Frottis de dépistage

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Cet article traite uniquement du frottis de dépistage pratiqué au niveau du col de l'utérus. Pour d'autres utilisations du terme frottis en médecine, voir l'article Frottis

Le frottis de dépistage est un examen médical simple, destiné à prélever des cellules provenant du col de l'utérus.

Le frottis de dépistage a été inventé par le docteur Georgios Papanicolaou (1883-1962), un Américain d'origine grecque, le "père" de la cytopathologie.

Contrairement à une idée répandue, le but de cet examen n'est pas de rechercher une infection comme une mycose ou une infection sexuellement transmissible telle que l'herpès, mais uniquement de rechercher des cellules montrant des signes de transformation précancéreuses (cellules dysplasiques) ou des cellules cancéreuses. Les cancers du col utérin sont caractérisés par une longue période durant laquelle les lésions demeurent intra-épithéliales, allant de la dysplasie légère au carcinome in situ. On estime qu'une dizaine d'années sépare les premières anomalies cytologiques de l'apparition éventuelle d'un cancer infiltrant.

La pratique du frottis de dépistage permet une nette réduction de la mortalité et de la morbidité du cancer du col de l'utérus, par le diagnostic des dysplasies cervicales et des carcinomes in situ avant le passage de cellules cancéreuses dans l'organisme.

Il permet aussi le diagnostic des cancers du col de l'utérus de petite taille avant l'apparition de signes cliniques.

Malheureusement, près de 40 % des femmes en France n'ont jamais eu de frottis de dépistage.

Sommaire

[modifier] Quand commencer le frottis de dépistage ?

La plupart des associations professionnelles de gynécologie obstétrique recommandent la fréquence suivante :

  • Toutes les femmes de 18 ans et plus qui ont eu des rapports sexuels doivent subir un dépistage
  • On commence par deux frottis à un an d’intervalle ; si les résultats de ces frottis sont satisfaisants, un nouveau dépistage tous les trois ans est conseillé jusqu’à l’âge de 69 ans.
  • Pour les femmes de 67 ans ou plus qui n’ont jamais subi de dépistage, on préconise deux frottis séparés par un intervalle de six mois ; après cela, si les résultats sont normaux, les frottis ne sont plus nécessaires.

[modifier] Qui doit faire le dépistage ?

Examen simple, ne nécessitant pas de matériel sophistiqué, le dépistage peut être fait par n'importe quel médecin. Un apprentissage de quelques heures est suffisant pour faire un frottis.

[modifier] Comment faire un frottis de dépistage ?

Le frottis devrait être idéalement fait :

  • en période ovulatoire ;
  • à distance de tout rapport ;
  • en l'absence de saignements et d'infection.

La grossesse n'est pas une contre-indication (au contraire, c'est parfois pour certaines femmes le seul moment de leur vie où elles peuvent bénéficier d'un dépistage)

[modifier] Matériel

  • Spéculum à deux valves
  • Spatule en plastique
  • Brosse endocervicale
  • Lame et fixateur pour le frottis sur lame
  • Flacon contenant un conservateur pour le technique en couche mince
  • Pince et coton

[modifier] Le prélèvement

La partie la plus difficile du frottis est d'apprendre à repérer le col de l'utérus avec un spéculum à deux valves. Le spéculum doit être introduit sans lubrifiant.

Une fois le spéculum introduit et le col repéré, il faut s'assurer que la zone de jonction entre l'épithélium malpighien et l'épithélium glandulaire est visible. Cette zone est la zone de remaniement recouverte par un épithélium métaplasique. C'est au niveau de la zone de remaniement que se développe 99% des cancers.

Après la ménopause, la jonction pavimento-cylindrique tend à remonter dans le canal endocervical et devient moins facilement visible. Pour cette raison, il peut être nécessaire d’utiliser un outil de prélèvement endocervical, en plus de la spatule, pour obtenir un prélèvement adéquat chez les femmes plus âgées.

