Gorgias

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Gorgias (en grec ancien Γοργίας / Gorgías) de Léontium (ou Léontinoï) est né en Sicile, il fut élève d'Empédocle d'Agrigente avec qui il apprit la rhétorique. Sophiste, il enseignait l'art de persuader. On affirme qu'il vécut 108 ans !

Platon, dont les écrits forment le noyau autour duquel la philosophie et son histoire se sont cristallisées, a jeté un discrédit sur la pensée de Gorgias de telle sorte qu'aujourd'hui encore le qualificatif « sophiste » est péjoratif. Selon Athénée, Gorgias, ayant lu lui-même le dialogue qui porte son nom, a dit : « Comme Platon sait bien se moquer ! »[1] » Il serait néanmoins juste de revenir aux sources afin de découvrir l'importance de cette pensée — non seulement dans l'histoire de la philosophie mais aussi pour la pensée contemporaine.

Sommaire

[modifier] Gorgias penseur de l'Être et de la vérité

« Gorgias de Léontium appartient à cette catégorie de philosophes qui ont supprimé le critère de vérité. (...) Dans son livre intitulé Du non-être, ou de la nature, il met en place, dans l'ordre, trois propositions fondamentales : premièrement, et pour commencer, que rien n'existe ; deuxièmement que, même s'il existe quelque chose, l'homme ne peut l'appréhender ; troisièmement, que même si on peut l'appréhender, on ne peut ni le formuler ni l'expliquer aux autres. »
(Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 65)

Les arguments de Gorgias pour prouver que rien n'existe sont d'ordre logique: « s'il existe quelque chose, c'est ou l'être, ou le non-être, ou à la fois l'être et le non-être.» [ce qui en logique propositionnelle s'écrit ainsi : (pv¬p)v(p^¬p) ]

« Si le non-être existe, il sera et à la fois il ne sera pas (...). Or il est tout à fait absurde que quelque chose soit et ne soit pas à la fois. Donc le non-être n'est pas.
Si le non-être existe ainsi que l'être, le non-être sera identique à l'être du point de vue de l'existence : si bien qu'aucun des deux ne sera. Que le non-être n'existe pas, c'est admis ; démonstration a été donnée que l'être serait constituté comme lui, et ainsi, l'être lui-même n'existera pas. »

[modifier] Gorgias rhétoricien

À côté de la faiblesse de la vérité, Gorgias pose la force du langage, son pouvoir sur les esprits, par l'argumentation, et sur les émotions, par le rythme et les effets sonores. Ce pouvoir peut être bien ou mal utilisé, la technè rhêtorikè ne garantit ni n'élève la moralité de celui qui l'emploie, il s'agit d'un instrument neutre. En cela, Gorgias est le fondateur du pragmatisme rhétoricien, opposé à l'idéalisme philosophique à la manière de Platon (les leçons de Socrate conduisent ceux qui les écoutent à devenir meilleurs). Gorgias semble être l'un des premiers à développer l'idée que l'orateur peut aider les États à faire des choix politiques, parce que sa technè lui permet 1. d'analyser la situation, 2. de convaincre en vue de l'action.



En dehors de son traité d'ordre métaphysique dont Sextus Empiricus nous a conservé un extrait (voir ci-dessus), on possède de Gorgias deux courts plaidoyers, Pour Hélène et Pour Palamède. On peut y voir des exemples des procédés stylistiques et sonores dont il fait la théorie.

[modifier] Notes

  1. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] [lire en ligne], XI, 505, D.

[modifier] Liens externes