Hyperpuissance (politique)

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Hyperpuissance est un concept politique de 1999, utilisé par le ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine au sujet des États-Unis de la fin du XXe siècle.

Elle désigne la dominance dans tous les domaines (politique/diplomatie, militaire, économie/finance, culture/média).

Le premier à avoir évoqué ceci est Zbignew Brzezinski dans Le Grand Échiquier : l'Amérique et le reste du monde, où il décrit les États-Unis comme la seule puissance à avoir la suprématie simultanée dans les quatre domaines-clés : militaire, économique, technologique et culturel.

Sommaire

[modifier] Genèse du concept

Que ce soit à l’époque de la Rome antique, de l’Empire marchand Britannique ou encore l’Empire américain d’aujourd’hui, la puissance des États ont toujours constitué un point de comparaison, un point de référence pour les situer dans le système mondial. Les États-Unis qui ont longtemps vacillé entre isolationnisme et interventionnisme se trouvent aujourd’hui être la première puissance extra européenne. «Il aura fallu moins d’un siècle aux États-Unis, dont le rayonnement était cantonné à l’hémisphère occidental pour se transformer – sous la dynamique des relations internationales – en une puissance dont le poids et la capacité d’intervention sont sans précédents .» Dans le cadre moderne, cette puissance américaine a émergé et a pris sa pleine forme lors de la perte d’un acteur majeur qui servait de frein à cette force tentaculaire : l’Union soviétique.

La dissolution de la puissance soviétique a mis fin au système bipolaire. Raymond Aron définit le système bipolaire comme étant «une configuration du rapport de force telle que la plupart des unités politiques se groupent autour de deux d’entre elles dont les forces surclassent celle des autres (…) Les chefs des coalitions doivent veiller simultanément à prévenir la croissance de l’Autre grand .» Durant cette période de guerre dite froide, l’Amérique et l’URSS, notamment par leur puissance nucléaire, se dissuadaient d’intervenir directement. Hormis quelques rixes, par interposition, la période de guerre froide s’est déroulée sans grand conflit entre les États-Unis et l’URSS. Suivant cette période un nouvel ordre a émergé. Accompagné de la mondialisation et de la déconfiture du bloc soviétique, l’Amérique se voyait instituée de nouveaux pouvoirs et d’une puissance inouïe.

[modifier] Qu’est ce que la puissance ?

Joseph Nye définit la puissance comme la capacité de faire faire aux autres ce qu’ils ne voudraient pas faire dans un premier temps [1]. Cette habileté de contrôler est souvent associée à la possession de ressources. Pour Raymond Aron, la définition est plus circonstancielle. Premièrement, Aron distingue deux types de puissance. La puissance défensive est la capacité d’un État de ne pas se faire imposer les désirs par un autre État. Deuxièmement, il y a la puissance offensive, la puissance offensive reprend la définition de Nye, qui se définit par la capacité d’imposer aux autres sa volonté. Hans Morgenthau a la même définition décrivant le pouvoir d’une nation comme le pouvoir d’un État de faire faire des actions contre la volonté d’un autre État.

[modifier] En quoi consiste cette puissance – les éléments de cette puissance

Les auteurs proposent différentes visions pour définir la puissance de l’État. Morgenthau définit la puissance de l’État en plusieurs points : la géographie, les ressources naturelles, la capacité industrielle, l’état de préparation militaire, la population, le caractère national, le moral national et l’efficacité de la diplomatie. Cependant Raymond Aron s’oppose à cette proposition. Il juge que cette proposition est incomplète voire même boiteuse. Aron affirme que la puissance doit être sans équivoque. C’est-à-dire que Aron veut que les éléments soient généraux et que ces derniers transcendent l’histoire. Bref, il affirme que :

« La puissance d’une collectivité dépend de la scène de son action et de sa capacité d’utiliser les ressources matérielles et humaines, qui lui sont données : milieu, ressources, action collective, tels sont de toute évidence, quels que soient le siècle et les modalités de la compétition entre unités politiques, les déterminants de la puissance ».

