Jacques Faitlovitch

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jacques (Ya'acov) Faitlovitch (1881-1955) est un orientaliste et un activiste juif, qui a consacré sa vie à la reconnaissance des Falashas (ou Beta Israel) éthiopiens en tant que Juifs.

Il est né à Lodz, en Pologne. Il fait des études à Paris, ou il étudie les langues orientales, entre autre avec Joseph Halévy, lequel enseigne les langues éthiopiennes.

sous l'influence de ce dernier, premier Juif occidental à les avoir renontré en 1867-1868, il s'intéresse à la situation des Falashas.

Grâce à l'aide financière du philanthrope Juif français, le baron Edmond de Rothschild, Faitlovitch entreprend un premier voyage de 18 mois en Éthiopie en 1904, qu'il consacre à l'étude de la langue et de la culture Beta Israel.

Convaincue que les Falashas sont vraiment Juifs, Faitlovitch revient en Europe en 1905 avec deux jeunes Falashas, dont Taamrat Emmanuel, qui deviendra un des premiers éthiopiens à être éduqué à l'occidental. Ce dernier étudiera dans plusieurs institutions juives, dont le séminaire de Florence pendant 7 années. Il sera à partir des années 1930 un conseiller du Negus Hailé Sélassié et un dirigeant Juif éthiopien de premier plan.

Quand il les rencontre, les Falashas sont une population marginalisée et pauvre, en but à un ostracisme social très fort, et sous la pression religieuse de la London Society for Promoting Christianity Among the Jews, qui tente de les convertir.

Suite à son voyage, Faitlovitch mène une intense activité, avec trois objectifs :

  • faire reconnaître les Beta Israel comme Juifs ;
  • faire accepter aux Beta Israel leur appartenance au peuple juif ;
  • « réformer » leur pratique religieuse pour la rapprocher du judaïsme orthodoxe. Il entend en particulier lutter contre les moines (institution sans doute emprunté aux chrétiens d'Éthiopie), les strictes règles de pureté et les sacrifices d’animaux (coutume biblique abandonnée par le Judaïsme rabbinique). A ce titre, Faitlovitch va dans le même sens que les missionnaires protestants, même si l'objectif final n'est pas le même, ce qui lui vaudra d'ailleurs certains heurts avec Taamrat Emmanuel.

Ces objectifs ne vont pas d'eux-mêmes. En effet, si les Beta Israel suivent le Pentateuque et se considèrent comme descendants des Hébreux, il existe de substantielles différences entre les pratiques religieuses des deux groupes, et le terme « juif » n'est alors pas utilisé par les Beta Israel. Au XIXe siècle siècle et pendant une bonne partie du XXe siècle, les différences de couleur de peau ont aussi été perçues comme porteuses de différences fondamentales.

Dans la première moitié du XXe siècle, Faitlovitch créé un comité international en faveur des Beta Israel, popularise leur existence grâce a son livre Notes de voyage chez les Falashas, et collecte des fonds qui lui permettent d’implanter des écoles dans leurs villages, à partir de 1910.

Il encourage aussi la formation d'une élite Beta Israel (numériquement peu nombreuse) dans des institutions juives occidentales sympathisantes. Cette élite jouera un rôle important, une fois rentrée au pays, pour rattacher les Beta Israel au judaïsme orthodoxe (introduction de l'étoile de David, de certaines fêtes juives, acceptation par les Beta Israel de leur appartenance au peuple juif)[1]. Une certaine « modernisation » culturelle en découle, encore qu'elle ne soit pas seulement liée à l'influence des communautés juives extérieures, mais aussi aux efforts des différents gouvernements éthiopiens. L'excision des femmes, assez répandue dans la Corne de l'Afrique, aurait ainsi quasiment disparue des communautés Beta Israël au début des années 1980[2].

La question des la judaïté des Beta Israel est reçue avec une certaine sympathie au sein du judaïsme occidental dans l'entre-deux guerres. Le congrès juif mondial ou le joint[3] ont ainsi des actions en faveur des falashas. Le rav kook, père spirituel du courant sioniste religieux et grand rabbin de Palestine, les reconnaient comme juifs en 1921[4]

Après la création d'Israël, le nouvel État hébreu décide de ne pas reconnaitre la Judaïté des Falashas, mais maintien des liens avec ceux-ci (à travers un réseau scolaire, en particulier), entre autre sous l'influence de Failtlovitch, qui s'est installé en Israël. Il y meurt en 1955. En 1958, l'état d'Israël se désengage des écoles juives en Éthiopie. Il faudra attendre 1973-1975 pour que les Falashas soient reconnus comme Juifs par l'état hébreu, et commencent leur immigration en Israël.

[modifier] Liens

[modifier] Notes et références

  1. Les enfants de la reine de Saba, PP. 80-82.
  2. Les enfants de la reine de Saba, PP. 160-163.
  3. American Jewish Joint Distribution Committee
  4. Voir son livre Igrot Hareiya ou Igerot Reyiah, partie 2, publié pour la première fois en 1923.
Autres langues