Gérard Petitjean

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Gérard Petitjean est un journaliste.

Né le 4 septembre 1944 au sein d’une famille d'origine modeste et parisienne, Gérard Petitjean a passé une grande partie de sa jeunesse à Nantes. Il adopte à l'époque les valeurs politiques, plutôt traditionnelles, de son milieu familial.

A partir de 1962, il suit des études d’histoire à la Faculté de Nantes. Tout en terminant sa licence, il passe un an à enseigner l’histoire et la géographie comme maître-auxiliaire dans le lycée d’une petite ville de Loire-Atlantique. Il y perd tout désir de faire carrière dans l’enseignement et cherche alors dans le journalisme de nouvelles perspectives professionnelles. En 1966, il réussit à intégrer le CFJ. Il y effectuera un stage au Ministère de l’Education Nationale durant lequel il acquiert une connaissance des questions scolaires qui lui vaudra d’être sollicité par Le Figaro alors même qu’il est encore au service militaire (1969).

À sa sortie de l’armée en 1970, il intègre donc le quotidien pour y traiter des questions d’École et d’Université. Mais ce travail ne signifie en rien son adhésion à la ligne politique d’un journal dont les orientations politiques le mettent plutôt mal à l’aise. Mai 68 a marqué chez lui une certaine inflexion de ses orientations politiques. Il a amorcé une ouverture vers les idées professées par la gauche. C'est alors qu’il est contacté par Jean Daniel pour venir traiter des questions scolaires et universitaires au Nouvel Observateur.

S’inscrivant dans un contexte de grandes tensions entre la direction et les leaders de la contestation interne de l'hebdomadaire, sa venue correspond à une volonté de professionnaliser et de dépolitiser une rédaction dont le porte-parole (René Backmann) est provisoirement mis au placard.

Récupérant la rubrique Education que ce dernier souhaitait abandonner, il est titularisé après un mois d’essai au sein d’un service société où il se lie surtout avec Claude-François Jullien. Mais dès son arrivée, il ressent la nécessité de mettre à jour ses connaissances par de nombreuses lectures dans divers domaines (psychanalyse, sociologie, biologie). Ainsi, à côté de l’actualité de certains sports (tennis, nautisme) et de problèmes d’environnement ou de logement , il rend compte de travaux scientifiques touchant à des sujets qui, comme l’hérédité (Des cerveaux sans ancêtres, 11 avril 1977) ou les surdoués (Des têtes grosses comme ça, 8 mai 1978), sont utilisés par la Nouvelle Droite pour légitimer ses thèses héréditaristes et élitistes.

L’enseignement, de la maternelle à l’Université, n’en reste pas moins son principal domaine. Marquant sur ces questions une certaine affinité avec les thèses du S.G.E.N.-C.F.D.T. et du courant pédagogique aspirant à mettre l’enfant au centre du système éducatif, il n’hésite pas à critiquer les limites des méthodes officielles, à leur opposer des méthodes alternatives comme la méthode Freinet. Mais il doit faire face à un lectorat enseignant aussi important que sensible à ces positions. Ainsi, un article d’octobre 1978 dans lequel il critique certains dysfonctionnements et certaines pratiques dans l’école primaire lui vaut un abondant courrier des lecteurs émanant d’une campagne orchestrée par le S.N.I.. Il faut dire qu’il y mettait l’accent sur le rôle déstabilisateur joué par Mai 68 sur une institution ayant remis en cause son système traditionnel sélectif et méritocratique sans en substituer un autre.

Devant l’ampleur de la réaction et la mise en garde de Jean Daniel sur le fait que le journal ne pouvait pas « se mettre une profession à dos[1]», il se fend d’une réponse (Lettre aux instituteurs, 20 novembre 1978) dans laquelle il explique que l’École a, selon lui, pour mission de rendre les « enfants autonomes, libres, créateurs, prenant eux-mêmes en main leur scolarité, décontractés, bien dans leur peau  ». L’aspect autogestionnaire et qualitatif de sa conception de l’enseignement est donc très net même s’il lui arrive aussi de dénoncer plus prosaïquement les conditions de travail des professeurs et « le centralisme administratif français  » dans la gestion des personnels enseignants.

À partir de septembre 1979, il traite beaucoup moins de l’École, d’autres sujets (comme les conflits sociaux) attirant son intérêt. Politiquement, son approche “autogestionnaire” n’est sans doute pas étrangère à son engagement au sein du PS vers 1976/1977. Militant avec sa femme dans la section de Vanves, il y soutient les efforts du courant Rocard jusqu’à ce que, Francois Mitterrand arrivant au pouvoir, il ne se reconnaisse pas dans l’entourage présidentiel et rende sa carte.

Lassé par l’aspect extrêmement répétitif de son domaine, il cesse de traiter la question au début des années 1990. Il est rédacteur en chef-adjoint du service.

[modifier] Notes

  1. Entretien de Gérard Petitjean avec François Kraus le 8 juillet 2004.