Jacob Rodrigue Péreire

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Jacob Rodrigue Péreire ( parfois nommé Rodrigues Pereira )(11 avril 1715 - 15 septembre 1780) est en France un des précurseurs de l'éducation des sourds et de l'orthophonie. Savant reconnu et polyglotte, il mena aussi une action politique pour défendre les droits de la communauté des juifs "portugais".

Sommaire

[modifier] Eléments biographiques

Né en Espagne, à Berlanga, en 1715, d’une famille marrane, baptisé sous le nom de Francisco-Antonio Rodriguez, il est le fils d'Abigaïl Rivka Rodriguès et d'Abraham Rodriguès Péreyra, commerçant, né à Chacim, au Portugal, une localité proche de Bragance, un des grands centres du crypto-judaïsme. En 1698, Abraham s'installe en Espagne. Ses filles (deux au moins) ainsi que deux fils : Jacob et son frère cadet David, viennent se fixer en France avec leur mère. La communauté juive de Bordeaux est à l’époque déjà suffisamment structurée pour attirer les Marranes qui veulent fuir le Portugal et faire un retour au Judaïsme. Jacob Rodrigue Péreire est circoncis à l’âge de vingt-six ans le 8 novembre 1741. Dès 1734, Péreire se documente sur les méthodes d’éducation des sourds-muets. C’est sans doute pendant sa période bordelaise (de 1741 à 1746) que Péreire apprend l’hébreu. Il quitte Bordeaux en 1746 pour suivre au Collège de Beaumont en Auge, près de Caen, le second élève sourd-muet dont on lui confie la rééducation, le jeune d’Etavigny. Il s’y installe en Juillet 1746, et y restera trois années, coupées par plusieurs séjours à Paris. C’est en avril 1749 qu’il se fixe définitivement à Paris avec son élève. Son domicile sert de pension pour le jeune d’Étavigny et pour les autres élèves sourds-muets qui lui seront confiés dans les années suivantes. Péreire habite ensuite la capitale de manière ininterrompue. Le 5 novembre 1766, il épouse à Bordeaux une jeune fille portugaise de trente ans plus jeune que lui. Ils eurent six enfants dont quatre moururent en bas âge. Il décède le 15 septembre 1780.

[modifier] L'oeuvre de Péreire

Péreire privilégie la démutisation, la lecture sur les lèvres, l'apprentissage précoce de la lecture et utilise une dactylologie adaptée à la langue française, inspirée de l'alphabet manuel de Juan de Pablo Bonet. Il fait l'objet d'attaques anonymes de l'abbé Charles-Michel de L'Épée, , qui cherche lui aussi une reconnaissance institutionnelle dans le domaine de l'éducation des sourds. L’oeuvre de Péreire ne se limite pas à ce seul domaine. Ses connaissances en physique et en mathématiques lui valent des honneurs et l’amitié des plus grands savants de son temps : Buffon qui le cite dans son Histoire Naturelle, Réaumur et La Condamine. Ses connaissances linguistiques lui valent l’estime de Bougainville qui lui confiera l’observation et la description de la langue du Tahitien Aotourou. Il manie parfaitement le portugais, le français, l’italien et l’hébreu. Il traduit en français plusieurs prières composées par le rabbin de Bordeaux pour des circonstances concernant la famille royale : maladie du roi, de la reine ou du dauphin. Les qualités de Péreire comme traducteur sont remarquées, et en 1765, il reçoit officiellement de Louis XV le titre de : « Interprète de sa majesté pour les langues espagnole et portugaise ». On lui doit l’édition, en 1765 et 1776, de toutes les lettres patentes qui, depuis Henri Il jusqu’à Louis XVI, ont concerné et protégé les juifs portugais.

[modifier] Les deux premiers sourds éduqués par Péreire : Aaron Beaumarin et M. d’Azy d’Etavigny

Aaron Beaumarin, sourd-muet de naissance, né vers 1732, fut présenté à l’Académie de La Rochelle, début 1745. Afin de faire constater l’efficacité de sa méthode, il fit dresser devant des notaires rochelais un acte constatant l’infirmité de naissance de son élève. Le second fit l’objet d’un Mémoire présenté à Paris, à l’Académie des Sciences à la séance le 11 juin 1749.

[modifier] Bibliographie

  • L’Épée, Ch.M. de, 1784, La véritable manière d’instruire les sourds et muets confirmée par une longue expérience – réédition, 1984, collection « Corpus des oeuvres philosophiques en langue française », Paris, Fayard.
  • Séguin E., 1847, Jacob-Rodrigues Péreire, Premier Instituteur des Sourds et Muets de France(1744-1780), Pensionnaire et Interprète du Roi, Membre de la Société Royale de Londres, etc., Notice sur sa vie et ses travaux et Analyse raisonnée de sa méthode, précédés de l’éloge de cette méthode par Buffon, Paris, J.-B. Baillère.[1]
  • Brauner, A., 1980, Numéro spécial : E. Seguin 1812-1880, J.-R. Pereire 1715 1780, Rééducation Orthophonique, 18, 115.
  • Néher-Bernheim R., 1981, Un pionnier dans l’art de faire parler les sourds-muets : Jacob Rodrigue Péreire, Juifs et judaïsme, ""Revue Dix-huitième Siècle"", 13, 47-61.
  • Néher-Bernheim R., 1983, Un savant juif engagé : Jacob Rodrigue Péreire (1715-1780), Revue des études juives, CXLII, 1983, 3-4, 373-451.
  • Presneau J.-R., 1998, Signes et institutions des sourds XVIIe-XIXe siècle, Seyssel, Champ Vallon.
  • Héral O., éd., 2002, Jacob Rodrigue Péreire (1715 – 1780), précurseur méconnu du Siècle des Lumières, hors série Histoire de l’orthophonie en France, Rééducation Orthophonique, 40, Hors Série
  • Héral O ; 2007, Orthophonie avant l'orthophonie, Isbergues, Orho-Edition. [2]

[modifier] Voir aussi