Gardian

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Gardian en tenue d'hiver à la manade des frères Desfonds au début du XXe siècle.
Gardian en tenue d'hiver à la manade des frères Desfonds au début du XXe siècle.

On appelle gardian en Camargue un gardien d'une manade ou troupe de taureaux ou de chevaux élevée en semi-liberté et appartenant à un manadier [1]. Pour le Code du travail, le gardian est un ouvrier agricole.

Les gardians sont porteurs de vêtements spécifiques[2]. Leur outil est le trident, leur habitation la cabane de gardian.

Remarque : le féminin de gardian, gardiane, désigne, outre une cavalière posant au gardian dans certaines cartes postales, un plat typiquement camarguais à base de viande de taureau mariné. Le diminutif gardianette existe également. [3]

Sommaire

[modifier] La tenue du gardian

« Nous nous vêtirons à la mode gardiane », Elie Rul, Chant de guerre

Si la Confrérie des gardians existe depuis 1513, leur habit est cependant de création très récente. Au début du XXe siècle, « le gardian de Provence n'a(vait) pas de tenue particulière au métier », note Carle Naudot en 1945. Des cartes postales du début du XXe siècle montrent des gardians qui ressemblent davantage à des ouvriers agricoles qu'à des cowboys de l'Ouest américain.

C'est le Marquis de Baroncelli, promoteur du folklore camarguais dans la première moitié du XXe siècle, qui impose aux gardians amateurs un costume bien précis, afin de donner plus d'unité et d'allure à leur troupe lors des fêtes gardianes[4]. Ce costume comprend une veste de velours noir à soutaches, un pantalon en tissu « peau de taupe » avec liseré noir, une chemise imprimée de couleurs vives, une ceinture (taiolo), un grand chapeau de feutre noir (valergue), une cravate.

Même le type de monture est spécifié : un cheval de race Camargue uniquement. En croupe, une jeune Arlésienne coiffée.

Les étriers du gardian sont en forme de cage de façon à ce que le cavalier, en cas de chute, ne reste pas accroché et se dégage facilement.

[modifier] Le trident du gardian

L'outil de travail du gardian est le trident de fer, long bâton de frêne ou de châtaignier armé d'une douille conique en fer. C'est avec cet instrument que le bouvier se fait obéir du taureau.

[modifier] La cabane du gardian

Cabane tout en roseaux d'un gardian en Camargue au début du XXe siècle.
Cabane tout en roseaux d'un gardian en Camargue au début du XXe siècle.

Héritières des premières cabanes d'habitation apparues au XVIe siècle [5]en Camargue et apparentées aux cabanes de roseaux qui parsemaient au XIXe siècle le littoral languedocien et roussillonnais, les cabanes de gardians étaient construites à l’aide des matériaux végétaux disponibles localement, et ce uniquement pour des raisons de coût. Les matériaux nobles, acheminés depuis les régions limitophes, étaient réservés à la construction des mas[6].

Des cabanes peu différentes servaient d'habitations permanentes ou saisonnières aux pêcheurs, bergers, agriculteurs, vanniers, sauniers qui travaillaient en Camargue. De celles-là, il ne reste que quelques clichés : le détail de leur architecture et leur nomenclature terminologique sont perdus.

La cabane de gardian du début du XXe siècle est un bâtiment à façade en pignon, à la toiture à deux versants inclinés de 45%, dont la partie exposée au mistral est en abside ou croupe de façon à donner le moins de prise possible à celui-ci.

Elle possède une armature de piquets verticaux en bois d'ormeau supportant des pannes sablières (areniés). Sur ces dernières, s'appuient les chevrons (travetos), lesquels reposent en haut sur la panne faîtière (arenié mestre). Celle-ci est soutenue par le pignon à l'avant et par un poteau montant de fond à l'arrière.

La couverture est faite de rangées de javelles de sagne (sagno ou roseau des marais) posées sur des lattes (ou coundorsos). Pour obtenir une meilleure étanchéité, une rangée de tuiles canal vient souvent coiffer le faîtage, et un enduit de mortier à la chaux (cacho-faio) est appliqué le long de ce dernier.

Les ouvertures sont étroites et il n'y a pas de fenêtre au nord. L'entrée au sud est toujours en pignon. La cabane occupe une surface de 80 à 120 m2 en moyenne.

Une cheminée est adossée contre la paroi intérieure du pignon.

La cabane s'allonge en fonction des besoins de l'habitant : soit pièce unique, l'occupant mangeant au mas, soit pièce à vivre et chambre. La chambre, séparée par un cloison de la pièce principale, occupe alors la partie arrondie ou culotte de l'édifice. Elle abrite un lit en forme de caisse, dit brèsso (fém.). La pièce à vivre, pour sa part, est simplement meublée : une table, deux bancs, quelques étagères et coffres. En pignon, un auvent sert aux tâches ménagères.

Devant certaines cabanes se dresse un poteau muni d'échelons appelé escalassoun, auquel le gardian monte pour surveiller son troupeau.

Il n'existe plus aujourd'hui de cabanes de gardians authentiques en dehors de celle qui a été remontée au Musée Arlaten à Arles (Bouches-du-Rhône). Les cabanes visibles actuellement ne sont que des pastiches des cabanes du début du XXe siècle. Avec leurs murs en dur blanchis, leurs larges baies, ce sont des résidences secondaires ou des chambres d'hôtel pour touristes.

[modifier] Notes et références

  1. La manade est aussi le lieu où pâture le troupeau de taureaux ou de chevaux.
  2. Le 17 avril 2008, une charte est signée au parc de Camargue sur la tenue des cavaliers et de leurs chevaux, prévoyant notamment de « privilégier au maximum les chevaux de type Camargue, au détriment de races nettement moins représentatives de Camargue. Les chevaux de couleur n'entrant pas dans le type devront être écartés, tout comme les chevaux ressemblant TROP à des chevaux de trait pour le "devant d'abrivado" ». « Le bon habit fait le vrai gardian », La Provence, 20 avril 2008.
  3. Cf la carte postale « EN PROVENCE - Gardians et Gardianettes des Saintes-Maries-de-la-Mer aux Fêtes Provençales », éditée entre 1915 et 1925.
  4. Folco de Baroncelli se serait inspiré soit de la veste russe de son ami Pranishnikoff - velours, passepoilée, revers de soie rouge -, soit de la veste noire portée par un certain M. Larnac lors de parties de chasse.
  5. Une carte ancienne du sud-est de la Camargue en 1534 montre, à l'une des embouchures du Rhône, un groupement de cabanes dont certaines sont en longueur (à l'instar des cabanes de la première moitié du XXe siècle) tandis que d'autres sont rondes avec un toit pointu en végétaux [1].
  6. Le mas camarguais est pour sa part construit en dur.

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