Exécution de Maximilien de Robespierre

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Arrestation de Robespierre
Arrestation de Robespierre

À la suite des évènements du 9 thermidor, Maximilien Robespierre, décrété hors la loi, fut exécuté le 10 thermidor de l’an II (28 juillet 1794). Il fut amené en charrette sur la place de la Révolution en compagnie d’une vingtaine de ses partisans, dont son frère et Saint-Just pour y être guillotiné. Soixante-dix personnes de plus seront exécutés le lendemain, essentiellement des membres de la Commune insurrectionnelle de Paris.

Sommaire

[modifier] Liste des guillotinés du 10 thermidor

Le palais de Justice de Paris et la cour du Mai, dans laquelle stationnaient les charrettes des condamnés à mort sous la Terreur
Le palais de Justice de Paris et la cour du Mai, dans laquelle stationnaient les charrettes des condamnés à mort sous la Terreur

Ils furent au nombre de 21 à être exécutés avec Maximilien de Robespierre :

  • Jean-Claude Bernard, ex-prêtre, membre du Conseil général de la Commune ;
  • Charles-Jacques Bougon, membre du Conseil général de la Commune ;
  • Christophe Cochefer, ancien tapissier et membre du Conseil général de la Commune ;
  • Georges Couthon, député de la Convention ;
  • Jean-Barnabé Dhazard, perruquier, membre de la Commune ;
  • René-François Dumas, ex-président du Tribunal révolutionnaire ;
  • Jean-Baptiste Fleuriot-Lescot, maire de Paris ;
  • Jean-Etienne Forestier, fondateur et membre de la Commune ;
  • Antoine Gency, tonnelier, membre du Conseil général de la Commune ;
  • Adrien-Nicolas Gobeau, ex-substitut de l’accusateur public, membre de la Commune ;
  • Étienne-Nicolas Guérin, ex-caissier général de la manufacture de Gressy, membre du Conseil général de la Commune ;
  • François Hanriot, ex-commandant de la garde nationale ;
  • Denis-Étienne Laurent, officier municipal ;
  • Jean-Baptiste de Lavalette, ex-général de brigade de l’armée du Nord ;
  • Claude-François de Payan, agent national à la Commune de Paris ;
  • Jean-Marie Quenet, marchand de bois, membre de la Commune de Paris et administrateur ;
  • Augustin Robespierre, député de la Convention ;
  • Louis-Antoine-Léon Saint-Just, député de la Convention ;
  • Antoine Simon, cordonnier, geôlier du Dauphin ;
  • Nicolas-Joseph Vivier, juge au Tribunal révolutionnaire du troisième arrondissement et président des Jacobins la nuit du 9 au 10 thermidor ;
  • Jacques-Louis Frédéric Wouarmé, employé à la Commission du commerce et membre de la Commune de Paris.

Certaines sources rapportent que Robert Jean-Jacques Arthur fut également guillotiné ce jour.

[modifier] Parcours de Robespierre vers la place de la Révolution

Robespierre et ses partisans allant au supplice.
Robespierre et ses partisans allant au supplice.

Dans l’égout où il avait été découvert, François Hanriot avait reçu un coup de baïonnette qui lui avait arraché l’œil de son orbite. Sanglant, défiguré, couvert de fanges, il était hideux à voir. Robespierre avait reçu une balle dans la mâchoire, Couthon, avait eu la tête fracassée et Augustin Robespierre s’était gravement blessé en sautant par la fenêtre de l’hôtel de Ville. Deux mourants (Robespierre le jeune et Hanriot) et un infirme (Georges Couthon) marchaient en tête en descendant l’escalier de la Conciergerie ; le sinistre convoi finissait par un mort : le cadavre de Philippe-François-Joseph Le Bas suivait Robespierre.

À 16 heures 30, les charrettes sortirent de la cour du Mai et débouchèrent sur les quais. Tout le peuple de Paris était dans les rues. Robespierre était assis dans le fond de la charrette, sur un peu de paille qu’un aide-bourreau avait placé sous lui, il avait le dos appuyé contre les ridelles ; son visage plus tuméfié que le matin, était aussi encore plus pâle. Les cris, les insultes le laissaient insensible ; il tint presque constamment ses yeux fermés. Son frère ne ressentait rien. Georges Couthon paraissait étonné par ces cris, ces insultes ; il regardait autour de lui avec une sorte de stupeur.

René-François Dumas répondit à quelques insultes : « Je n’ai qu’un regret, celui de ne point avoir fait guillotiner tous les scélérats qui nous injurient ». Georges Couthon hocha la tête en signe de doute. Seul Saint-Just dédaignait de se dérober à cette terrible manifestation de haine ; seul il y assistait sans colère, sans regret, sans faiblesse. Lorsque les charrettes furent arrivées devant la maison où logeait Robespierre, les charrettes furent arrêtées; des rondes se formèrent et furent dansées autour des charrettes ; un enfant apporta un seau de sang de chez un boucher voisin et avec un balai, on en barbouilla la façade de la maison. En se retrouvant devant cette demeure, Robespierre ferma les yeux qu’il avait ouverts lorsque les charrettes s’étaient arrêtées, pendant quelques secondes ses paupières tremblèrent pour retenir ou pour précipiter une larme. Les charrettes mirent cinq minutes pour repartir tant la foule était dense. Il était 18 heures 15 lorsque les charrettes arrivèrent place de la Révolution.

[modifier] Exécution de Robespierre

Exécution de Maximilien de Robespierre
Exécution de Maximilien de Robespierre

Gobeau fut exécuté le premier. Maximilien de Robespierre était resté debout, appuyé contre la charrette, tournant le dos à l’échafaud. Son frère était soutenu par des gendarmes ; ses blessures le rendaient incapable de se tenir sur ses jambes (il avait eu les jambes cassées en se jetant par une fenêtre de l’Hôtel de Ville de Paris). Quand ce fut le tour de Saint-Just de monter, il embrassa Georges Couthon, et, en passant devant Robespierre, il lui dit un seul mot : « Adieu ». Sa voix n’indiquait pas d’émotion. Robespierre lui répondit par un signe de tête, se détourna et le suivit des yeux jusqu’à qu’il eût été placé sur la bascule. Maximilien de Robespierre fut exécuté le dixième ; il monta seul et sans être aidé. Lorsqu’un des aides du bourreau retira les linges qui lui entouraient la tête, la douleur fut horrible et Robespierre poussa un cri effroyable. La mâchoire désarticulée pendait, la bouche s’ouvrait et le sang en coulait. On se dépêcha de le placer sur la bascule et moins d’une minute après le couperet tombait. Il avait 36 ans. La tête de Robespierre fut montrée au peuple comme l’avaient été celles de Louis XVI et de Danton ; la foule salua par des applaudissements.


[modifier] Inhumation des Robespierristes

Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois, les corps étant rassemblés sur une charrette qui se dirigea vers le Cimetière des Errancis (ouvert en mars 1794). On jeta les têtes et les troncs dans une fosse commune et on répandit de la chaux vive pour que le corps de Maximilien de Robespierre ne laisse aucune trace.

Vers 1840, des Robespierristes fouillèrent le cimetière fermé depuis une trentaine d’années, ils ne découvrirent rien.

[modifier] Bibliographie

  • Gérard Walter, Maximilien de Robespierre, Gallimard, 1961 et 1989 (2e partie : « Le bilan d’une dictature », chapitre 6 : « Jours et nuits de Thermidor », et 3e partie : « Le vaincu du neuf thermidor », chapitre 1 : « Autour de l’échafaud »)