Haydar Amoli

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Haydar Amoli est un philosophe chiite du XIVe siècle, mort en 1385. Selon Henry Corbin, il « fut à la fois le critique et le plus grand des disciples shî'ites d' Ibn Arabi. »

On doit à Haydar, l'approfondissement décisif de la notion de « Tawhid ontologique ». Inspiré de la métaphysique d'Ibn Arabi, le Tawhid ontologique, dans la terminologie d'Haydar, s'oppose au « Tawhid théologique » des théologiens orthodoxes et des exotéristes. Tandis que ce dernier se fonde exclusivement sur la profession de foi, (« Lâ Ilâha illâ Allâh » ) « Il n'y a de dieu que Dieu », le premier s'énonce ainsi : « Laysa fî l'wojûd siwâ Allah » ; « il n'y a dans l'être que Dieu. » C'est la thèse des théosophes mystiques, des ésotéristes de l' Islam qui fonde l'Unité/Unicité (Tawhid) dans l'être (divin), établissant l'équation : l'Un = l'Être. Elle a toujours été combattue par les théologiens qui ne voient là qu'un banal panthéisme. Mais son but est plus noble. Il s'agit de donner un fondement ontologique au pluralisme métaphysique des étants, des existants. Si Dieu est l'Acte pur d'être, le Seul Être fait être, il met en existence les existants multiples, car en dehors de l'être, il n'y a que le néant. Selon Haydar, l'acte d'être pur signifie que le Seigneur en tant que créateur est « l'Agent actif absolu » et que l'Univers est le « réceptacle absolu ». Ce que l'univers reçoit et qui est en lui l'agent, c'est la multiplicité des Noms, des attributs divins qui informent la création. Autrement dit, toute multiplicité est toujours nécesseirement théophanique à des degrés divers. La consistance ontologique de la multiplicité se trouve fondée et assurée. Et l'illusion qui consiste à croire que tout est illusion est dénonçée comme la dernière et la pire de toute. Haydar vise ici l'attitude et les doctrines de certains soufis obnubilés par le néant divin qui nihilise l'univers et détruit les bases de la religion (puisque selon eux, la création, le paradis, l' enfer, la résurrection sont des illusions). Finalement, l' ontologie intégrale d'Haydar Âmolî renvoit dos à dos les théologiens dogmatiques qui idolâtrent Dieu sans le connaître et les mystiques qui (oh ! folie) veulent s'anéantir en lui.

En synthétisant la théosophie d'Ibn Arabi et celle du chiisme duodécimain, l'œuvre d'Haydar a exercé une influence féconde sur ses deux courants en en montrant la profonde concordance interne.

Haydar a également contribué à l'identification du 12e imam, l' Imam caché avec le Paraclet annoncé dans l' Évangile de Saint Jean. Cette identification correspond, dans le chiisme duodécimain, à la révélation du sens spirituel du cycle de la prophétie, c’est-à-dire à la fin de l'occultation présente et au règne de la Walayat éternelle (la religion en vérité et en esprit). Cette identification a une connexion profonde avec l'annonce du règne du Saint Esprit et de l'Évangile éternel prophétisé en occident par Joachim de Flore.

[modifier] Œuvres principales

En français :

  • Le Texte des Textes, prolégomènes du Commentaire des « Fosûs » d'Ibn Arabi. Traduit et édité par H. Corbin, en coll. avec Osman Yahyâ. Bibliothèque iranienne, 16 et 22, Adrien-Maisonneuve, 1969/75.