Henry Fielding

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Henry Fielding
Henry Fielding
Pseudonyme Captain Hercules Vinegar
Naissance 22 avril 1707, Glastonbury
Décès 8 octobre 1754, Lisbonne
Activité romancier, dramaturge, poète et journaliste
Nationalité anglaise
Genre satire, roman picaresque

Henry Fielding, né le 22 avril 1707 près de Glastonbury et mort le 8 octobre 1754 à Lisbonne, est un romancier, dramaturge, poète et journaliste anglais.

Descendant de l’illustre famille de Denbigh, rejeton des comtes de Hapsbourg, il était fils du lieutenant général Edmund Fielding, homme du monde ruiné par ses prodigalités. Il fut élevé avec la jeune noblesse, fréquenta les collèges d’Eton et de Leyde et fit son droit à Londres. D’abord destiné au barreau, il connut la gêne de bonne heure, ayant épuisé sa fortune dans la dissipation.

Dès l’âge de vingt ans, il dut chercher des ressources dans sa plume et fit des comédies et des romans pour vivre. Il donna au théâtre vingt-huit pièces, plusieurs imitées de Molière, dont aucune n’a survécu ; avec beaucoup d’esprit, d’entrain et de gaieté, il n’avait pas le talent dramatique.

En 1735, il épousa Charlotte Craddock, dont il eut tôt fait d’épuiser la modeste dot, d’abord en menant la vie d’un gentilhomme de campagne, puis en se mêlant de la direction du théâtre de Haymarket. Il étudia alors le droit, se fit admettre au barreau, continua de composer des pièces et écrivit des articles de journaux et des pamphlets dans le sens de la politique libérale.

En 1741, le succès de la Paméla ou la Vertu récompensée de Richardson lui inspira l’idée d’un roman qui en serait la parodie. Henry Fielding a parodié Pamela à deux reprises : la première fois, avec le roman anonyme dans Shamela écrit avec la même forme épistolaire que l’original et, à nouveau dans Joseph Andrews, où il imagine à Paméla un frère, aussi chaste que celle-ci, et qui résiste avec la même vertu à de coupables avances ; de là, le roman de Joseph Andrews, publié en 1742, qui, au lieu d’une simple contrepartie comique de Paméla, se trouva former un ouvrage original et indépendant, avec des caractères excellents et des scènes très gaies. Fielding continua cette veine humoristique dans son Voyage de ce monde dans l’autre (A Journey from this World to the next) et dans l’Histoire de Jonathan Wild, sorte d’épopée d’un voleur de grand chemin, espion de police, puis receleur et finalement pendu, écrite sur un ton d’admiration ironique.

En 1749, le crédit de quelques amis fit obtenir à l’auteur la place de juge à la police de Londres, place peu recherchée, mais qui le tira de la misère et qu’il remplit avec conscience et talent. C’est même dans cette fonction, qu’il a fondé, en 1749, les Bow Street Runners, que certains ont appelé la première force de police londonienne. Fielding, qui ne perdait jamais le sens de l’humour, alla même jusqu’à émettre un mandat d’arrêt contre Colley Cibber pour « meurtre de la langue anglaise » ! Mais les faibles émoluments de cette place étant loin de suffire à ses habitudes et à ses besoins, il continua donc d’écrire, et deux nouveaux romans, Histoire de Tom Jones, enfant trouvé (1750), son chef-d’œuvre considéré comme un modèle du genre, et Amelia, publiés coup sur coup, furent à la fois des succès d’honneur et d’argent : le second lui fut payé 1 000 livres.

Le roman d’Amélia est une peinture de mœurs domestiques. En représentant ce mari, le capitaine Booth, qui aime sa femme et ne peut lui rester fidèle, et cette femme si vertueuse et si douée qui pardonne tout, Fielding pensait évidemment à son propre ménage ; mais comme on ne peut pas sympathiser avec Booth et que l’auteur n’a pourtant pas voulu le rendre haïssable, il résulte de cette contradiction une impression fatigante. Fielding se trouve dépaysé dans le pathétique où Richardson est maître.

Mais la santé de Fielding était délabrée, la goutte, l’asthme et d’autres afflictions l’obligeaient à utiliser des béquilles. Ayant perdu sa femme et épousé sa servante pour donner une mère à ses filles, il mourut au bout de deux mois au Portugal, où il était allé chercher un climat plus doux.

Quoique les premiers romans de Fielding, Joseph Andrews et Jonathan Wild, ne soient pas sans mérite, Tom Jones leur est très supérieur. Le talent d’observateur et de peintre dont l’auteur avait fait preuve, s’étend d’ici à la société tout entière et s’attache à l’homme lui-même. Byron n’a pas craint d’appeler Fielding « l’Homère en prose de la nature humaine ». L’action du roman, bien inventée et parfaitement conduite, offre une suite d’événements naturels, vraisemblables et néanmoins attrayants, qui soutiennent l’intérêt et mettent en jeu des caractères nombreux aussi vrais que variés. Allworthy est le type de la bienveillance ; le squire Western, bruyant, emporté, tyrannique, sans aucune délicatesse de sentiments, obtient quelque sympathie par une sorte de cordialité brutale ; Tom Jones et Sophie, le héros et l’héroïne, rachètent ce qui leur manque de délicatesse par la jeunesse du cœur, le courage, la franchise et la générosité. Les caractères subalternes, entre autres Partridge, sont aussi bien tracés. Ce qui manque à ce bel ouvrage, c’est une certaine élévation. La situation dégradante où Tom Jones se trouve placé dans ses rapports avec lady Bellaston, et plus tard le soupçon d’inceste qui pèse sur lui, attestent chez l’auteur un manque de tact moral qui nuit à ses qualités littéraires. Cependant l’ouvrage n’est pas corrupteur ; il est même d’une lecture plus saine que les romans de Richardson à grandes prétentions morales. « Prendre Fielding après Richardson, a dit Coleridge, c’est comme si l’on sortait d’une chambre de malade chauffée par des poêles, pour passer sur une large pelouse ouverte à la brise par une belle journée du mai. »

Son Voyage à Lisbonne parut après sa mort en 1755. Ses Œuvres ont été réunies (Londres, 1767, 8 vol. in-8° ; 1775, 12 vol. in-8° ; Londres, 1833, 10 vol. in-8°). Il existe plusieurs éditions séparées de Joseph Andrews et d’Amélia, et de très nombreuses de Tom Jones, qui a été plusieurs fois traduit en français, notamment par de Wailly, dans la bibliothèque Charpentier. Tom Jones a été traduit par Pierre Antoine de La Place, 1750 ; Guillaume Davaux, 1795 ; Louis-Claude Chéron de La Bruyère, 1804 ; Henri Huchet de La Bédoyère, 1833 ; Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 1836 ; Léon de Wailly, 1841. Jonathan Wild a été traduit par Christophe Picquet, 1863 et Amelia par Marie-Jeanne Riccoboni.

Sa sœur, Sarah Fielding était romancière comme lui.

[modifier] Œuvres

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  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 786-7