Honorat d'Arles

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Saint Honorat dans la basilique saint Trophime d'Arles
Saint Honorat dans la basilique saint Trophime d'Arles

Évêque d'Arles, Honorat d'Arles, Saint Honorat (c. 370 à Trèves - † le 6 janvier 430 à Arles), également surnommé Honorat de Lérins, est le fondateur de l'abbaye de Lérins (vers 400-410).

Honoré dans l'Église catholique comme Saint Honorat. Fête le 16 janvier.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Sa jeunesse

Il est difficile de savoir à quelle date précise il est né. On suppose qu'Honorat a pu voir le jour vers 370 à Trèves.

Né dans l'aristocratie gallo-romaine, il reçoit une éducation classique; cependant sa vocation religieuse se manifeste très tôt, en particulier son attirance pour la vie monastique. Ce renoncement au monde va entraîner l'hostilité de sa famille, surtout celle de son père qui voit s'effondrer tous les espoirs placés en son jeune et brillant fils. Malgré les efforts paternels pour l'en détourner, le jeune Honorat tient bon.

Honorat se convertit probablement à l'âge de 15 ou 16 ans ainsi que son frère aîné, Venantius avec qui il entreprend quelques années plus tard, un voyage en Orient. Malheureusement Venantius y meurt. Et Honorat, malade après ce séjour malheureux, revient en Occident afin de poursuivre son ascèse sous des cieux plus cléments.

Après un bref séjour en Italie, où il noue des liens d'amitié avec les communautés chrétiennes du pays, il rentre en Gaule du sud pour s'installer d'abord comme ermite dans une grotte de l’Estérel, puis, fuyant les trop nombreux visiteurs, sur la plus petite des îles de Lérins où il fonde un monastère entre 400 et 410 (d'après certaines sources en 404).

[modifier] Le monastère de Lérins

Les Îles de Lérins - L'île Saint-Honorat en haut de la carte
Les Îles de Lérins - L'île Saint-Honorat en haut de la carte
Monastère de l'île Saint-Honorat vu de l'île Sainte-Marguerite.
Monastère de l'île Saint-Honorat vu de l'île Sainte-Marguerite.

Accompagné de saint Caprais de Lérins et de quelques autres compagnons, il arrive sur l’île qui porte aujourd’hui son nom et où

l'on ne voyait plus, au commencement du Ve siècle, qu'une plage déserte et rendue inabordable par la quantité des serpents qui y pullulaient.

Il s'en débarrasse, défriche, cultive ce petit désert et fonde là une communauté. Ordonné prêtre par l'évêque de Fréjus, Honorat met tout en œuvre pour faire avancer ses disciples dans les voies de la perfection. Ainsi l'île de Lérins devient, dès 427 à ce que rapporte Jean Cassien, un "immense monastère". Puis très rapidement la renommée d'Honorat s'étend et son abbaye devient l’exemple de l’ascétisme dans toute la Provence.

Et cette réputation va lui jouer un drôle de tour. A la mort de l'évêque d'Arles, il va devoir quitter son île pour être, contre son gré, placé sur le siège épiscopal d'Arles.

[modifier] Son élection à l'archevêché d'Arles

En effet l'élection d'Honorat a lieu par surprise certainement à la fin 426 ou au début 427. N'ayant pas été consulté, il refuse d'abord ce siège épiscopal. De plus, l'abbaye de Lérins n'est pas du tout décidée à laisser partir son Abbé. Hilaire déclare donc aux Arlésiens :

Qui vous a donné le désir de posséder pour vous cet homme, au détriment de ceux à qui Dieu l'avait accordé en son désert ?

Alerté de cette nomination, le pape, Célestin Ier écrira en 428 à tous les évêques du sud-est de la Gaule pour leur demander qu'à l'avenir

un prêtre ne soit élu, venant d'une autre Eglise, que dans le cas où aucun clerc de l'Eglise à pourvoir ne serait jugé digne, ce que nous croyons, ne pouvoir se produire. Il faut réprouver le fait de préférer ceux des Eglises étrangères, ne pas faire appel à des étrangers de peur que l'on ne paraisse avoir établi une sorte de nouveau collège d'où seraient tirés les évêques.

En effet, après de longs mois de tractations Honorat a accepté, probablement à la fin 427, cette élection. Mais Arles lui parait tellement redoutable qu'il emmène avec lui deux moines, Jacques d'Assyrie[1] et Hilaire qui, lui, ne supporte pas la ville et s'en retourne promptement à Lérins. Honorat toutefois continuera à rester attaché à son ancienne communauté à qui il rendra visite au moins une fois chaque année.

[modifier] Son épiscopat arlésien

A son arrivée à Arles, Honorat trouve les caisses du trésor pleines de richesses amassées par ses prédécesseurs. Le dernier, Helladius[2], était pourtant un moine. D'après Hilaire son successeur et biographe, Honorat n'hésite pas et redistribue toutes ces richesses aux donateurs, ne se réservant pour l'Evêché que ce qui devait suffire aux nécessités du ministère. Honorat fait alors rapidement l'unanimité dans son diocèse.

Hilaire nous rapporte aussi qu'Honorat prêche chaque jour avec perspicacité et clarté, surtout lorsqu'il disserte sur la divine Trinité. Après deux ans de fonctions épiscopales, il meurt au début 430, le 6 janvier. Ce jour là, bien que faible, il veut prêcher dans sa cathédrale. A son retour, il doit s'aliter et s'éteint quelques heures plus tard.

[modifier] Une vénération mouvementée

Eglise Saint-Honorat des Alyscamps
Eglise Saint-Honorat des Alyscamps

A ses obsèques, le corps est conduit à la cathédrale, accompagné du peuple, puis après la célébration dans la cathédrale, transporté solennellement jusqu'au cimetière extérieur des Alyscamps. L'histoire rapporte une dispute entre les prêtres de Saint-Etienne (c'est-à-dire la cathédrale d'Arles) et les moines de Lérins, chacun revendiquant âprement l'honneur de porter le corps.

Plus tard, le corps du Saint est déposé dans la chapelle de Saint-Genès des Alyscamps, puis dans l'église Saint-Honorat dès qu'elle fut construite. Il y demeure jusqu'à la fin du XIVe siècle. En 1390, dans une période troublée par des pillages, l'Abbé de Ganagobie qui a la garde des reliques offre à l'abbaye de Lérins de les récupérer; elles y sont transférées le 20 janvier 1391. En 1788, les reliques de Saint Honorat sont finalement distribuées au diocèse de Grasse.

Saint Hilaire d'Arles, son disciple et son successeur, nous a laissé de lui un magnifique éloge. Retenons-en cette belle parole :

Si l’on voulait représenter la charité sous une figure humaine, il faudrait faire le portrait d’Honorat.

A Arles, son nom se perpétue par une église éponyme située à l'extrémité Est de l'allée des Alyscamps.

[modifier] Notes

  1. Saint Jacques d’Assyrie est sensé avoir vécu au Ve siècle. On le dit premier évangélisateur de la région de la Tarentaise avec Saint Maxime de Riez et premier évêque de Moûtiers. L’étude de son culte est particulièrement intéressante. Elle s’appuie sur un texte du XIIe siècle relatant la Vie du saint et ses miracles qui a été retrouvé au XVIIe siècle. De ce document, aujourd’hui disparu, on conserve au moins quatre copies partielles ou des résumés, dont celle du père Jésuite François Chifflet, d'avant 1643. Selon ce dernier
    saint Jacques est Syrien, au service du roi. Il n’accepte pas la persécution dont sont victimes les chrétiens et se convertit. Il vient de recevoir le baptême lorsqu’il rencontre saint Honorat, qu’il suit à Lérins, ce dernier lui confère les ordres majeurs et l’envoie évangéliser le pays des Ceutrons, vers 420.
  2. Également appelé Hellade ou Euladius (début 426-fin 426)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Vie de saint Honorat par Hilaire d'Arles : vie hagiographique écrite au Ve siècle par le successeur de l'évêque d'Arles (ISBN 2204011495 - SODIS : 8220868 - EAN : 9782204011495)

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