Georges-Tobie de Thellusson (1728-1776)

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Georges-Tobie de Thellusson est né le 18 janvier 1728 à Paris. Résident de la République de Genève à Paris, il poursuivit le commerce de la banque initié par son père Isaac de Thellusson (1690-1755) avec son oncle Isaac Vernet.

Jacques Necker (1732-1804), résident de la République de Genève à Paris, futur ministre des Finances de Louis XVI, débuta comme simple commis dans la banque Thellusson et Vernet à Genève tout d'abord puis à Paris, où il tenait les livres de compte. Il révéla toutes ses compétences lorsqu'un jour il remplaça le premier commis chargé de négociations à la bourse lors d'une opération majeure. Il la mena à bon terme, s'éloignant même des instructions laissées, et procura à cette maison un bénéfice de 500 000 livres. Ce jour-là il acquit la confiance des banquiers Thellusson et Vernet. Ils fonderont tous trois en 1756 la banque Thellusson, Vernet et Necker.

Lorsqu'en 1762 son oncle se retira, Georges-Tobie de Thellusson proposa à Jacques Necker de devenir son associé pour moitié. Ils fondèrent ainsi la banque Thellusson, Necker & Cie, qui gèrera les dépôts et comptes courants d'environ 350 clients étrangers, dont la plupart sont engagés dans les emprunts de la monarchie française. Ils firent rapidement fortune en spéculant sur les fonds anglais au moment de la paix de 1763, dont ils furent instruit d'avance par un employé aux affaires étrangères, en spéculant sur les blés et en prêtant au Trésor public. Puis Jacques Necker, ayant jugé avoir suffisamment fait fortune et ayant d'autres ambitions, céda toutes ses affaires à son frère Louis, connu sous le nom de M. de Germany, et associé de Girardot. Il se retira avec un capital de 6 millions de livres.

Hôtel de Thellusson. Par Jean-Baptiste Lallemand (1716-1803)
Hôtel de Thellusson. Par Jean-Baptiste Lallemand (1716-1803)

Georges-Tobie de Thellusson s'était marié avec Marie-Jeanne Girardot de Vermenoux (1736-1781), qui acquit en 1778 un terrain au 30 rue de Provence à Paris. En 1780, elle fit construire à cet emplacement un hôtel par Claude Nicolas Ledoux, architecte du roi, d’un luxe qu’on disait fabuleux. Le portail s’ouvrait par un arc de triomphe de 10 mètres de haut. Après sa mort en 1781, son fils aîné Jean-Isaac de Thellusson de Sorcy (1764-1728) fit achever l'hôtel. Étant de nationalité suisse, les Thellusson gardèrent la nue-propriété de l'hôtel sous la Révolution, mais ils n'en récupérèrent la jouissance qu'en 1797. Jean-Isaac le vendit en 1802 au prince Joachim Murat, qui l’échangea en 1807 à Napoléon Bonaparte contre l'Hôtel de l'Élysée (qui sera renommé Palais de l'Élysée) et un million de francs. Napoléon Bonaparte offrit l'hôtel au tsar Alexandre Ier qui y résida en 1818 après en avoir fait l'ambassade de Russie en France, où Charles-André Pozzo di Borgo, conseiller du tsar, y donna des bals prestigieux. L'hôtel de Thellusson fut détruit en 1824 pour prolonger la rue d'Artois (anciennement rue Lafitte) jusqu’à la rue Chantereine (anciennement rue de la Victoire).

[modifier] Sources

  • Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique (MM. Chaudon et Delandine, Paris, 1810)
  • Bibliographie historique de Genève au XVIIIe siècle (E. Rivoire, 1897)
  • La banque protestante en France (H. Lüthy, 1959-1961)
  • Les Thellusson, Histoire d'une famille du XIVe siècle à nos jours (Gabriel Girod de l'Ain, 1977)