Germiyan

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La principauté (ou beylik, émirat) de Germiyan fut l'une des principales dynasties turcomanes, qui s'était établie en Anatolie à la fin du sultanat seldjoukides de Roum. Les sources historiques donnèrent souvent l'année 1283 comme date de fondation de cette principauté.

Au XIVe siècle, la principauté de Germiyan eut pour capitale Kütahya et devint la deuxième puissance régionale avec la principauté de Karaman. D'après l'historien britannique Steven Runciman, les émirats de Karaman et de Germiyan "prétendaient l'un et l'autre à l'héritage des Seldjoukides et voulaient tous deux instaurer un Etat régulier capable de soumettre les ghazis" (barons et chevaliers musulmans, frontaliers des marches byzantines).

Les princes de Germiyan refusèrent eux-mêmes de s'intituler ghazis, mais ils essayèrent de mettre un peu d'ordre parmi leurs nombreux vassaux ghazis, la plupart étant à l'origine des chefs militaires de l'émirat de Germiyan.

Dès 1360, les princes de Germiyan virent leurs anciens vassaux fonder à leur tour des émirats, souvent côtiers, privant l'émirat de Germiyan d'accès à la Mer Egée. Sa propre puissance commence, dès lors, à décliner.

Dès 1389, les princes turcs de l'Anatolie, notamment ceux des deux grands émirats de Germiyan et de Karaman, commencèrent à se rebeller contre l'ambitieuse dynastie ottomane. En 1390, le sultan ottoman Bayezid Ier réussit, par la dot de son mariage avec la princesse Devlet de Germiyan, à annexer le vaste territoire des princes de Germiyan. De son union avec Devlet de Germiyan, Bayezid Ier aura un fils, Mehmed, qui lui succédera sur le trône ottoman sous le titre de Mehmed Ier.

La dynastie de Germiyan est encore reconnue en Turquie comme une dynastie de vrais princes turcs dans leurs manières et leurs traditions, a contrario des souverains ottomans qui auraient délaissé leurs origines au profit des apports culturels européens, perses et arabes. Mais par leur mariage avec les sultans ottomans, les princes de Germiyan ont paradoxalement fait de leurs descendants les héritiers de leurs prestigieux rivaux ottomans.

[modifier] Le témoignage d'Ibn Battûta

Lors d'un de ses nombreux voyages, Ibn Battûta évoque son trajet en Asie Mineure, alors occupée par les émirats turcomans. Il dit redouter les "brigands djermiyan", réputés pour leur agressivité.

Dans son introduction aux voyages d'Ibn Battûta, le spécialiste Stéphane Yérasimos nuance fortement le point de vue du grand voyageur arabe : "Les Germiyanoglu [littéralement "fils de Germiyan", -oglu étant un suffixe musulman courant chez les Turcs] n'étaient pas plus brigands que les autres, puisqu'ils formaient, eux aussi, un émirat, le seul qu'Ibn Battûta ne dit pas avoir visité."

Stéphane Yérasimos rappelle néanmoins de l'émirat de Germiyan que "sa puissance et son agressivité, également attestée par d'autres sources, sont probablement à l'origine de sa réputation rapportée par [Ibn Battûta]." Il confirme enfin que l'encerclement et l'absence de débouchés maritimes ont condamné irrémédiablement l'émirat de Germiyan à l'inactivité et donc au déclin. Mais Stéphane Yérasimos indique qu'Ibn Battûta, à son arrivée à Lâdik (l'antique Laodicée de Lycos), actuelle Denizli, a rencontré "un souverain de la famille des Germiyanoglu auquel il ne trouve rien à reprocher."

[modifier] Bibliographie

  • Steven Runciman, La Chute de Constantinople 1453, coll. "Texto", éd. Tallandier, Paris, 2007.
  • Ibn Battûta, Voyages. De La Mecque aux steppes russes et à l'Inde, Introduction et notes de Stéphane Yérasimos, Tome II, coll. "Littérature et voyages", Ed. La Découverte, Paris, 2001.

[modifier] Lien externe