Hassan Bassoma

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Après une brillante carrière militaire, le colonel Hassan Bassoma Hassan s'était consacré à la grande passion de sa vie : l'histoire des peuples de la Corne. Le vendredi 27 octobre 2006, sa route a croisé celle d'un chauffard éthiopien. La Nation rend hommage à un grand Djiboutien.

C'est un chauffard venu d'Addis au volant d'un poids lourd qui a mis fin à la vie du colonel Hassan Bassoma Hassan. Le drame s'est produit vendredi dernier près du pont qui enjambe l'oued Ambouli. Le défunt dont la ferme se trouve non loin de là venait de terminer un entretien avec une équipe de la RTD qui l'avait interrogé, en tant que riverain de l'oued, sur les conséquences d'une crue éventuelle. Il s'apprêtait à remonter dans sa voiture lorsqu'un poids lourd éthiopien roulant à une vitesse excessive malgré la pluie, l'a heurté de plein fouet. Horriblement mutilé, le colonel Hassan Bassoma est mort sur le coup. Ce drame a profondément ému la population d'Ambouli et de Balbala qui s'était massée au-dessus du pont pour observer l'Ambouli dont les eaux menaçaient de déborder. Le chauffard et son mécanicien ont pris la fuite de peur de se faire lyncher par la foule.

" Les conducteurs éthiopiens n'en sont pas à leur premier forfait et à ce rythme, ils risquent de décimer la population djiboutienne le long de ce corridor qui est devenu le couloir de la mort ", commente M, un témoin oculaire du drame. Visiblement ému, il dit qu'il n'oubliera jamais les images horribles de ce drame, ce corps mutilé devenu méconnaissable en quelques secondes.

Pour F, une habitante de Cheik Moussa, " trop c'est trop". Selon elle, les conducteurs éthiopiens " méprisent la vie humaine ". " Ce sont, dit-elle, des tueurs constamment soûls et irresponsables ".

L'émotion est d'autant plus vive au sein de la population djiboutienne que le défunt était une figure connue, un homme respecté et aimé dont la mort tragique est ressentie comme une perte immense.

Né à Gaggadé, dans le district de Dickhil, Hassan Bassoma Hassan s'engage dans les forces armées territoriales en 1958. A l'indépendance du pays, il intègre l'armée djiboutienne avec le grade de capitaine.

Il fait partie des premiers officiers djiboutiens envoyés en stage à Fréjus en France pour assurer la relève des officiers coloniaux. Après avoir exercé la fonction d'officier auto au sein du 1er régiment d'Infanterie, il devient chef du 4ème bureau du 1er Régiment commando d'infanterie.

Il devient ensuite chef du Service Maintenance du Bataillon du Quartier général de l'armée avant d'être nommé à la tête de l'Etablissement central de matériels de l'armée de terre, poste qu'il occupera jusqu'à son départ à la retraite le 1er janvier 2000.

Parallèlement à sa brillante carrière militaire, le colonel Bassoma a consacré l'essentiel de son temps à l'histoire de son pays et de son peuple. Pour lui, le fait que les peuples de la Corne soient de tradition orale explique l'absence de traces écrites de leur histoire pré coloniale. Ces traces-là, il ira les chercher où elles se trouvent. Au gré des voyages, Bassoma , l'officier devenu historien hantera les musées et les bibliothèques anciennes, accumulant une pile de précieux documents qui lui auront coûté une fortune.

Travailleur acharné, Hassan Bassoma fut aussi un homme attachant. Patriote sincère, il aimait son pays et son peuple. Chevalier de la Grande Etoile de Djibouti et officier de l'ordre national du 27 Juin, le colonel Hassan Bassoma Hassan avait été élevé au rand d'Officier de la Grande Etoile de Djibouti le 6 juin 1995.

En 2005, dans une interview accordée à La Nation, Hassan Bassoma avait dit la chose suivante : " J'ai fait des recherches sur toutes les communautés djiboutiennes sans distinction ethnique en sachant que tout ces peuples ont la même origine, à part quelques petites différences sans importances. A l'époque de " Mamlakal Madal ", tous les habitants de cette région ne formaient qu'un seul et même peuple.

Sachez en tout cas que ceux qui pensent que l'histoire de Djibouti est introuvable se trompent énormément. Pour vous en convaincre, consultez les douze questions que j'ai adressées aux citoyens par l'intermédiaire de votre journal.

J'ai même plusieurs fois proposé à la télévision d'organiser des débats sur l'histoire avec la participation des anciens. En vain. La plupart des vieux sont morts et je pense que c'est une grande perte pour tous les citoyens et pour le pays. "

Il avait encore des tas de choses à nous dire. Mais en cette tragique matinée du 27 octobre 2006, sa route a croisé celle d'un chauffard éthiopien. Paix à votre âme, colonel.