Flûte traversière

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La flûte traversière est un instrument de la famille des vents et du groupe des bois. La flûte traversière partage avec les instruments de la famille des flûtes la méthode de production du son : l'air soufflé est mis en vibration par un biseau disposé à l'embouchure.

Contrairement à la flûte de Pan, la flûte traversière ne comprend qu'un seul tuyau. Le terme de traversière est lié à la position de jeu de l'instrument (par opposition à de nombreuses autres flûtes, la flûte à bec en particulier) : l'instrument est joué de manière latérale à l'axe du flûtiste.

Flûte traversière
Flûte traversière

Sommaire

[modifier] La famille des flûtes

La flûte traversière est un instrument de tessiture médiante d'une famille d'instruments plus large, du plus aigu au plus grave :

  • La flûte piccolo, en ut.

Aussi appelé « petite flûte », il est le plus petit instrument de la famille des flûtes. Il fait presque le tiers de la taille de la grande flûte et n'est constitué que de deux sections : la tête et le corps. Il peut être réalisé en résine, en bois, en argent et très rarement en or. Le piccolo est le plus aigu des instruments de l'orchestre : il sonne une octave supérieure à celle de la grande flûte. Instrument en ut, il garde la même étendue que cette dernière mais en revanche, il ne peut jouer l’ut et l’ut dièse (absence de patte d’ut). Capable de dominer tout un orchestre, sa sonorité perçante, voire stridente a surtout été utilisée par les symphonistes pour éclaircir les tutti d'orchestre. Ainsi, Beethoven l'utilisera notamment dans ses cinquième et sixième symphonies (l'orage dans la Pastorale). Mais le piccolo a aussi été employé en solo, d'abord par Vivaldi dans ses concerti, ou, bien plus tard, par Ravel dans son concerto en sol pour piano et orchestre. Cependant, c'est dans la musique contemporaine qu'il est le plus utilisé en solo. Enfin, le piccolo tient une place importante dans les orchestres et petites formations militaires, comme dans les harmonies, où sa virtuosité (roulades) et sa sonorité remplacent un instrument traditionnel de la musique populaire et militaire : le fifre.

  • Le piccolo en réb.

Le piccolo en réb est un instrument tombé en désuétude de nos jours. Il était surtout utilisé dans les orchestre d'harmonie. On trouve des modèles de cet instrument fabriqués en ébène ou en métal, munis d'un clétage boehm à plateaux pleins ou parfois creux.

  • La flûte tierce ou flûte en mib.

La flûte tierce a visiblement été essentiellement utilisée aux États-Unis au milieu du XXème siècle, remplaçant parfois la clarinette en mib. Elle est toujours fabriquée de nos jours, et bien que presque inconnue en France, elle abonde dans le répertoire latino-américain, le Latin_jazz et la musique cubaine.

  • La flûte traversière, ou grande flûte, en ut.

Elle est constituée de 3 sections : la tête, le corps et la patte ( de ut ou de si, cela dépend du modèle). Elle mesure environ 67 centimètres, cela dépend si la flûte comprend ou non une patte de si (pour jouer le si grave). Elle a une étendue d'environ 3 octaves, à partir du do grave (ou du si). Son son peut être diaphane, pénétrant, large, pétillant, piquant, chaud, froid, joyeux ou triste... La flûte est souvent utilisée comme instrument solo dans les orchestres, orchestres à vents ou ensembles de flûtes.

  • La flûte alto, en sol.

Elle ressemble beaucoup à la flûte traversière, mais elle est plus longue et sonne une quarte en dessous. Essentiellement utilisée dans des ensembles de flûtes et en musique contemporaine, elle apparaît parfois dans l'orchestre : Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, Le Sacre du printemps d'Igor Stravinsky.

  • La flûte basse, en ut.

Plus longue que la grande flûte, son embouchure est recourbée afin que le flûtiste puisse atteindre toutes les clefs. Elle sonne une octave en dessous de la grande flûte.

  • La flûte octobasse, en ut.

Cette flûte est bien plus grosse que la flûte basse. Elle possède un très long tube recourbé qui lui permet, de descendre en dessous du Do du violoncelle. La première flûte est crée en 1986 par Jack Leff, après d'innombrables transformations, elle continue à être développée par des facteurs comme Christophe Neel en France. On en compte une vingtaine en Europe.

  • La flûte hyperbasse.

Construite par le flûtiste italien Roberto Fabbriciani en 1949, cet instrument a servi à enregister de nombreuses pièces de musique contemporaines, certaines en collaboration avec le studio de la WDR à Cologne. Elle est constuite en bois ou en pvc, ne comporte pas de clétage, les trous étant bouchés avec la paume de la main. Elle sonne 4 octaves en dessous de la flûte traversière en ut, la fréquence la plus basse émise étant 16Hz.

  • Il existe aussi des flûte plus rares, parfois déclinées seulement en prototypes.

La flûte contrebasse en fa, la flûte en sib, flûte en sol (jouant au dessus de la grande flûte en ut).

[modifier] Fonctionnement

Joueuse de flûte traversière
Joueuse de flûte traversière

La flûte traversière doit son nom à la façon dont on la tient : sur la droite et horizontalement.

La grande flûte se compose de trois partie séparables :

  • Une tête, aussi appelée embouchure. Elle comprend une plaque percée d'un trou ovale dans lequel on souffle pour produire le son. L'extrémité supérieure de l'embouchure est fermée par un bouchon de bois ou de liège tenu entre deux plaques de métal. L'accord de l'instrument est effectué en enfonçant plus ou moins l'embouchure dans le corps ce qui a pour effet de modifier la longueur de la colonne d'air.
  • Un corps qui porte des clefs actionnées par les doigts. Les clefs servent à boucher les trous afin de produire les différentes notes.
  • Une patte qui prolonge le « corps » principal. La patte porte également plusieurs clefs et peut être en ut (ut étant l'ancien terme pour do) ou en si. Elle est alors appelée « patte d’ut » ou « patte de si ».

L'instrumentiste émet un filet d'air qu'il dirige sur le biseau du trou de l'embouchure. La mise en vibration de la colonne d'air contenue dans le tuyau de la flûte produit le son. La fréquence de ces vibrations, et donc la hauteur de la note émise, dépend de la longueur acoustique de tuyau mise en vibration. Cette longueur peut être modifiée par la combinaison d'ouverture et de fermeture des trous (les doigtés). Le flûtiste produit alors les notes du registre grave de l'instrument. Pour jouer dans les registres médium et aigu, le musicien modifie l'angle d'attaque et la pression de l'air sur l'embouchure. Le son ainsi obtenu correspond aux harmoniques du son fondamental. La pression et la vitesse de l'air influent également sur le timbre du son et la justesse des notes.

[modifier] Facture

Pendant des siècles, les flûtes ont été fabriquées en bois. Ce matériaux fut progressivement remplacé par le métal au cours du 19e siècle avec l'apparition de la flûte "Boehm". Cependant, des musiciens se consacrant à la musique ancienne jouent toujours sur des flûtes en bois, souvent copies des instruments utilisés à l'époque du répertoire abordé. De plus en plus de flûtistes de renom, solistes ou jouant en orchestre, adoptent la flûte Boehm en bois pour des questions d'esthétique de son.

Aujourd'hui, les modèles d'études sont généralement en maillechort argenté (alliage de cuivre, de nickel, et de zinc). Les flûtes traversières semi professionnelles et professionnelles sont en alliage d'argent, en argent massif, en alliage d'or 9K ou 14K ou, plus rarement, en or 18K ou en platine. Certaines flûtes ont également été fabriquées en cristal. Au-delà des matériaux employés, les flûtes professionnelles diffèrent des modèles d'étude par des détails de construction et de fabrication améliorant la qualité et la justesse du son ainsi que les performances de leur mécanisme (réduction des frictions et des jeux, aménagements pour augmenter la rigidité du mécanisme, cheminées soudées, tampons plus fins et plus fermes, ressorts à haute élasticité, etc.). Ces finitions, très poussées, sont réalisées manuellement.

[modifier] Historique

[modifier] Origine

La flûte traversière serait apparue en Chine, puis en Occident au Moyen Âge (XIIe siècle). Les premières descriptions de l'instrument ne datent cependant que du XVIe siècle, période à laquelle on l'appelait « flûte d'allemand ». Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Lully introduit la flûte traversière dans l'orchestre d'opéra et à partir du XVIIIe siècle, l'instrument se voit assigner une fonction importante de soliste, en raison de sa sonorité diaphane et de son agilité.

La flûte traversière est un instrument datant de la Préhistoire, elle était fabriquée en os, servant à la chasse .

[modifier] Évolution

[modifier] Période primitives

[modifier] Moyen Âge

Au moyen âge et à la Renaissance, la flûte est constituée d'une seule section ou de deux pour la flûte "basse" en sol. Sa perce est cylindrique, et 6 trous de diamètres très proches y sont percés.

[modifier] La Renaissance

Aux XVIe siècle et XVIIe siècle la flûte conserve son aspect médiéval : une pièce en général, parfois deux pour les basses en Sol, rarement pour les ténors en Ré. Sa perce est cylindrique, elle couvre deux octaves et demi et est chromatique, à condition de bien maîtriser ses doigtés, qui sont assez complexes.

