Guildford Four

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Les Guildford Four étaient composés de Paul Hill, Gerry Conlon, Patrick (Paddy) Armstrong et Carole Richardson, qui furent condamnés à tort en octobre 1975 au Royaume-Uni pour l'attentat du pub de Guildford, qui fit cinq morts et plus de cent blessés. Ils passèrent plus de quinze ans en prison, et durent attendre seize années de plus pour que le Premier ministre britannique Tony Blair présente publiquement des excuses (le 9 février 2005).

Sommaire

[modifier] En bref

Il n'y a jamais eu le moindre indice d'appartenance des quatre jeunes gens à l'IRA – à commencer par leur mode de vie. Patrick Armstrong et Carole Richardson vivaient dans un squat et leurs seuls démêlés concernaient la consommation de drogue et de petits délits.

Au cours de leur procès, les Guildford Four déclarèrent avoir été torturés par la police jusqu'à ce qu'ils signent des aveux. Après qu'ils furent reconnus coupables de meurtre et condamnés à des peines de prison à vie, le juge exprima son regret que le chef d'accusation ne fût pas la trahison, qui était alors passible de la peine de mort.

Lors du procès du Balcombe Street gang en février 1977, les quatre membres, tous appartenant à l'IRA, demandèrent à leurs avocats « d'attirer l'attention sur le fait que quatre innocents avaient été condamnés à de lourdes peines » pour trois attentats à Guildford et Woolwich. Ils n'ont jamais été inculpés de ces actes. Cependant, aucun indice n'a jamais été rapporté concernant leur implication dans les attentats, ils n'ont jamais admis de responsabilité personnelle et l'IRA n'a jamais donné les noms des poseurs de bombes.

Les Quatre de Guildford tentèrent en vain d'ouvrir un procès un appel conformément à la section 17 du Criminal Appeal Act de 1968. En 1987, le Ministère de l'Intérieur reconnut dans un mémorandum que leur culpabilité était improbable, mais que cela ne suffisait pas à ouvrir un appel.

[modifier] Nouveaux éléments et procès en appel

En 1989, un enquêteur découvrit d'importantes modifications apportées aux notes dactylographiées des interrogatoires de Patrick Armstrong. Des passages avaient été supprimés, d'autres avaient été ajoutés et l'ensemble des notes avait été remanié. Ces notes et leurs amendements étaient identiques aux notes manuscrites et dactylographiées présentées au procès, ce qui suggérait que les notes manuscrites avaient été écrites après les interrogatoires. En conclusion, la police avait manipulé les notes pour les rendre conformes avec la version de la réalité qu'elle voulait présenter.

Ces nouveaux éléments permirent d'ouvrir un procès en appel. Le Lord Chief Justice déclara que la police avait soit

  • totalement fabriqué les notes dactylographiées en les modifiant pour les rendre plus vraisemblables, puis ajouté des notes manuscrites pour leur donner l'apparence de notes contemporaines; ou
  • dactylographié les notes manuscrites pour les rendre plus lisibles, puis modifié ces dernières avant de les retranscrire en notes manuscrites.

Dans les deux cas, la police avait menti et il était évident que les Quatre de Guildford devaient être libérés. Gerry Conlon, Patrick Armstrong et Carole Richardson furent immédiatement libérés, alors que Paul Hill devait attendre encore quelques jours avant de sortir de prison. Il ne fut définitivement innocenté qu'en 1994 du meurtre d'un soldat britannique en Irlande du Nord, dont il avait aussi été fallacieusement accusé.

[modifier] Après l'appel

L'autobiographie de Gerry Conlon, Proved Innocent, fut adaptée en 1993 dans le film Au nom du père, avec Daniel Day-Lewis, Emma Thompson et Pete Postlethwaite.

[modifier] Autres innocents

Si l'on évoque les Guildford Four, on doit aussi parler des Maguire Seven. Ce sont les membres de la famille de Gerry Conlon, dont son père Giuseppe, sa tante et ses cousins de 14 et 16 ans. Ils furent également emprisonnés dans le cadre de la même affaire, la plupart pour fabrication ou détention d'explosifs. Giuseppe Conlon mourut en prison.

Autres boucs émissaires d'un système judiciaire britannique qui avait besoin de trouver rapidement des coupables, les Birmingham Six (Hugh Callaghan, Patrick Hill, Gerard Hunter, Richard McIlkenny, William Power and John Walker) connurent un sort presque identique. Accusés de l'attentat de Birmingham, ils restèrent en prison de 1975 à 1991.