Gamal Al-Banna

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Gamal al-Banna est égyptien, né en 1920, et est le petit frère d’Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans.

C'est le grand oncle de Tariq Ramadan. Il se démarque par sa vision progressiste de l'Islam. Il a en particulier pris position concernant le port du hidjab (foulard islamique) considérant que l'important pour une femme était la décence et que le foulard ne faisait pas partie des fondements de l'Islam mais plus de la coutume.

Par exemple cet extrait d' interview de l'hebdomadaire francophone marocain Tel Quel :

  • Question : « L'islam progressiste, c'est possible ? »
  • Gamal El-Banna : « C'est même nécessaire. Et je vous rappelle que c'est l'esprit même qui a fondé l'Islam et lui a assuré sa diffusion originelle. Notre situation actuelle est une rétrogradation, un énorme saut en arrière. Regardez par exemple le cas particulier de la femme. Sa situation actuelle, à quelques exceptions près, est terriblement injuste. Elle était infiniment plus avantageuse, plus juste, aux premières heures de l'Islam, et cela ne posait de problème à personne. »

Gamal al-Banna s'oppose au conservatisme des cheikhs contemporains. Il les accuse de déformer l'esprit de l'Islam en se référant à tout bout de champ aux hadith (propos attribués au Prophète) plutôt qu'au Coran. « On ne peut pas se fonder là-dessus pour répondre aux préoccupations d'aujourd'hui : ce ne sont que des paroles rapportées, dont l'authenticité est souvent contestée et dont la signification est indissociable du contexte historique dans lequel elles ont été écrites au fil des siècles. »

Gamal al-Banna préconise au contraire une réinterprétation du Coran à la lumière du monde moderne, une religion qui ne délivre plus des règles de vie et des injonctions sur les moindres détails de la vie quotidienne, mais laisse à l'homme son libre arbitre et son autonomie. Il dénonce les services de fatwas électroniques qui « fournissent des solutions toutes faites, au lieu d'encourager la réflexion » (L'Express du 08/11/2004).

Néanmoins, s'il est critique envers l'islam actuel, il n'est pas pour autant complaisant avec l'Occident, et il a ces mots étonnants dans le journal egyptien Al Masri Al Yom : « Depuis le onze septembre, le terrorisme est devenu un nouveau moyen pour réaliser la justice et obtenir le droit. Tant que les sociétés américaines ou européennes, capitalistes et inhumaines, ne changeront pas, ce moyen sera utilisé. Il trouvera ses adeptes au cœur même des pays occidentaux. Les prochains meneurs seront des citoyens de ces pays, pas des islamo fascistes comme le prétend George Bush. » (d'après lepetitjournal.com, le journal des Français à l'étranger du 14 septembre 2006)

« Le Coran est un guide pour les croyants, pas une science exacte » plaide Gamal el-Banna, qui reproche aux islamistes et aux institutions religieuses, comme al-Azhar, de vouloir « appliquer à la lettre un islam inventé il y a plus de mille ans » en s'appuyant notamment sur les hadith (paroles et actes du prophète Mahomet, pas toujours authentifiés). « Des milliers de hadith ont été fabriqués au fil des siècles pour servir des intérêts religieux ou politiques. Cela n'a aucun sens de s'y référer pour répondre aux questions d'aujourd'hui », insiste Gamal el-Banna, qui se dit favorable à une réinterprétation du Coran.

Selon lui, il ne devrait par exemple pas être interdit de fumer pendant le Ramadan, puisque le tabac n'était pas connu à l'époque du Prophète. De la même manière, affirme-t-il, « le Coran ne dit pas que la femme doit porter le voile, seulement qu'elle doit cacher sa poitrine ». Jugé provocateur, ce discours reste confidentiel en Égypte. Face au commerce florissant des fatwas, Gamal el-Banna prêche de plus en plus dans le désert. (Le Figaro du 16 octobre 2006)

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