[modifier] XVIIIe siècle

Les premières transformations majeures apportées à la flûte traversière seront dues à la famille française Hotteterre, durant la première moitié du XVIIIe siècle. Jacques Martin Hotteterre coupe la flûte en 3 morceaux : la tête (avec l'embouchure), le corps (qui comporte les trous joués directement avec les doigts) et la patte (qui comporte en général un trou joué par une clé, mais parfois plus). Par la suite la plupart des flûtes du XVIIIe siècle comprendront quatre parties, le corps étant divisé en deux.

Hotteterre donne également à la flûte une perce conique, afin d'améliorer la justesse des octaves. Il écrit en 1707 le premier livre à propos de la flûte traversière : Les Principes de la Flûte Traversière.

Tout au long du XVIIIe siècle, la flûte possède généralement une seule clé, pour le Ré dièse. Quantz ajoute cependant une clef pour le Mi bémol sur la patte, en plus du Ré dièse. Cette préoccupation très fine de la justesse contredit l'idée répandue selon laquelle les musiciens de l'époque baroque se contentaient d'une justesse approximative de leurs instruments.

Dans les dernières décennies du siècle, d'autres clefs sont ajoutées : de 4 à 6, voire plus encore : Johann George Tromlitz introduit à cette époque un excellent système qui, notamment par son Do bécarre joué au pouce, préfigure déjà les évolutions majeures dans la facture de la flûte au début du siècle suivant. Des pattes allongées dotées de deux clés supplémentaires permettent à certains instruments d'atteindre le Do grave.

De plus en plus de compositeurs écrivent pour la flûte, notamment Telemann et Bach. En 1728 Antonio Vivaldi est le premier[réf. nécessaire] compositeur à publier un recueil de concertos pour la flûte traversière (son Opus 10) - le plus fameux est La Notte, pièce d'une grande originalité, à l'harmonie audacieuse.

[modifier] XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, la flûte possède de 5 (en France) à 8 clés (en Angleterre et en Allemagne). Des systèmes de plus en plus perfectionnés vont pousser à ajouter toujours plus de clés, jusqu'à des extrêmes tels que le panaulon viennois, qui descendra jusqu'au sol grave.

Au début des années 1830, un flûtiste virtuose allemand, Theobald Boehm (1794 - 1881) de Munich, propose un nouveau système, qui va entraîner la plus grande révolution technologique dans la facture de l'instrument.

Le doigté est très différent et plus rationnel, notamment au niveau des Fa, Fa dièse et Do, ainsi que le Si bémol. Il implique un mécanisme bien plus complexe, c'est pourquoi les systèmes précédents sont en général appelés « systèmes simples » par opposition au « système Boehm ».

Le premier modèle Boehm de 1832 ne rencontre pas un succès immense, notamment parce que de nombreux musiciens n'apprécient pas sa sonorité plus puissante et plus timbrée, et ne veulent pas s'adapter aux changements de doigtés radicaux qu'il implique. Il fallut attendre le nouveau système 1847 dont le corps a une perce cylindrique et la tête une perce à conique, et surtout l'adoption du système Boehm par le conservatoire de Paris dans les années 1860 pour que la flûte Boehm remplace rapidement les flûtes à système simple dans la plupart des orchestres professionnels du monde.

Il est à noter que les flûtes à système simple ont été utilisées dans des fanfares et des orchestres amateurs jusque dans les années 1930, et sont encore utilisées de nos jours pour la musique traditionnelle, notamment en Irlande (voir flûte irlandaise) et à Cuba (dans la musique charanga).

[modifier] Citations

« La flûte est par excellence l'instrument de la Musique, cela parce qu'animée par le souffle, émanation profonde de l'homme, la flûte charge ses sons de ce qui est en nous d'à la fois viscéral et cosmique. » André Jolivet

« La flûte, pour moi, c'est un cri, un gémissement aussi, très humain et direct. C'est une voix humaine. » Yoshihisa Taïra

« Plus faux qu'une flûte, deux flûtes ! » Wolfgang Amadeus Mozart (c.f. Concertos pour flûte de Mozart)

[modifier] Berlioz et la flûte traversière

Hector Berlioz lui-même ne semblait pas tenir la flûte en haute estime ; s'il la juge « indispensable à l'orchestration », il dit dans son Traité d'instrumentation qu'elle est « d'une agilité excessive ». Plus loin, il précise même : « Il semble donc que la flûte soit un instrument à peu près dépourvu d’expression, qu’on est libre d’introduire partout et dans tout, à cause de sa facilité à exécuter les groupes de notes rapides, et à soutenir les sons élevés utiles à l’orchestre pour le complément des harmonies aiguës. »

