Femme croisée

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Une femme croisée est une femme partie d'Europe pour participer aux croisades.
Contrairement à une idée reçue[1], toutes les femmes de seigneurs croisés ne restèrent pas en Europe à attendre le retour de leur mari[2], mais certaines accompagnèrent leur mari, effectuant en même temps le pèlerinage en Terre sainte.

On connait le nom d'un certain nombre d'épouses de croisés qui accompagnèrent leur mari durant la première croisade :

Mais les femmes qui prirent la croix ne se limitent pas aux femmes des chefs, et de nombreuses femmes acconpagnèrent les troupes, telles ces deux converses de la collégiale de Serrabone, près de Perpignan, du nom de Richarda et d'Estevania[3]. Certaines jouèrent un rôle important lors des batailles. Ainsi, le 1er juillet 1097, les Turcs attaquent à Dorylée l'armée de Bohémond de Tarente, alors séparée de celles de Godefroy de Bouillon et de Raymond de Saint-Gilles. L'anonyme de la première croisade écrit alors que "nos femmes furent d'un grand secours en apportant de l'eau à boire à nos combattants et aussi en ne cessant de les encourager au combat et à la défense"[4]. La ténacité des Normands, soutenue par les femmes, leur permit de tenir suffisamment longtemps pour permettre à Godefroy et à Raymond d'approcher du combat et de vaincre les Turcs.

La seconde croisade fut entreprise avec une personnalité célèbre, en la personne de la reine de France, Aliénor d'Aquitaine. Elle avait énormément agi pour recueillir des subsides et pour persuader les nobles poitevins. Mais elle avait également incité plusieurs femmes de haut rang à la suivre, comme Mathilde de Carinthie, comtesse de Blois, Sibylle d'Anjou, comtesse de Flandre, Faydide, comtesse de Toulouse, Florine de Bourgogne, mais toutes ces femmes n'entendaient pas se passer de leurs dames d'apparat et de leurs chambrières. L'armée croisée fut accompagnée d'un grand nombre de chariots, ce qui suscita les critiques des hommes d'armes (trop vulnérable, en cas d'attaque du convoi), et des membres du clergé (trop de débauche, le soir au bivouac).

D'autres femmes sont citées aux cours des autres croisades, et l'on en voit plus d'une participer aux combats, notamment lors des sièges des villes par les Sarrasins.

[modifier] Notes et références

  1. De même, la pratique de la ceinture de chasteté repose sur des légendes et n'a pas, sauf exception, de réalité historique.
  2. Parmi celles qui restèrent, on peut citer Anne de Bourgogne, épouse du comte Hugues Ier de Vaudémont (qui attendit le retour de son mari, fait prisonnier, pendant onze ans, refusant toutes les propositions de mariage) et Adèle d'Angleterre, femme d'Étienne II de Blois (qu'elle renvoya en Terre sainte après que ce dernier ait honteusement abandonné la croisade au siège d'Antioche.
  3. Régine Pernoud, La femme au temps des croisades, Livre de Poche, Paris, 1990, 404 p. (ISBN 2-253-06152-2), p. 50
  4. Régine Pernoud, Ibid, p. 32.