Henri Jacques Goüin-Moisant

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Henri Jacques Goüin-Moisant est né le 14 février 1758 à Tours et décède le 5 avril 1823 à Tours.

Henri Jacques Goüin-Moisant est négociant, maire de la ville de Tours en 1795, vice-Président de la Chambre de Commerce de Paris, chevalier de la Légion d'Honneur, et député de l'Indre-et-Loire de 1815 à 1822.

Sommaire

[modifier] Sa famille

Goüin est issu d’une famille de financiers.
Goüin est issu d’une famille de financiers.

Le patronyme Goüin vient soit de Gudin du germanique Gud-, dieu germanique, soit de goin, homme de mauvaise vie en Anjou, soit de gwen, blanc en breton.

Armes : « D'azur, à une croix tréflée d'or. »

Le père d’Henri Jacques Goüin-Moisant, Henry Pierre Goüin (1732-1782). Il est banquier à Tours. Le 23 mai 1757, il épouse à Tours, Anne Marie Renée Leroux, fille de Jacques Leroux, propriétaire de La Plaine-Fondettes (près de Tours), et de Marie Anne Baudichon. C’est lui qui modifie l'hôtel de Xaincoings, construit à Tours au XVe siècle, remanié au début du XVIe siècle dans le style de la Renaissance, et acquis par sa famille en 1738 de Gilles Douineau.

Son grand-père, Henry François Goüin (1686-1748). En 1714, il fonde la Banque Goüin. Le 7 juillet 1721, à Tauxigny, il épouse Marie Anne Boisseau, fille de Pierre Boisseau, notaire à Tauxigny, et de Jeanne Andrault. Ils ont 5 enfants.

Son ancêtre, Jacques Goüin est maître-chirurgien. Le 4 janvier 1641, il épouse Marthe Toytault, fille d'Étienne Toytault, seigneur de Florandrie, et de Marthe Dunet. Ils ont 3 enfants. En secondes noces, il épouse Anne Brunet.

Le père de ce Jacques Goüin, Antoine Goüin (1570-1610), était né à Rennes et est venu se fixer à Preuilly-sur-Claise en Touraine.

Son frère se marie avec l’une des filles d’Armand Joseph Dubernad, ami d’Henri Jacques Goüin-Moisant, avec qui il fait des affaires et auquel il a permis d’acheter le château de La Bourdaisière.

[modifier] Biographie

[modifier] Avant 1815

Henri Jacques Goüin-Moisant est un excellent homme d’affaires. Il dirige entre autres la maison Moisant et Gouin à Rouen. Ses magasins à Tours sont rue du commerce à Tours. Il fait également du négoce avec l'outre-mer à partir de Morlaix et est souvent cité dans les archives du tribunal de Morlaix, comme armateur et négociant. Les Dubernad et les Goüin sont en quelque sorte associés. Selon un tableau dressé en 1787, Henri Jacques Goüin-Moisant est franc-maçon, comme ses amis morlaisiens. Il est membre de la loge tourangelle La Concorde écossaise.

Armand Joseph Dubernad fait des affaires en Touraine avec Henri Jacques. Ce dernier devient officier municipal de Tours le 14 Frimaire an II. Goüin-Moisant est administrateur de l'Hospice des enfants naturels de la Patrie, mais surtout ce fils de banquier dirige la Commission qui saisit et vend les biens nationaux. L'assignat, la monnaie-papier, perd de plus en plus de sa valeur, soit 60 % en 3 ans, de 1790 à 1793. La bourse est fermée. Avec le début de la Terreur la même année, la non-acceptation de l'assignat est passible de la peine de mort. Il faut donc acheter des biens nationaux et payer en assignats. Henri Jacques Goüin-Moisant signale à son ami la possibilité d’acheter le château de La Bourdaisière, à Montlouis, son immense parc et des vignes. La ruine qui s’annonce de toutes les façades maritimes de la France fait qu’Armand Joseph Dubernad préfère accroître son patrimoine immobilier ailleurs qu’à Morlaix.

