Hôpital de Bavière

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Ancien grand hôpital de Liège, situé dans le quartier d'Outremeuse, l'hôpital de Bavière aujourd'hui en partie démoli, a été scindé en deux grands centres hospitaliers: le Centre Hospitalier Régional de la Citadelle et le Centre Hospitalier Universitaire du Sart Tilman.

Sommaire

[modifier] La naissance

Le Pont Saint Nicolas et le "Vieux Bavière" en 1865.
Le Pont Saint Nicolas et le "Vieux Bavière" en 1865.

En 1602, le prince-évêque Ernest de Bavière reconnaît officellement la Constitution de la Compagnie ou Confrérie de la Miséricorde chrétienne, en lui assignant des charges charitables et sanitaires. Il lui fait don le 16 septembre 1603 d'une propriété qu'il possède en Outremeuse, construite au bord de la rivière par Bernardin Porcini, un banquier lombard anobli par Charles Quint. Cet immeuble était connu sous le nom de Maison Porquin.

L'hôpital fut ouvert en 1606. Le nom de Bavière fut retenu par les Liégeois et aller à Bavîre[1] devint synonyme d'aller à l'hôpital.

En 1608, après l'acquisition de terrains et de maisons voisines, la construction d'une chapelle, la Maison Porquin se trouva au centre d'un vaste domaine baigné par les eaux du biez de Saucy[2].[3]

Sous l'administration de la Compagnie de la Miséricorde, l'hôpital se composait de deux vastes salles des malades, très difficiles à aérer, les sœurs, elles, occupant la Maison Porquin et une infirmerie qui sera transformée en 1652 en salle d'hospitalisation pour femmes . L'ensemble étant desservi par un aumônier, deux puis quatre médecins, des religieuses et leurs servantes.

Extrait du règlement émanant du prince-évêque Ernest de Bavière:

" On n'admettra dans cette maison[4]que les pauvres de l'un et de l'autre sexe, malades ou infirmes mais qui ne sont déshonorés, ni par leur vie, ni par leur famille. Nous excluons ceux qui ne sont pas de la Ville de Liège, à moins que quelqu'un ne veuille pourvoir à l'entretien... Nous excluons ... ceux qui souffrent d'un mal incurable, contagieux, infâme, contracté soit par leur propre faute, soit par leur lasciveté et ceux dont la vieillesse fait désespérer de ... leur rétablissement, les enfants et les mendiants publics, les insensés...; enfin les femmes enceintes. Nous ordonnons que celles-ci soient reçues dans d'autres hospices."

[modifier] La solidarité succède à la charité

Ancienne salle de garde de l'hôpital des sœurs de l'ordre de Saint-Augustin.
Ancienne salle de garde de l'hôpital des sœurs de l'ordre de Saint-Augustin.

Après la révolution, en l'an V, la gestion fut confiée à la Commission des Hospices Civils.

En 1799, la pharmacie de Bavière devient la pharmacie générale des Hospices civils de Liège.
Dès 1802, on nomme le premier pharmacien de Bavière. Il assiste chaque jour aux visites des médecins, écrit les ordonnances, exécute le jour même les préparations pharmaceutiques, tient la comptabilité et administre les clystères aux malades de son sexe. Attaché à l'hôpital il ne peut s'en absenter sans consentement de la direction.

Les precriptions de vins sont courantes: le premier trimestre 1809, le seul docteur Dupont prescrit pas moins de 271 bouteilles de Bourgogne, 92 de Muscat, 9 de Moselle et 11 de vin du pays.

Le règlement des admissions a lui aussi été modifié: dorénavant ne sont pas admis les vénériens, les galeux, les malades chroniques ou incurables, les filles ou femmes enceintes, les épileptiques ou les déments.

[modifier] La Faculté de Médecine de l'Université de Liège

Entrée et chapelle de Hôpital de Bavière avant 1890.
Entrée et chapelle de Hôpital de Bavière avant 1890.

Le gouvernement hollandais y installe en 1817 la faculté de médecine de l'Université de Liège et dès 1849, l'hôpital civil de Bavière ainsi que celui de Gand serviront à l'enseignement clinique médical et chirugical ainsi qu'à la pratique de l'accouchement. En 1853, on commence à y accueillir des enfants.

Le réglement d'ordre intérieur edicté par la Commission administrative des Hospices civils de Liège en 1869 comporte pas moins de 254 articles dont:

"Art. 197 : En aucun cas, l'eau d'un bain ou d'une douche qui a déjà servi, ne peut être employée pour d'autres malades..."
"Art. 221 : Chaque malade couche seul."
"Art. 243 : Après la mort d'un malade dûment constatée...un cordon sera attaché à l'un de ses bras (et relié à une sonnette) pour donner l'éveil dans le cas où la mort n'aurait été qu'apparente."

La Maison Porquin devenue trop exigüe pour l'enseignement universitaire et les nouveaux besoins hospitaliers, l'administration des Hospices Civils décide en 1890 de la construction d'un nouvel hôpital sur le site des Prés Saint-Denis, entre le boulevard de la Constitution et la rue des Bonnes-Villes : il fut inauguré par Léopold II en 1895.

[modifier] Déménagements, démolitions et réhabilitation

Liège (Outremeuse):Entrée de l'ancien hôpital de Bavière(fin 2007)
Liège (Outremeuse):
Entrée de l'ancien hôpital de Bavière
(fin 2007)

Après des décennies de coexistence, l'Université de Liège et le CPAS de Liège, malgré de nouveaux aménagements, décident, devant l'impossibilité d'adapter l'hôpital aux nouvelles techniques, de construire chacun leur propre centre hospitalier.

L'université opte pour le site du Sart-Tilman et le CPAS établira le CHR sur le site de la Citadelle.

Durant deux ans, de 1985 à 1987, on déménagera tous les services et le site de Bavière sera démoli. Il ne subsiste aujourd'hui que la chapelle, l'entrée de 1895 et le bâtiment de stomatologie datant du début du 20e siècle.

Après avoir été laissé à l'abandon durant plus de 15 ans et après divers projets n'ayant jamais vu le jour, ce chancre urbain est sur le point de renaitre sous la forme d'un vaste projet immobilier de 100 millions d’euro mené par la société anversoise Himmos. Les premiers travaux, débutés fin 2007, ont consisté en nettoyage du site, la plantation d'arbres et la démolition de quelques maisons attenant au bâtiment de stomatologie. Le site abritera principalement des immeubles d'habitations. L'ancienne entrée et la chapelle, classés, ainsi que le bâtiment de stomatologie, seront restaurés et réhabilités. Le projet devrait arriver à terme vers 2015.[5]

[modifier] Notes et références

  1. wallon = litt. aller à Bavière
  2. ancien bras de la Meuse
  3. Denise Christoffel, in La Vie Liégeoise vol 11, Echevinat du Commerce et du Tourisme de la Ville de Liège, Liège, 1975.
  4. hospice
  5. Proxi-Liège -L'info liégeoise en ligne


[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Albert Maréchal, Episode de la Médecine liégeoise: l'hôpital de Bavière, Vol VII
  • Demonceau, L'influence française dans le domaine de la pharmacie hospitalière à Liège, sus la République et l'Empire, Hôpital de Bavière, Liège.