Grottes de Kizil

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Mécènes koutchéens, aux cheveux et aux yeux clairs, vêtus à la mode des Sassanides, fresque du VIe siècle, grottes de Kizil
Mécènes koutchéens, aux cheveux et aux yeux clairs, vêtus à la mode des Sassanides, fresque du VIe siècle, grottes de Kizil

Les grottes de Kizil[1], ou grottes des mille bouddhas de Kizil, sont les grottes bouddhiques les plus anciennes connues en Chine, les premières d'entre elles datant du IIIe siècle, un siècle environ avant celles de Mogao. Elles sont situées dans le bassin du Tarim, à environ 7 km au sud-ouest du village de Kizil, dans le district de Baicheng, région autonome du Xinjiang, sur la branche de la route de la soie qui contourne le désert du Taklamakan par le nord. Les fresques qu'elles renferment sont considérées comme les plus belles peintures murales d'Asie centrale.

Sommaire

[modifier] Histoire

Les grottes de Kizil sont des grottes artificielles creusées entre le IIIe et le VIIIe ou IXe siècle dans les escarpements de la rive nord de la rivière Muzat. Le développement de l'Islam dans la région a entraîné leur abandon avant le XIVe siècle, peut-être même dès le Xe siècle, ainsi que la destruction de toutes les statues, l'Islam interdisant les représentations figurées, assimilées à de l'idolâtrie[2].

Durant un millénaire environ avant la prise de Koutcha par les chinois en 658, la région a constitué un royaume indépendant, centre de commerce et de culture indo-européenne, le royaume de Guici (ou de Koutcha). Celui-ci possédait sa propre langue, le koutchéen[3], appartenant à la famille des langues indo-européennes, et ses propres styles de musique et de peinture. Le style des fresques a évolué avec le temps, celui des plus anciennes étant indo-européen, alors que les fresques les plus récentes ont adopté les règles stylistiques chinoises.

Diverses expéditions archéologiques, russes, japonaises et allemandes, visitèrent ces grottes dès le début du XXe siècle, et, selon les méthodes employées à l'époque pour préserver les œuvres d'art anciennes de la dégradation par les populations locales, emportèrent avec elles des objets et des documents, ainsi que des fresques découpées sur les parois des grottes. Les plus importantes furent les quatre expéditions allemandes menées entre 1903 et 1913 par Albert Grünwedel et Albert von Le Coq, qui rapportèrent ainsi en Allemagne 470 m² de peintures murales, conservées au Museum für Asiatische Kunst (musée d'art asiatique) de Berlin.

Le site a également souffert de dégradations commises lors de la Révolution culturelle, ainsi que de travaux de restauration et d'aménagement mal conduits au début du XXIe siècle.

[modifier] Description

Les grottes de Kizil forment un ensemble qui s'étend sur une longueur de plus de trois kilomètres, et sont étagées sur plusieurs niveaux. Certaines d'entre elles étaient utilisées pour le culte religieux, et d'autres pour le logement. On pouvait y accéder grâce à des plates-formes de bois reliées par des échelles. Sur les 236 grottes répertoriées, environ 80 seulement contiennent des fresques. Quelques-unes seulement sont ouvertes au public.

Le style des fresques des grottes les plus anciennes suggère l'influence de la culture du Gandhâra, royaume ancien qui s'était développé entre le Ier siècle av. J.-C. et le VIIe siècle en Afghanistan et au nord-ouest du Pakistan actuels.

Les thèmes bouddhistes représentés sur les fresques sont notamment ceux développés dans des Jâtakas - en particulier des fables bouddhiques comme celle du Roi des Ours offrant de la nourriture en aumône, ou du Roi des Éléphants se sacrifiant pour aider des pauvres - ou dans des Avadanas (suivant en cela l'exemple des grottes d'Ajantâ en Inde), et de nombreuses scènes de la vie du Sakyamuni, le Bouddha historique, et de divers personnages saints.

Des sujets profanes y sont également représentés, couvrant de nombreux domaines de la culture et de la vie quotidienne dans la région, comme des musiciens, des mécènes, des scènes de chasse, de pêche ou de travaux agricoles, des paysages, des animaux. On a pu ainsi considérer les fresques de Kizil comme une encyclopédie picturale de la culture du royaume de Guici.

[modifier] Notes et références

  1. Forme romanisée alternative : Qizil
  2. Si cette interdiction est respectée de façon stricte dans les espaces religieux, les représentations figurées sont cependant communes dans le domaine profane.
  3. Appelé aussi parfois tokharien B

[modifier] Sources

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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