Guerre franco-chinoise
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Guerre franco-chinoise | |
Informations générales | |
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Date | de septembre 1881 à juin 1885 |
Lieu | Chine, Taiwan et Viêt Nam |
Issue | Victoire française |
Belligérants | |
France | Chine Pavillons noirs |
Commandants | |
Forces en présence | |
15 000 - 20 000 hommes | 25 000 - 35 000 hommes |
Pertes | |
2 100 morts ou blessés | 10 000 morts ou blessés |
Batailles et sièges | |
Bataille de Fuzhou, Siège de Tuyên Quang, combat de Shipu, bataille du col de Zhennan |
La guerre franco-chinoise opposa la France de la Troisième République à la Chine de la dynastie Qing entre septembre 1881 et juin 1885. Elle éclata parce que les Français tentaient de prendre le contrôle du fleuve Rouge qui reliait Hanoï à la riche province du Yunnan en Chine.
Cet épisode militaire fait partie du « dépeçage de la Chine » mené par les puissances européennes pendant le deuxième moitié du XIXe siècle. C'est un enjeu majeur de la politique coloniale française qui souhaitait acquérir des positions fortes dans le sud de la Chine.
Surtout, la victoire française avec la reconnaissance de son protectorat sur l'Annam et le Tonkin, s'ajoutant à la Cochinchine déjà occupée dix ans plus tôt et au Cambodge, conduisit à la création de l'Indochine française.
Sommaire |
[modifier] Les origines de la guerre
[modifier] La conquête française de l’Indochine
La conquête française de l’Indochine fut entreprise par Napoléon III sous le Second Empire, et systématisée par Jules Ferry sous la Troisième République. De premières tentatives d'occupation eurent lieu dans le delta du Mékong. La France depuis 1860 s'était lancée dans une politique active de colonisation en Extrême-Orient. Dès les années 1862, un premier traité de Saigon signé avec l'empereur d'Annam reconnaissait la souveraineté des Français sur les provinces du Sud, qui formèrent la Cochinchine.
[modifier] Le déclenchement de l’affrontement
Bien qu'un deuxième traité de Saigon signé en 1874 ouvrît le fleuve Rouge à la libre circulation, les pavillons noirs harcelaient les navires de commerce français au début des années 1880. Cette milice levé par Liu Yongfu (un Chinois zhuang, ancien rebelle Taiping) gênait fortement le commerce français.
Aussi, le gouvernement français, en la personne de Jauréguiberry, ministre de la Marine, envoya un petit corps expéditionnaire au Tonkin pour nettoyer la vallée du fleuve Rouge des pavillons noirs. La cour de l'empereur Qing vit l'arrivée de cette armée européenne comme une menace pour ses frontières, éleva une protestation et se prépara à la guerre.
[modifier] La prise du Tonkin
Les Français, avec trois canonnières et sept cents hommes, commandés par le capitaine de vaisseau Henri Rivière, prirent la citadelle d’Hanoï, capitale du Tonkin, le 25 avril 1882, comme l'avait fait Francis Garnier en 1873. Le 27 mars 1883, il prit Nam Định, mais la faiblesse des effectifs dont il disposait entraina une tragique répétition des événements de 1873[1].
En mai 1883, les pavillons noirs encerclèrent Hanoï. Rivière fit une sortie le 16 puis une autre le 19 au cours de laquelle il fut tué. La mort de Rivière déchaîna les sentiments bellicistes de la Chambre des députés à Paris.
Le 25 août 1883, par le traité de Hué, l'empereur d’Annam cédait le Tonkin à la France sous la forme d'un protectorat. La Chine rejeta le traité, et envahit la province du Tonkin. Bien que aucun des deux pays n'avaient formellement déclaré la guerre, les opérations militaires commencèrent à l'automne 1883. Les forces fluviales françaises s'emparèrent des citadelles de Bắc Ninh, Sơn Tây et Tuyên Quang.
[modifier] La guerre
Les 11 mai et 9 juin 1884, la Chine reconnaissait le traité de Hué par le traité de Tianjin, et donc le protectorat français sur l'Annam et le Tonkin.
Cependant, en juin 1884, les forces chinoises attaquèrent une colonne française à Bac Le. Cette colonne avait été envoyée pour occuper le pays, en accord avec le traité. Cela conduisit à une extension de la guerre.
Bien que les commandants des forces terrestres et navales françaises aient fortement sollicité une attaque directe de Pékin, la capitale des Qing, le Premier ministre Jules Ferry restreignit les opérations à l'Indochine et au sud de la mer de Chine, craignant qu'une telle agression provoque une réaction des autres puissances européennes, et particulièrement du Royaume-Uni et de la Russie.
[modifier] La bataille de Fuzhou (août 1884)
La marine française, sous le commandement de l'amiral Amédée Courbet, bloqua les ports de Chilung et Tanshui sur l'île de Taiwan, avant de tenter un débarquement contre les troupes impériales (dans lequel Joseph Joffre, futur maréchal de France, participa en tant que capitaine du génie).
En août 1884, la bataille de Fuzhou vit la destruction en une demi-heure de la marine chinoise ancrée dans cette rade et récemment construite sous la supervision d'un Français, Prosper Giquel. D'octobre 1884 à juillet 1885, les forces françaises occupèrent Chilung, et à partir du 29 mars 1885 les Pescadores, chapelet d'îles au large de Taiwan.
Au Tonkin, la mousson mettait fin aux offensives françaises, permettant aux Chinois d'avancer dans le delta. Ils firent le siège de la forteresse de Tuyên Quang, qui fut défendue par un bataillon de la Légion étrangère pendant trente-six jours. Cette bataille est toujours célébrée dans la marche officielle de la Légion.
[modifier] La bataille du col de Zhennan et la retraite de Lạng Sơn (février 1885)
Un corps expéditionnaire français composé de deux brigades marchèrent vers le haut Tonkin et conquit Lạng Sơn en février 1885. Une des deux brigades quitta la ville pour venir en aide aux assiégés de Tuyên Quang. Le commandant de la brigade restante cherchant à contrer l'offensive des Chinois, lança une attaque de l'autre côté de la frontière et fut défait à la bataille du col de Zhennan (ou bataille de Bang Bo). Se retirant sur Lạng Sơn, les Français stoppèrent une contre-attaque à la bataille de Kỳ Lừa. Cependant, le commandant étant blessé dans l'action, son remplaçant ordonna, peut-être sous l'effet de la panique, que Lạng Sơn soit rapidement abandonnée le 28 mars 1885.
La brigade fuit en désordre vers le delta du fleuve Rouge, abandonnant l'essentiel des gains réalisés durant la campagne de 1885.
[modifier] La chute du gouvernement Ferry
Ce revers militaire conduit le commandant du corps expéditionnaire, Louis Briere de l'Isle, à croire que le delta lui-même était menacé. Ses rapports alarmistes à Paris entraînèrent la chute du ministère Ferry.
Dans les jours suivant, Brière de l'Isle réalisa que la situation était moins compromise qu'il ne le pensait. Cependant, le nouveau gouvernement s'efforça de mettre fin aux opérations.
La défaite, que les Français appelèrent l'affaire du Tonkin, fut un scandale politique majeur pour les partisans de l'expansion coloniale. Ce ne fut que dans les années 1890 que le parti colonial repris l'ascendant dans l'opinion[2].
[modifier] L’Indochine française
Malgré cette retraite, les opérations terrestres virent le succès des Français au Tonkin, tandis que les victoires navales de la France forcèrent la Chine à reconnaître sa défaite.
Le traité mettant fin à la guerre fut signé le 9 juin 1885, la Chine reconnaissant le traité de Hué et abandonnant sa souveraineté sur l’Annam et le Tonkin.
La France était déjà présente en Cochinchine et au Cambodge. Avec l’Annam (et le Laos), elle contrôle tout l’est de la péninsule indochinoise. En 1891-1893 est créée la Confédération indochinoise, composée de la Cochinchine et des quatre protectorats. Ces territoires furent ensuite inclus dans l'Indochine française.
[modifier] Littérature
Pierre Loti embarque au mois de mai 1883 sur L’Atalante pour participer à la campagne du Tonkin. Il publie le récit, heure par heure, de la prise de Hué dans Trois Journées de guerre en Annam, texte qui paraît dans les colonnes du Figaro.
[modifier] Notes et références
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Pierre Loti, Trois Journées de guerre en Annam, éditions du Sonneur, 104 p. (ISBN 2-916136-04-5).