Tandis que Nye affirme que la puissance est un rapport, elle suppose, par définition un contexte. La diminution de la fongibilité veut dire qu’il devient de plus en plus important de bien définir le contexte lorsqu’on veut évaluer le degré de pouvoir. Bien plus souvent qu’autrefois, il faut se poser la question : « le pouvoir pour quoi faire ? ». Bref, l’auteur définit les fondements de la puissance, qui se transforme vers une puissance souple (soft power). La puissance souple est une puissance qui n’utilise pas la violence et elle ne se définit pas par un caractère belliqueux. La puissance souple est d’ailleurs une caractéristique de l’hyperpuissance.

[modifier] Définition du concept d’hyperpuisssance d’Hubert Védrine

L’unique superpuissance encore apte à se définir de cette façon est les États-Unis d'Amérique. Par conséquent, les auteurs jugeaient le concept de superpuissance dépassé au regard de l’hégémonie américaine sur le système mondial ; ils trouvaient que cette suprématie faisait de ce concept un euphémisme. Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères français, a émis la thèse selon laquelle les États-Unis sont une hyperpuissance. Par définition, l’hyperpuissance est une superpuissance qui perd son rival. Le rival, l’URSS, était la clef de la relativisation de cette superpuissance :

« Le premier grand problème concerne en premier lieu le rôle et la place des États-Unis et leurs relations avec l'Europe. Pour ma part, j'estime que depuis 1992 le terme de "superpuissance" ne suffit plus pour décrire les États-Unis. Terme trop connoté à la guerre froide et trop exclusivement militaire, alors que la suprématie américaine d'aujourd’hui s'exerce aussi bien sur l'économie, la monnaie, la technologie, les domaines militaires que sur les modes de vie, la langue et les produits culturels de masse qui submergent le monde, modelant les pensées fascinant jusqu'aux adversaires des États-Unis. C'est pourquoi j'emploie le terme d'"hyperpuissance" que les médias américains jugent agressif en raison de la connotation pathologique d'"hyper", alors qu'il n'est que descriptif ».

Voyant ainsi une réalité nouvelle (la montée en puissance des États-Unis depuis 1991, avec la chute du bloc soviétique), le concept d'hyperpuissance semble être le concept qui exprime le mieux la réalité de la puissance américaine, nous verrons en quoi les éléments de puissance d'un État moderne - comme les États-Unis - peuvent avoir comme impact sur la globalité de la puissance.

[modifier] Critique du concept

Si l’on remet souvent en cause l’hégémonie américaine dans le monde, on ne s’interroge que rarement sur les causes de cette situation. Certains intellectuels ont démontré que la désagrégation du bloc communiste, la crise du continent africain et l’incapacité de l’Union européenne à s’organiser ont provoqué la suprématie américaine après 1990. Jean-François Revel pose en outre le problème du concept d’hyperpuissance, forgé en 1999, par le ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine : le terme « superpuissance » existant déjà, il est inutile selon lui de parler d’hyperpuissance, d’autant que le préfixe grec « hyper » signifie exactement la même chose que le préfixe latin « super »[2].

Pour Revel et d’autres, le monde n’est pas unipolaire mais de plus en plus multipolaire avec la croissance des pays émergents. Selon Sylvain Allemand et Jean-Claude Ruano-Borbalan, les États-Unis ne chercheraient pas à dominer intentionnellement le monde, mais simplement à protéger ses intérêts et préserver sa sécurité[3]. Dans cette logique, l’attaque du 11 septembre a provoqué un renforcement des interventions américaines dans le monde, dans un but uniquement sécuritaire.

[modifier] Bibliographie

  • Philippe Richardot. Les États-Unis, hyperpuissance militaire à l'aube du XXIe siècle. Economica, 2005. Collection : Hautes études stratégiques (ISC). ISBN 978-2717848373

[modifier] Notes

  1. lire aussi l'article Soft power.
  2. J.-F. Revel, L’obsession anti-américaine, 2002, p. 40
  3. Sylvain Allemand, Jean-Claude Ruano-Borbalan, La Mondialisation, Paris, Le Cavalier Bleu, Collection « Idées reçues », 2005, ISBN 2846701075, page 73

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes