Jimmy Corrigan, the Smartest Kid on Earth

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Jimmy Corrigan, the Smartest Kid on Earth (Jimmy Corrigan, le gamin le plus intelligent du monde) est un roman graphique américain de Chris Ware.

D'abord publié au fil des années 1990 par un petit hebdomadaire de Chicago, puis plus largement par l'éditeur Fantagraphics Books sous forme de série, Jimmy Corrigan est ensuite édité d'un seul tenant en 2000 par Pantheon Books (puis par Delcourt en France).

Jimmy Corrigan reçoit un accueil critique enthousiaste aux États-Unis mais aussi à travers le monde, comme le montrent les nombreuses récompenses qui lui sont décernées : il est le seul ouvrage à avoir reçu à Angoulême les prestigieux Alph'Art du meilleur album en même temps que le Prix de la critique en 2003, ainsi que le prix du Premier Livre du journal britannique The Guardian en 2001.

[modifier] Analyse

Chris Ware suit le parcours de son personnage qui, à la veille de la fête familiale de Thanksgiving, reçoit une invitation de son père à venir lui rendre visite. Or ce père a toujours été absent, et remplacé dans la vie de Jimmy par une mère possessive et envahissante. Cette invitation constitue donc un choc pour Jimmy, qui sera suivi d'autres chocs alors qu'il découvre peu à peu son histoire familiale.

Le travail de l'auteur entrelace l'étude psychologique de ce personnage oscillant entre la dépression et le fantasme, et l'analyse socio-historique de sa famille. En remontant les générations, Chris Ware retrace l'histoire de ces descendants d'immigrants irlandais, confrontés aux dures réalités économiques, aux deuils, à la violence parfois, et il focalise surtout son regard sur la façon dont les enfants, génération après génération, voient et subissent le monde qui les entoure. Rien n'est compréhensible au premier regard : pour le lecteur comme pour les protagonistes, l'histoire est faite de vides qui se comblent peu à peu, de liens qui s'expliquent ou se tissent à retardement, et pas toujours de façon satisfaisante.

L'œuvre de Chris Ware, au final, éblouit par la complexité et la finesse de sa construction, autant que par son acuité psychologique. Graphiquement, Jimmy Corrigan est extrêmement achevé, très précis, avec en particulier un extraordinaire travail de colorisation mis en valeur par la clarté du trait. On retrouve dans la construction des planches la complexité des liens familiaux et des méandres psychologiques décrits plus hauts : là non plus, rien n'est acquis ni stable, et les conventions du genre sont fréquemment remises en question. De même, la variété des choix typographiques fait écho aux différentes époques que traverse la narration.

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