Gnaoua

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Gnaouas du Maroc 1920
Gnaouas du Maroc 1920
Musiciens Gnawas jouant Gambri et Qraqech
Musiciens Gnawas jouant Gambri et Qraqech
Musiciens Gnawas
Musiciens Gnawas

Les Gnaoua ou Gnawa sont les descendants d'anciens esclaves issus de populations d'origines d'Afrique Noire (Sénégal, Soudan, Ghana...) Il furent amenés par les anciennes dynasties qui ont traversé l'histoire du Maroc et en partie celles de l'Algérie et de la Tunisie, en commençant par l'empire Almohade pour les travaux et les bâtiments des palais et le renforcement des armées. La constitution en confréries des gnaouas à travers le Maroc s'articule autour de maîtres musiciens (les mâallems), des joueurs d'instrument (quasi exclusivement les qraqech (ou qrâqeb) – sorte de crotales – et le gambri), des voyantes (chouaafa), des médiums et des simples adeptes. Ils pratiquent ensemble un rite de possession syncrétique (appelé Lila au Maroc, Diwan en Algérie) et où se mêlent à la fois des apports africains et arabo-berbères pendant lequel des adeptes s'adonnent à la pratique des danses de possession et à la Transe.

Le festival d'Essaouira au Maroc est un haut lieu de rassemblement annuel de cette confrérie.

Sommaire

[modifier] Origines sacrées

Selon de vieux et rares érudits Gnaouis, la musique et les rituels Gnawas, tireraient leurs origines du Vaudou. Ces pratiques ont du se métamorphoser pour survivre et adopter l'islam comme religion afin d'assurer leur continuité (de même pour leurs cousins qui ont dû adopter le christianisme en Amérique).

Pendant la période coloniale, plusieurs chercheurs et anthropologues tentent de comprendre et de classifier le système religieux au Maghreb. Les Gnawa sont, dès la fin du XIXe siècle, identifiés comme une confrérie religieuse populaire dont les pratiques thérapeutiques sont l'héritage de cultes animistes subsahariens « importés » par les générations d'esclaves installés au Maroc.

En effet, les travaux sur le culte des saints maghrébins ou sur la traite négrière en terre d'islam ont tenté d'identifier la provenance de cette communauté et de ses pratiques rituelles en explorant l'origine du mot « Gnawa ». L'explication fournie par Maurice Delafosse en 1924, est restée pendant longtemps l'unique référence étymologique du mot et fut adoptée par des générations de chercheurs. Selon Delafosse, l'expression berbère akal-n-iguinaouen qui signifie pays des Noirs, aurait donné naissance au mot Guinée et au mot « Gnawa » par ressemblance phonétique. Gnawa, signifierait donc Homme noir ou venant du pays des Noirs.

Toutefois, en l'absence de données historiques probantes, seules cette parenté phonétique a permis d'appuyer l'hypothèse de l'origine subsaharienne de cette communauté et de ses rituels. Les chercheurs contemporains admettent qu'il est difficile aujourd'hui d'identifier l'origine des Gnawa à partir de leur nom, d'autant plus qu'ils ne sont pas tous noirs, arabes ou musulmans. Il existe également des Gnawa berbères et des Gnawa juifs. De même que d'autres confréries religieuses, dites d'anciens esclaves, apparentées aux Gnawa du Maroc, existent bel et bien mais sous des noms différents : en Algérie (Diwan), en Tunisie (Stambali), dans le Fezzan lybien (Sambali) et même en Égypte (Zar).

Afin de répondre à la question des origines de la communauté gnawa et de ses rituels, il est nécessaire de se tourner vers la structure du système religieux au Maroc et vers l'histoire de la traite négrière en terre d'islam. Ainsi, la fréquence des rencontres et des déplacements entre l'Afrique noire et blanche ne se limite pas aux échanges de communautés serviles. Ces échanges dans les deux sens n'ont pu que favoriser les relations entre les deux Afriques et préparer progressivement l'émergence de confréries telles que les Gnawa au Maroc, les Diwan en Algérie ou les Stambali en Tunisie. De même que les ressemblances certaines entre les pratiques rituelles des Gnawa et celles des confréries soufis marocaine prouvent une véritable parenté spirituelle qui exclue la thèse d'un syncrétisme où une religion extérieure se serait simplement accommodée à une religion dominante. Il s'agit de la constitution complexe et progressive d'une communauté et d'une pratique religieuse, sur une longue période, par « strates diverses et par apports semblables »[1]. Il est plus judicieux de parler ici, pour répondre à la question des origines de cette communauté et de ses pratiques, d'une « synthèse »[2], plutôt que d'une forme d'accommodation, de métissage ou de syncrétisme.

[modifier] Musique

Avec le tourisme important et les échanges artistiques entre le Maroc et l'Occident, La musique gnawa s'internationalise grâce des influences extérieures au Maghreb, pensons aux musiciens tels que Bill Laswell, Adam Rudolph, et Randy Weston, qui font souvent appel à des musiciens gnawas dans leurs compositions.

Cette musique gnawa enrichit les autres musiques du Maroc (dont le Rap marocain), mais aussi celles d'Algérie et des artistes franco-maghrébins (comme Gnawa Diffusion ou l'orchestre national de Barbès).

La notoriété musicale de la musique gnawa du Maroc sort de l'ombre son équivalente algérienne (la musique Diwane ou Gnawa d'algérie) qui connaît depuis peu un regain d'intérêt de la part de ses concitoyens.

Les puristes du genre musical craignent une dénaturalisation du style dû à des objectifs commerciaux parfois considéré comme excessifs. Des artistes comme Hassan Hakmoun, par exemple, organisent à grande échelle des spectacles pour touristes.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Jean-Louis Miège, « Remarques de géographie historique », in Abdelhafid Chlyeh (sous la dir.), L'univers des Gnaoua, Grenoble : Éditions La Pensée Sauvage 1999, pp. 11-24
  2. Majdouli Zineb, Trajectoires de musiciens gnawa , Paris : L'Harmattan 2007, pp. 123-141

[modifier] Quelques maîtres gnaoua « Mâalems Gnaoua »

  • Mâalem Iguider walid
  • Mâalem Boubker (Essaouira)
  • Mâalem Sam (Casablanca)
  • Mâalem Essaid Salmane (Marrakesh)
  • Hamid El Kasri
  • Abdeslam Alikane
  • Mâalem Seddik Smicka
  • Mustapha Bakbou
  • Allal Soudani
  • Hamsa Soudani
  • Hicham Merchane
  • Abderrahim Benthami
  • Abdeslam Belghiti
  • Hassan Boussou
  • Mahmoud Al Filali
  • Mahmoud Guinia
  • Maâlem Abdelkader
  • H'mida Boussou (Casablanca)
  • Mahjoub (Safi)
  • Abdellah Boulkhair El Gourd
  • Le defunt Maalem Damou Mohamed /Bechar/
  • Maalem Brahim Berrezoug dit /Garros/Bechar/

Artistes fusion

[modifier] Lien interne

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Aydoun, Ahmed, Musiques du Maroc, Casablanca : Éditions Eddif, 1992.
  • Chlyeh, Abdelhafid, Les Gnaoua du Maroc : Itinéraires initiatiques, Transe et Possession, Grenoble : Éditions La Pensée Sauvage, 1998.
  • Claisse, Pierre-Alain, Les Gnawa marocains de tradition loyaliste, Paris : Éditions L’Harmattan, 2002.
  • Delafosse Maurice, « Les débuts des troupes noires au Maroc», in Hespéris, Revue de l’Institut des Hautes Etudes Marocaines, Tome 3, 1923.
  • Delafosse, Maurice, « Les relations du Maroc avec le Soudan à travers les âges », in Hespéris, Revue de l’institut des Hautes Etudes Marocaines, Tome 4, 1924.
  • Dermenghem, Emile, Le culte des saints maghrébins, Paris : Éditions Gallimard, 1954.
  • Doutté, Edmond, La société musulmane du Maghrib : Magie et religion dans l’Afrique du Nord, Alger : Éditions A. Jourdain, 1909.
  • Doutté, Edmond, « Essai sur l’histoire des confréries marocaines », in Hespéris, Revue de l’Institut des Hautes Etudes Marocaines, Tome 1, 1921.
  • Hell, Bertrand, Possession et chamanisme : Les maîtres du désordre, Paris : Éditions Flammarion, 1999.
  • Lapassade, Georges, La transe, Paris : Presses Universitaires de France, 1990.
  • Lapassade, Georges, Les rites de possession, Paris : Éditions Anthropos, 1997.
  • Majdouli, Zineb Trajectoires des musiciens gnawa, approche ethnographique des cérémonies domestiques et des festivals de musiques du monde, Paris : L'Harmattan, 2007
  • Michaux-Bellaire, Edouard, « L’esclavage au Maroc », in Revue du Monde Musulman, Volume IX, Paris : Éditions E. Leroux, 1910.
  • Miège, Jean Louis, Le Maroc et l’Europe, Paris : Presses Universitaires de France, 1961.
  • Miège, Jean-Louis, « Remarques de géographie historique », in Chlyeh, Abdelhafid (sous dir.) L’univers des Gnaoua, Grenoble : Éditions La Pensée Sauvage 1999.
  • Pâques, Viviana, La religion des esclaves, recherche sur la confrérie marocaine des Gnawa, Bergamo : Moretti et Vitali Editori, 1991.
  • Pâques, Viviana, L’arbre cosmique dans la pensée populaire et dans la vie quotidienne du Nord-Ouest africain, Paris : Éditions L’Harmattan, 1995.
  • Renault, François ; Daget, Serge, Les traites négrières en Afrique, Paris : Éditions Karthala, 1985.