手金晶用残缺身体保护奥运圣火顺利传递", site officiel du relais de la torche olympique, 8 avril 2008.
  5. (en) "Torchbearer exhibits courage in Paris", ibid.
  6. (en) « Handicapped Jin receives hero's welcome for protecting Olympic torch in Paris », Xinhua, 10 avril 2008.
  7. (en) "Touche: Assailant meets match", Lydia Chen, Shanghai Daily, 9 avril 2008
  8. (en) "Handicapped girl wins respect for protecting sacred flame", CCTV, 10 avril 2008
  9. (en) "Photos: Heroic torchbearer Jin Jing back in Beijing", site web officiel du relais de la torche, 9 avril 2008
  10. (en) "Handicapped Jin receives hero's welcome for protecting Olympic torch in Paris", Xinhua, 10 avril 2008
  11. (en) "Touche: Assailant meets match", Lydia Chen, Shanghai Daily, 9 avril 2008
  12. (en) "Handicapped girl wins respect for protecting sacred flame", CCTV, 10 avril 2008
  13. (en) "Golden girl lifts a nation", Liu Wei, China Daily, 14 avril 2008
  14. (en) "Handicapped girl wins respect for protecting sacred flame", CCTV, 10 avril 2008
  15. (en) "Commentary: A 'human right' to attack handicapped woman?", Xinhua, 12 avril 2008
  16. (en) "Interview with torchbearer Jin Jing", site officiel du relais de la torche olympique, 10 avril 2008
  17. (fr) "Jin Jing présente Waltz sur le fauteuil roulant", Le Quotidien du peuple, 16 avril 2008
  18. (fr) « La relayeuse qui ravive le patriotisme chinois », Libération, 15 avril 2008
  19. (fr) "Flamme olympique : la campagne antifrançaise s'accentue en Chine", Le Monde, 15 avril 2008
  20. (fr) "JO: Jin Jing, porteuse de flamme handicapée et héroïne chinoise", L'Express, 11 avril 2008
  21. (en) "China rages over attack on disabled torch bearer", Emma Graham-Harrison, The Guardian, 11 avril 2008.
  22. (fr) "Nicolas Sarkozy écrit à Jin Jing", site web de l'ambassade de France en Chine
  23. (fr) "«Chère mademoiselle Jin Jing, je voudrais vous dire toute mon émotion...»", Libération, 21 avril 2008 : texte complet de la lettre du Président Sarkozy à Jin
  24. (fr) "Sarkozy invite Jin Jing, malmenée lors du passage de la flamme", L'Express, 21 avril 2008
  25. (fr) "L'étrange histoire du «phénomène Jin Jing»", Le Figaro, 21 avril 2008
  26. (en) "Sarkozy tries to mend China ties", BBC, 21 avril 2008
  27. "French Senate President conveys Sarkozy's sympathy note to Chinese torch bearer", Xinhua, April 21, 2008
  28. (en) "Sarkozy writes to Chinese torch-bearer", www.dw-world.de, 22 avril 2008
  29. (en) "China spins protests abroad to buttress support at home", Geoffrey York, The Globe & Mail, 12 avril 2008
  30. Jean-Pierre Raffarin et Bernard Arnault, les nouveaux prochinois
  31. (fr) "Jin Jing, la handicapée médaille d'or de la guerre des images", Marianne, 26 avril 2008, p.22
  32. (fr) "L'étrange histoire du «phénomène Jin Jing»", Le Figaro, 21 avril 2008
  33. (zh)张宴飞, « "金晶:家乐福还有很多中国员工图" », 18 avril 2008, www.eastday.com. Consulté le 2008-04-21
  34. (fr) "La lettre de M. Sarkozy à l'athlète Jin Jing vise à apaiser la colère chinoise", Le Monde, 21 avril 2008
  35. (en)"Hero to Traitor: The Difference a Day Makes", China Digital Times, 19 avril 2008
  36. (de)"China vor den Olympischen Spielen. Der Hass trifft selbst die Helden", Süddeutsche Zeitung, 18 avril 2008
  37. (fr)"Jin Jing devient ambassadrice du groupe d'acclamation des Paralympiques", Xinhua, 7 mai2008
Autres langues