Utilisateur:Guilhem/Brouillon/Alexandrin espagnol

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En poésie espagnole, un alexandrin est un type de vers qui tire son origine de l'alexandrin français, dont il diffère par le nombre de syllabes. Il se compose de deux hémistiches heptasyllabes, totalisant donc quatorze syllabes métriques : il s'agit donc d'un vers compuesto de arte mayor, c'est à dire d'un vers composé de plus de neuf syllabes métriques, en plus de contenir deux hémistiches.

Son emploi, très fréquent au Moyen Âge dans la cuaderna vía, strophe caractéristique du Mester de clerecía, décline à compter du XVIe siècle, il réapparaît à la fin du XVIIIs siècle, pour retrouver un certain éclat à l'époque romantique, et jouit d'une certaine aura chez les modernistes.

[modifier] La mesure du vers en espagnol

La métrique espagnole est très complexe et établit une distinction fondamentale entre les syllabes phoniques et les syllabes métriques : le nombre de ces dernières déterminent le mètre du vers. L'accent métrique est toujours porté par la dernière syllabe phonique accentuée. De sa position dépend le nombre de syllabes métriques.

Il existe en espagnol trois types de mots, selon l'accentuation :

  • les mots oxytons (palabras agudas ou oxítonas), accentués sur la dernière syllabe.
    exemples : mujer, cantar,...
  • les mots paroxytons (palabras llanas ou paroxítonas), accentués sur l'avant-dernière syllabe.
    exemples : hombre, palacio,...
  • les mots proparoxytons (palabras esdrújulas ou proparoxítonas), accentués sur l'antépénultième syllabe.
    exemples : jóvenes, águila,...

On obtient le nombre de syllabes métriques en ajoutant une syllabe (fictice) à la dernière syllabe phonique accentuée de chaque hémistiche (pour les vers composés ; pour les autres, seul la dernière syllabe du vers est prise en compte) : dans un alexandrin la sixième et la treizième. Dans le cas des vers terminés par un mot :

  • oxyton : c'est la dernière syllabe du mot qui est accentuée. On rajoute alors une syllabe métrique.
    exemple : le mot mujer placé à la fin d'un vers ou d'un hémistiche se compose de deux syllabes phonique (mu/jer), mais compte pour trois syllabes métriques.
  • paroxyton : c'est l'avant-dernière syllabe du mot qui est accentuée. Le nombre de syllabes phoniques correspond au nombre de syllabes métriques.
    exemple : le mot hombre placé en fin de vers ou d'hémistiche contient deux syllabes phoniques (hom/bre), comptant pour deux syllabes métriques.
  • proparoxyton : c'est l'antépénultième syllabe du mot qui est accentuée. Pour obtenir le nombre de syllabes métriques, on retranche une syllabe phonique.
    Exemple : le mot águila placé en fin de vers ou d'hémistiche contient trois syllabes phoniques, comptant pour une syllabe métrique.

Exemples de vers alexandrins (le signe "/" marque la césure) :

  • vers oxyton : Si tú aquí me dexas / recibré gran pesar (Libro de Apolonio, vers 253c).
    Le vers se compose de treize syllabes phoniques : si / tú / a / quí / me / de / xas / re / ci / bré / gran / pe / sar. La dernière syllabe phonique accentuée est la treizième, -sar, ultime syllabe du mot oxyton pesar. En ajoutant une syllabe métrique, on obtient bien quatorze syllabes métriques, donc un alexandrin.
  • vers paroxyton : Bien sabes commo somes tu mortal enemigo (Libro de buen amor, vers 1191a).
    Le vers se compose de quatorze syllabes phoniques : bien / sa / bes / com / mo / so / mes / tu / mor / tal / e / ne / mi / go. La dernière syllabe phonique accentuée est la treizième,
    -mi-. En ajoutant une syllabe métrique, on obtient bien quatorze syllabes métriques, c'est à dire autant que de syllabes phoniques : on est en présence d'un alexandrin.
  • vers proparoxyton : vers 2298 alex 2615


le nombre de syllabes métriques correspondant à celui des syllabes grammaticales. Exemple : al día siñalado (Libro de Alexandre, vers 137a) est un vers paroxyton composé de sept syllabes grammaticales (al/dí/a/si/ña/la/do) correspondant à sept syllabes métriques. si le dernier mot de l'hémistiche est proparoxyton : on retranche une syllabe métrique au nombre de syllabes grammaticales. Exemple : Non se pagan de arávigo (Libro de Buen Amor, vers 1517b) est un vers proparoxyton composé de neuf syllabes grammaticales (non/se/pa/gan/de/a/rá/vi/go), comptant pour sept syllabes métriques (la syllabe -go ne compte pas, de plus, il y a synalèphe entre de et arávigo - fusion de de et a- en une seule syllabe).

[modifier] Bibliographie

  • PLATAS TASENDE, Ana María, Diccionario de términos literarios, Madrid, Espasa Calpe, 2000.
  • PARDO, Madeleine, PARDO, Arcadio, Précis de métrique espagnole, Paris, Armand Colin, 2005.

[modifier] Voir aussi

[[Catégorie:Versification]] [[Catégorie:Littérature espagnole]]

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