Gabriel Bounoure

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Gabriel Bounoure (1896-1969) est un écrivain français.

Salah Stétié l'a défini étant comme "l'un de ces esprits extraordinairement déliés, l'une de ces sensibilités à vif, faites de limpidité et de réserve obscure, à qui beaucoup doivent leur approche fascinée du poème."

[modifier] Activités littéraires

Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, il est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper en 1911. Après la guerre, il enseigne de nouveau à Quimper, puis à Madrid et à Guéret.

En 1923, il devient inspecteur de l'enseignement secondaire en Syrie et au Liban et, en 1928, inspecteur général des oeuvres françaises et conseiller pour l'instruction publique dans les Etats sous mandat.

Disciple d'André Suarès, critique en charge de la poésie pour La Nouvelle Revue Française, il contribua d'une manière décisive à faire reconnaître Max Jacob, Marcel Jouhandeau, Henri Michaux, Pierre Reverdy, Jean de Bosschère ou Jules Supervielle.

C'est lui encore qui sut au Liban déceler dans le jeune Georges Schehadé un grand poète et dramaturge d'expression française, lui qui, durant son séjour au Caire, soutint Edmond Jabès et son œuvre poétique, lui qui encouragea au Maroc les débuts en poésie d’Abdellatif Laâbi.

Il reste l'un des passeurs les plus notables entre la poésie orientale et la littérature française ; il fut encore le confident d'esprits aussi différents que Pierre-Jean Jouve, René Char, Salah Stétié, Jacques Derrida et Louis Massignon, sensible comme ce dernier à la mystique et à la poétique d'Orient. Il en gardera la nostalgie dans sa retraite bretonne de Lesconil où il s’installa en 1965.

Il publia un unique livre de son vivant, "Marelles sur le Parvis", dans la collection "Cheminements" que dirigeait Cioran. Henry Amer en rendit compte en ces termes, dans La Nouvelle Revue Française : " Rien de desséché ni d'aride dans ces pénétrantes investigations, mais un courant continu de métaphores qui font comprendre tout ce que les catégories de l'intelligence logique laissent échapper, et qui est pourtant l'essentiel. Ces métaphores jouent le rôle capital des mythes chez Platon qui savait bien que la meilleure des preuves est encore la preuve poétique. Ce livre nous restitue avec bonheur toute la splendeur mythique du poème, et le miracle est que le critique se fasse ici poète pour mieux éclairer l'objet de sa recherche et le sens de toute grande oeuvre de l'esprit. Aussi bien qu'un chef d'oeuvre critique, ce livre est un guide spirituel pour notre temps."[1].

[modifier] Activités politiques

Haut fonctionnaire, il a su fidèlement servir l'autorité française, mais aussi lui résister, lorsqu'il a estimé que celle-ci s'engageait dans une voie contraire à ses propres intérêts, voire en contradiction avec les valeurs qui en font le renom. Rallié de la première heure à l'appel du Général de Gaulle, il critique, en février 1952, la politique arabe de la France en Afrique du Nord dans sa correspondance privée. Après sa publication dans une revue égyptienne par son destinataire, (sans avoir donné son autorisation), Bounoure est mis dans l'obligation de se renier ou de renier son pays ; refusant alors de se dédire, il est démis de ses fonctions. A soixante-six ans, il entame une nouvelle carrière d'enseignement aux universités du Caire et de Rabat. Pour Gabriel Bounoure, la place centrale qu'occupe le Liban, où il crée en 1945 l'École supérieure des lettres, qu'il dirige avec Georges Schehadé comme secrétaire général, mais aussi la Syrie à laquelle il reconnaissait une place prépondérante dans le monde arabe, tient d'une part à la durée de son séjour dans ces pays — de 1923 à 1952—, et d'autre part à ses liens anciens et affectifs avec l'Orient à travers les romantiques, Gérard de Nerval tout particulièrement.

[modifier] Œuvres

  • Louis Massignon, avec un texte de Salah Stétié, Fata Morgana, 2008
  • Vergers d'exil, Geuthner, 2004
  • Fraîcheur de l'Islam, Fata Morgana, 1995
  • Le silence de Rimbaud, Fata Morgana, 1991
  • Le Darçana d'Henri Michaux, Fata Morgana, 1989
  • Pierre-Jean Jouve, Entre abîmes et sommets, Fata Morgana, 1989
  • René Char, Céreste et la Sorgue, Fata Morgana, 1986
  • Edmond Jabès, La demeure et le livre, Fata Morgana, 1985
  • Marelles sur le Parvis, Collection "Cheminements", Plon 1959