Après le 9-Thermidor, Henri Jacques Goüin-Moisant devient maire de Tours le 19 Germinal an III. Il est soupçonné d’avoir de l’indulgence, voire de la sympathie pour les royalistes par les Thermidoriens.

Le 26 septembre 1798, l'administration réclame à Armand Joseph Dubernad 24 francs, mais les frères Goüin, ses fondés de pouvoir, écrivent au préfet que Dubernad est en avances de 31 francs, trop payés et le préfet annule sa dette. La somme est dérisoire, mais le préfet ne peut rien refuser à Henri Jacques Goüin-Moisant. Il va être Président du tribunal de commerce, puis nommé maire de Tours, par arrêté de Bonaparte, le Premier Consul, le 2 mai 1800. Mais il décline cet honneur et laisse le siège à Étienne-Marie Cassin, nommé le 12 Prairial an VIII.

[modifier] Après 1815

Henri Jacques Goüin-Moisant, vice-président de la chambre de commerce, est élu député par le département d'Indre-et-Loire en 1816. Tout le monde pense qu’il va siéger dans cette partie de la chambre où se réunissent les défenseurs des libertés constitutionnelles, les plus honorables appuis des manufactures, du commerce et de l'industrie française. Cette attente a été trompée. C'est au centre, puis au côté droit parmi les hommes monarchiques, que Goüin-Moisant est allé s'assoir. Ses votes se sont ressentis défaillance qu'il semblait contracter avec l'ancienne noblesse, et ces votes ont toujours été comptés parmi ceux de la majorité. Goüin-Moisant ambitionne peu les palmes de la tribune, et on le voit rarement essayer de les cueillir. Une fois cependant, en 1815, il veut donner un gage de ses opinions, et en faire une profession de foi authentique. Il prend une part active à la discussion du projet de loi sur les cris séditieux. Composant un code à la manière de Dracon, qui fut étouffé, comme on sait, sur le théâtre d'Athènes, en recevant, tes acclamations du peuple, sous la quantité de robes, de bonnets, et d'autres marques d'estime qu'on lui jeta de tous côtés[1]. Lors de la discussion sur le projet de loi sur les cris séditieux, il demande en effet que les crimes désignés par l'art, fussent punis des travaux forcés pendant dix ans, et de la peine de mort, s'ils avoient des coopérateurs. Les coupables dévoient être punis comme parricides, s'il avoit eu commencement d'exécution. Les injures, outrages et calomnies contre les personnes de la famille royale dévoient être punis suivant la gradation suivante : cinq ans de travaux forcés, les travaux à perpétuité, la mort[2].

Henri Jacques Goüin-Moisant vote le projet de loi relatif à la continuation du monopole du tabac jusqu'au 1er janvier 1826, et combat les amendements proposés par la commission. Il observe que prolonger seulement dix ans la durée du monopole , ne tendroit qu'à ramener dans un an une discussion qui, peut-être, n'est pas sans de graves inconvéniens dans le produit des ventes de la régie ; au lieu qu'en acquiesçant à la prolongation de cinq années demandée par le gouvernement, la situation financière de la France, en s'améliorant, pourra peut-être permettre de rendre en France la culture et le commerce du tabac extrêmement libres, en ne conservant qu'un droit de douane à l'entrée des feuilles du tabac exotique.

Joseph de Villèle, comte, homme d'État français, dont Goüin-Moisant partage les idées.
Joseph de Villèle, comte, homme d'État français, dont Goüin-Moisant partage les idées.