Plusieurs techniques de prélèvement sont possibles :

  • Si la zone de remaniement n’est pas visible et qu’il est difficile d’y accéder, il faut utiliser l’outil de prélèvement endocervical en plus de la spatule. On ne doit pas utiliser seul un outil de prélèvement endocervical.
  • Pour utiliser la spatule, l’appliquer sur l’exocol, incluant la jonction squamo-cylindrique, et gratter la surface en effectuant une rotation de 360° tout en maintenant un contact constant avec le col.
  • Avec une brosse endocervicale, la rotation ne doit être que de 90 degrés. Si l’on doit utiliser un outil de prélèvement endocervical, il faut avertir la patiente que l’intervention peut être désagréable et qu’elle comporte des risques de petites pertes sanguines.

Le prélèvement se fait en deux temps :

  • Il faut d'abord prélever l'exocol avec une spatule d'Ayre au niveau de la zone de jonction, puis étaler le prélèvement uniformément sur la lame et le fixer immédiatement avec un spray conventionnel.
  • Ensuite, il faut prélever l'endocol à l'aide d'une brosse endoerviclae dédiée type cytobrush (quand la jonction n'est pas visible ou que l'orifice cervical est sténosé). De même, le prélèvement doit être fixé immédiatement.

[modifier] Différents types de frottis de dépistage

Le frottis sur lame est le plus ancien et le plus utilisé, mais le frottis en couche mince permet d'augmenter la sensibilité de l'examen et de pratiquer une recherche simultanée de papillomavirus.

[modifier] Frottis sur lame

Le frottis doit être étalé sur une lame seulement et être fixé immédiatement avec un fixatif cytologique.

[modifier] Technique à couche mince

Dans ce cas, le dispositif de recueil se sépare en deux et l'extrémité de celui-ci est introduit immédiatement dans le flacon.

[modifier] Résultat

[modifier] La qualité du frottis

Seul le médecin lisant le frottis peut juger de la qualité de celui-ci. Une mauvaise qualité peut résulter :

  • d'un mauvais étalement ;
  • d'une mauvaise fixation ;
  • d'un frottis acellulaire ou paucicellulaire ;
  • d'une réaction inflammatoire importante ;
  • d'une nécrose cellulaire ;
  • d'un prélèvement trop hémorragique ;
  • d'importantes altérations carentielles, en cas de femme ménopausée.

Il doit impérativement avertir le préleveur en cas de frottis ne permettant une lecture correcte. Un frottis doit normalement contenir des cellules glandulaires, pour être certain que la zone de remaniement a été frotté.

Un prélèvement peut-être refait après :

  • une désinfection gynécologique si le frottis était trop inflammatoire ;
  • un test œstrogénique (mise en place localement d'ovule gynécologique d'œstrogènes) en cas de carence hormonale de ménopause physiologique, chirurgicale ou thérapeutique.

[modifier] Fiche de renseignement

Elle est obligatoirement jointe aux prélèvements et doit comporter :

  • les éléments nécessaires à l'identification de la patiente (nom, prénom...) ;
  • la date des règles ;
  • les antécédents gynécologiques récents ou anciens ;
  • les traitements en cours ;
  • les références des derniers examens ;
  • le sigle PF si c'est le premier frottis.

Après la lecture, les lames doivent être archivées et conservées pendant 10 ans.

[modifier] Compte-rendu

Le compte-rendu doit utiliser la classification 2001 du système de Bethesda. Rappelons que l'existence d'un frottis inflammatoire n'est ni péjoratif, ni significatif, et que l'inflammation ne signifie pas infection. En France, à la date de la rédaction de cet article (octobre 2005), seule la présence d'atypie des cellules malpighiennes de signification indéterminée ou des cellules glandulaires de signification indéterminée permet le remboursement de la recherche de papillomavirus au niveau du frottis.

Pour la conduite à tenir devant un frottis anormal, voir l'article dysplasies cervicales.

[modifier] Système de Bethesda

  • Absence de lésion malpighienne intra-épithéliale ou de signe de malignité.
  • Anomalies des cellules malpighiennes :
    • atypies des cellules malpighiennes de signification indéterminée (A.S.C.U.S) ou ne permettant pas d’exclure une lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade,
    • lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade,
    • lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade,
    • carcinome malpighien.
  • Anomalies des cellules glandulaires :
    • atypies des cellules glandulaires (endocervicales, endométriales ou sans autre précision [ASGUS]) ;
    • atypies des cellules glandulaires en faveur d’une néoplasie (endocervicales ou sans autre précision) ;
    • adénocarcinome endocervical in situ ;
    • adénocarcinome.

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources