Hortense Mancini

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Hortense Mancini (1646, Rome - 1699, Chelsea), elle était une nièce du cardinal Mazarin et la sœur de Laure-Victoire, Paul, Olympe, Marie, Philippe, Alphonse et Marie Anne Mancini, l'une des plus belles femmes de son siècle.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Origine

Elle fut amenée à Paris à l'âge de six ans et élevée par les soins du cardinal Mazarin, son oncle, qui avait pour elle une tendresse de père. Le roi d'Angleterre Charles II et le duc de Savoie la demandèrent en mariage ; mais le cardinal ne crut pas pouvoir accepter l'honneur que lui faisaient deux souverains de rechercher son alliance.


[modifier] Famille

Fille de Geronima Mazzarini et du baron Michele Mancini.


Il maria sa nièce, le 1er mars 1661 au duc de la Meilleraie. (Armand-Charles de la Porte, duc de Mayenne et de La Meilleraye), sous la condition que celui-ci prendrait le nom et les armes de Mazarin.

Cinq enfants sont nés de cette union, dont :

  • Marie-Charlotte de la Meilleraie (1662-1729), elle épousa Jean-Baptiste-Amador de Vignerot, marquis de Richelieu
  • Marie-Anne de La Meilleraie (1663-1720), elle fut abbesse du Lys
  • Paul-Jules de la Meilleraie (1666-1731), marquis de Meilleraie, duc de Mazarin. Deux enfants : Guy-Paul-Jules de La Meilleraie, duc de Mazarin, Armande-Félicité de La Meilleraie.


Jamais union ne fut plus mal assortie : Hortense, jeune, vive et légère, aimait le monde, où elle se voyait sans cesse entourée d'une foule d'adorateurs ; le duc de Meilleraye au contraire, avare et jaloux, exagéré dans sa dévotion, fuyait la société et obligeait une femme dont la dot, avait été de trente millions de renoncer au séjour de Paris et de le suivre de ville en ville dans ses différents gouvernements. Elle résidera ainsi avec lui au Grand-Logis de Mayenne.

[modifier] La fuite en Italie

Hortense prit enfin la résolution de s'affranchir de ce qu'elle appelait un esclavage odieux ; et elle l'exécuta par le secours de Philippe, duc de Nevers, son frère, qui lui procura des chevaux et une escorte pour se rendre à Rome, où elle comptait se réfugier auprès de sa sœur Marie, la connétable Colonna.

Son évasion eut lieu dans la nuit du 13 juin 1668. Le duc de Meilleraye, qui, plaidait alors contre sa femme, rendit plainte au parlement contre le duc de Nevers pour avoir favorisé le départ d'Hortense, et obtint un arrêt par lequel il était autorisé à la faire arrêter partout où on la trouverait. Cependant Hortense, ennuyée des tracasseries, qu'elle avait à essuyer de la part de ses parents, écrivit au duc de Mailleraye pour le prier de lui pardonner son étourderie et de la recevoir, promettant de ne se conduire à l'avenir que d'après ses conseils ; mais il lui fit répondre que, quand elle aurait demeuré deux ans dans un couvent, il verrait ce qu'il aurait à faire. L'argent qu'elle possédait fut bientôt épuisé : il ne lui restait que ses pierreries, qu'elle engagea pour une somme très inférieure à leur valeur ; et elle repassa en France afin de solliciter une pension sur les grands biens qu'elle avait apportés à son mari.

[modifier] La protection de Louis XIV et du duc de Savoie

Le roi Louis XIV, qui s'était déclaré son protecteur, fut touché de sa situation ; il lui fit obtenir une pension annuelle de vingt-quatre mille livres et douze mille livres argent comptant pour s'en retourner à Rome, ce que son mari était loin d'approuver. Elle s'enfuit de cette ville peu de temps après avec sa sœur la connétable. En quittant celle-ci, elle se retira à Chambéry, où elle séjourna trois années dans la société des personnes les plus distinguées par leur esprit et par leur naissance. Après la mort de Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, qui à son tour s'était aussi déclaré son protecteur, craignant de n'avoir pas également à se louer de la régente, elle passa en Angleterre (1675) suivie de l'abbé de Saint-Réal, qui avait conçu pour elle beaucoup d'attachement.

[modifier] Charles II d'Angleterre

Charles II l'accueillit avec bienveillance et lui assigna sur sa cassette une pension de quatre mille livres sterling ; elle aurait probablement remplacé la duchesse de Portsmouth dans le cœur du monarque anglais, si elle ne se fût pas montrée sensible aux soins que lui rendait le prince de Monaco. Charles, irrité de la préférence qu'elle semblait accorder à son rival, supprima la pension qu'il lui faisait ; mais il la rétablit quelques jours après, honteux de s'être abandonné à un mouvement de jalousie qui n'avait aucun motif réel.

La maison d'Hortense devint bientôt le rendez-vous des hommes les plus aimables et les plus spirituels de Londres ; parmi les beaux esprits qui s'y réunissaient on cite Justel, Vossius, Gr. Leti et Saint-Evremond. Elle parut s'occuper elle-même de l'étude avec beaucoup d'ardeur ; mais au goût innocent des lettres succéda celui du jeu de la bassette : elle y passait les nuits, perdant des sommes considérables sur sa parole et faisant payer quelquefois ses sottises à ses amis. Cependant, obsédée comme elle l'était d'une foule d'adorateurs, elle se décida enfin à faire un choix : elle jeta les yeux sur le baron de Banier, gentilhomme suédois d'un mérite rare. La préférence qu'elle lui marquait excita la jalousie du prince Philippe de Savoie, son neveu[1] ; il provoqua Banier en duel et le tua d'un coup d'épée (1683).

Hortense fut affectée vivement par cette catastrophe ; elle fit tapisser sa chambre de noir et y resta enfermée plusieurs jours sans vouloir prendre aucune nourriture. Saint-Evremond, le meilleur de ses amis, lui remontra combien elle se nuisait elle-même en affichant une douleur si excessive. Elle répondit qu'elle était décidée à passer en Espagne et à finir ses jours dans le couvent où languissait sa sœur la connétable, mais il n'eut pas de peine à lui prouver qu'elle ne pourrait jamais s'accoutumer à la vie régulière et tranquille d'une religieuse.

[modifier] La société de Londres

Cependant, avec la santé, Hortense reprit le goût des plaisirs et rouvrit sa porte à la plus brillante société de Londres. La révolution d'Angleterre, qui appela au trône Guillaume de Nassau, la priva de la pension qu'elle recevait, son unique ressource. Le duc de Mazarin profita de cette circonstance pour lui intenter un nouveau procès (voir: Claude Erard) ; et il obtint, en 1689, un arrêt du grand conseil qui la déclarait déchue de tous ses droits dans le cas où elle refuserait de revenir avec lui[2].

Hortense représenta qu'elle avait contracté des dettes et qu'elle ne pouvait pas sortir d'Angleterre sans avoir payé ses créanciers. Tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle tenta fut inutile : elle vit ses meubles saisis et elle se trouvait exposée au plus grand dénuement lorsque le roi Guillaume, informé de sa situation, lui assura une pension de deux mille livres sterling. Elle revint alors à ses habitudes, passant l'hiver à Londres et la belle saison à Chelsea, village sur les bords de la Tamise, où elle goûtait les plaisirs de la campagne. Elle y tomba malade au mois de juin et y mourut le 2 juillet 1699. À sa mort, les habitants de Mayenne firent célébrer un service pour l'âme de leur duchesse et envoyèrent au duc et à son fils une lettre de condoléances.

[modifier] Epilogue

Hortense n'avait encore rien perdu de sa première beauté ni de ses agréments. Elle avait toujours eu beaucoup d'indifférence pour la vie et elle ne démentit point les sentiments qu'elle avait témoignés à cet égard. Elle était douée d'un esprit vif et parlait d'une manière très agréable, mais jamais elle n'eut la prétention de passer pour auteur : une preuve que l'on en peut donner, c'est qu'elle permettait à Saint-Evremond de la railler sur ses fautes d'orthographe.

Elle fut l'arrière-grand-mère des quatre sœurs de Nesle, maîtresses successives de Louis XV, et, par son arrière-arrière-petite fille Louise d'Aumont, l'ancêtre des actuels princes de Monaco de la dynastie Grimaldi.

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie

Les Mémoires que nous avons sous le nom de la duchesse de Mazarin sont l'ouvrage de l'abbé Saint-Réal. Pierre Bayle n'est pas de cet avis ; mais Desmaiseaux nous apprend qu'il était possesseur d'un exemplaire de la première et rare édition de 1675 qui avait appartenu à, Hortense et qui était chargé de corrections marginales de la main de St-Réal.

Ces Mémoires ont été réimprimés dans le Mélange curieux des meilleures pièces attribuées à St-Evremond, t. 2, et dans le Recueil des œuvres de St-Réal, t. 6.

On peut aussi consulter :

  • Oraison funèbre de la duchesse de Mazarin, par St-Evremond pièce composée, en 1684, à la prière d'Hortense, qui désira savoir ce qu'on dirait d'elle après sa mort ;
  • Lettre touchant le caractère de la duchesse de Mazarin ;
  • le Plaidoyer d'Erard ;
  • les Remarques sur ce plaidoyer, et les autres pièces insérées dans le Mélange curieux déjà cité.

On a publié à Paris, en 1808, La duchesse de Mazarin, mémoires écrits par elle-même, in-8 et 2 vol. in-12. C'est une réimpression des Mémoires faits par St-Réal, et que l'on a défigurés par des additions tirées de sources qui ne méritent pas toutes la même confiance.

Voir aussi : Pierre Combescot, Les Petites Mazarines, 1999, Grasset/Livre de Poche. ISBN 2-253-14982-9

[modifier] Notes

  1. II était fils d'Olympe Mancini, seconde des sœurs d'Hortense, mariée à Eugène Maurice de Savoie, comte de Soissons.
  2. Madame de Sévigné disait, avec St-Evremond, que la duchesse de Meilleraye était dispensée des règles ordinaires, et qu'on voyait sa justification en voyant M. de Meilleraye. Quand on lui représentait qu'elle devait se remettre avec son mari, elle répétait, comme pendant la guerre civile : Point de Mazarin point de Mazarin ! (Voir la Lettre, de madame de Sévigné à sa fille du 27 février 1671.)

[modifier] Lien externe

  • Généalogies royales et nobiliaires [1]

[modifier] Source partielle

« Hortense Mancini », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]