Mais il nuance lui-même son propos, quelques lignes plus loin :

« En général cela est vrai ; pourtant en l’étudiant bien, on reconnaît en elle une expression qui lui est propre, et une aptitude à rendre certains sentiments qu’aucun autre instrument ne pourrait lui disputer. S’il s’agit par exemple, de donner à un chant triste un accent désolé, mais humble et résigné en même temps, les sons faibles du médium de la flûte, dans les tons d’ut mineur et de ré mineur surtout, produiront certainement la nuance nécessaire. Un seul maître me parait avoir su tirer grand parti de ce pâle coloris : c’est Gluck. En écoutant l’air pantomime en ré mineur qu’il a placé dans la scène des Champs-Elysées d’Orphée, on voit tout de suite qu’une flûte devait seule en faire entendre le chant. Un hautbois eut été trop enfantin et sa voix n’eut pas semblé assez pure ; une clarinette eut mieux convenu sans doute, mais certains sons eussent été trop forts, et aucune des notes les plus douces n’eut pu se réduire à la sonorité faible, effacée, voilée du fa naturel du médium, et du premier si bémol au-dessus des lignes, qui donnent tant de tristesse à la flûte dans ce ton de ré mineur où ils se présentent fréquemment. Enfin, ni le violon, ni l’alto, ni le violoncelle, traités en solo ou en masse, ne convenaient à l’expression de ce gémissement mille fois sublime d’une ombre souffrante et désespérée ; il fallait précisément l’instrument choisi par l’auteur. Et la mélodie de Gluck est conçue de telle sorte que la flûte se prête à tous les mouvements inquiets de cette douleur éternelle, encore empreinte de l’accent des passions de la terrestre vie. C’est d’abord une voix à peine perceptible qui semble craindre d’être entendue ; puis elle gémit doucement, s’élève à l’accent du reproche, à celui de la douleur profonde, au cri d’un cœur déchiré d’incurables blessures, et retombe peu à peu à la plainte, au gémissement, au murmure chagrin d’une âme résignée… Quel poète ! »

« Les sons graves de la flûte sont peu ou mal employés par la plupart des compositeurs ; Weber, dans une foule de passages du Freischütz, et, avant lui, Gluck, dans la marche religieuse d’Alceste, ont pourtant montré tout ce qu’on peut en attendre pour les harmonies empreintes de gravité et de rêverie. Ces notes basses, je l’ai déjà dit, se mêlent fort bien aux sons graves des cors anglais et des clarinettes ; elles donnent la nuance adoucie d’une couleur sombre. »

« En général, les maîtres modernes écrivent les flûtes trop constamment dans le haut ; ils semblent toujours craindre qu’elles ne se distinguent pas assez au-dessus de la masse de l’orchestre. Il en résulte qu’elles prédominent, au lieu de se fondre dans l’ensemble, et que l’instrumentation devient perçante et dure plutôt que sonore et harmonieuse. »

La flûte joue un rôle essentiel dans l'orchestre de Berlioz, mais les solos de flûte de quelque étendue sont assez peu fréquents chez lui : Berlioz préfère d'habitude confier la mélodie à deux ou à plusieurs instruments à vent (voyez cependant Harold en Italie, 3e mouvement, mesures 167-90). Le trio pour deux flûtes et harpe de L'Enfance du Christ est bien entendu un cas spécial.

Enfin, si la flûte fait partie des premiers instruments de musique[1][réf. nécessaire] c'est aussi un de ceux qui ont été le plus successivement adorés et détestés. Alors qu'elles ont souvent été associées à des pouvoirs magiques, par exemple dans l'opéra de Mozart La Flûte Enchantée, et elles ont été utilisées dans les cérémonies religieuses[réf. nécessaire] et les rites culturels[réf. nécessaire]. Dans les mêmes temps, elles étaient aussi utilisées pour le divertissement et l'art.

La flûte a connu, durant son histoire, une succession de périodes de succès[réf. nécessaire] et de méfiance[réf. nécessaire], jusqu'au XIXe siècle où elle a été « réhabilitée » dans l'esprit des musiciens et du public.

[modifier] Flûtistes célèbres

Voir la liste des flûtistes classiques.

[modifier] Voir aussi

La Wikiversité possède des cours sur « Flûte traversière ».

Techniques particulières de jeu :

[modifier] Références

  1. La voix et les percussions sont bien entendu antérieurs à la flûte.

[modifier] Liens externes