Paul-Louis Courier, montre quelles sont les idées sur la politique et le désir d’être anobli de Goüin-Moisant en 1815 : Un autre de nos députés, M. Gouin Moisan, est ici un peu fâché, à ce qu'on dit, de n'avoir pu encore rien tirer des ministres, ni pour lui, ni pour sa famille. Ce M. Gouin Mosan est un honnête marchand que la noblesse méprise, et qui vote avec elle sans qu'elle le méprisé moins, comme vous pensez bien. Pour les services par lui rendu au parti gentilhomme, il voudrait qu'on le fit noble ; il se contenterait du titre de baron. La noblesse française n'a point de baron Gouin, et s'en passe volontiers ; mais Gouin ne se passe pas de noblesse. Depuis trois ans entiers, il se lève, il s'assied avec le côté droit, dans l'espérance d'un parchemin. Quand on peut à ce prix rendre les gens heureux, il faut avoir le coeur bien ministériel pour les laisser languir. Le service des nobles est dur et profite peu ; on leur sacrifie tout ; on renie ses amis, ses oeuvres, ses paroles ; on abjure le vrai ; toujours dire et se dédire, parler contre son sens ; combattre l'évidence, et mentir sans tromper ; je ne m'étonne pas que de Serre en soit malade. Renoncer à toute espèce de bonne foi, d'approbation de soi-même et d'autrui ; affronter le haro, l'indignation publique ! pour qui ? pour des ingrats qui vous payent d'un cordon et disent : Le sieur Lainé, le nommé de Villèle, un certain Donnadieu. Eh ! bonjour, mon ami ; votre père fait-il toujours de bons souliers ? Ça, vous dînerez chez moi, quand je n'aurai personne. Voilà la récompense. Va, pour telles gens, va trahir ton mandat, et livre à l'étranger ta patrie et tes dieux. Ainsi parle un vilain dégoûté de bien penser ; mais la moindre faveur d'un coup d'oeil caressant le rengage comme Sosie, et fait taire la conscience, la patrie et le mandat[3].

Henri Jacques Goüin-Moisant est l’un des 27 commissaires de la Chambre des députés[4]. et président du collège électoral d'Indre-et-Loire, en remplacement de Destouches en 1817[5]. Il remplit différentes fonctions dans son département. Après la session de 1819, où il a, comme par le passé, voté avec la majorité, le conseil général de ce département lui décerne des remerciements solennels, pour la part qu'il avait prise aux délibérations de la chambre. La députation d'Indre-et-Loire faisant partie du renouvèlement de 1822, Goüin-Moisant se trouve rendu aux occupations de la vie privée.

[modifier] Mariage et descendance

Ernest-Alexandre Goüin, l'un de ses petits-fils.
Ernest-Alexandre Goüin, l'un de ses petits-fils.

Les idées des Goüin évolueront néanmoins en fonction des régimes politiques. Alexandre Gouin (1792-1872), polytechnicien, deviendra le 1er mars 1840 ministre de l'Agriculture et du Commerce de Louis-Philippe. Leur nom est associé à deux institutions importantes de la Touraine du XIXe siècle, la Caisse d'Épargne et de Prévoyance de Tours et la Société archéologique de Touraine, mais aussi et surtout à la banque, à la diffusion du chemin de fer, au château de La Plaine à Fondettes et bien entendu à la politique et à la haute administration.

Le 14 mai 1781, Henri Jacques Goüin-Moisant épouse Madeleine Rose Moisant (1762-1832), fille de François Moisant et de Madeleine Michelle Quantin, et se fait appeler Goüin-Moisant. Ils ont quatre enfants :

  • Henry Goüin (1782-1861), le 25 août 1805 épouse Alexandrine Pauline Gondouin (1784-1847), fille de Pierre Charles Gondouin, notaire à Paris, et de Agathe Charlotte Pauline Goüin.
  • Jules Goüin (1789-1869), négociant, président du Tribunal et de la Chambre de Commerce de Nantes.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Biographie nouvelle des contemporains (1787-1820), de Antoine-Vincent Arnault, p.285.
  2. Biographie spéciale des pairs et des députés du royaume, session de... p.257.
  3. Lettre particulière de Paul-Louis Courier
  4. Histoire de la restauration et des causes qui ont amené la chute de la ..., p.81.
  5. L'ami de la religion et du roi journal ecclésiastique, politique et littéraire..., p.57.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes