Entretien motivationnel

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« Fondés en 1983 par William R. Miller, les entretiens motivationnels sont une approche d'intervention en toxicomanie semi-directive , centré sur la personne, ayant pour objectif de susciter une motivation intrinsèque en explorant et en dépassant l'ambivalence aux changements. » La durée d'une entrevue motivationnnelle est de une à six rencontres.[1]. L'aidant influence favorablement ou négativement la motivation des personnes aidées de par la qualité de ses stratégies d'intervention. Il s'agit de faire ressortir la motivation intrinsèque des personnes aidées. Outre le domaine des additions, cette technique relationnelle est également utilisée pour l'accompagnement au changement des personnes souffrant de pathologies chroniques (VIH, Hépatites, Diabète...), mais aussi dans le domaine de l'éducation, de la justice et de l'entreprise.

Sommaire

[modifier] Ambivalence

L'ambivalence est source d'immobilité. Elle s'oppose aux changements. Le but des entretiens motivationnels est d'abord de faire ressortir cette ambivalence naturelle et de l'explorer de manière non directive. Une manière de l'explorer est d'utiliser l'outil de la « balance décisionnelle ». Le comportement actuel et le nouveau comportement possèdent chacun des avantages et des inconvénients sources de motivations conflictuelles à l'origine d'une ambivalence inhibitrice. La perception d'inconvénients dans la situation actuelle peut générer une envie de changement. C'est ce qu'on appelle la motivation extrinsèque. Le patient cherche à fuir des situations menaçantes (sanitaires, professionnelles, familiales, etc.). Les avantages de la situation antérieure sont toujours présents à l'esprit et peuvent faire rechuter le patient dans la prise de produit. Les entretiens motivationnels cherchent à susciter une motivation intrinsèque en explorant les avantages perçus dans le changement. La motivation extrinsèque va engendrer une demande de changement, la motivation intrinsèque va pérenniser le changement.

[modifier] Changement

[modifier] Le modèle de changement transthéorique des docteurs James Prochaska et Carlo DiClemente (1982)

Les personnes en prise avec une problématique de dépendance passent par une série de stades de changement (Précontemplation, Contemplation, Action, Maintien, Rechute).

  • Pré-contemplation

Le patient minimise sa consommation et ne pense pas avoir de problèmes. Il n'envisage pas de changer de comportement. D'autres peuvent avoir constaté certains problèmes de changement mais eux non.

  • Contemplation

À ce stade se manifeste l'ambivalence. Le patient envisage le changement mais il hésite à faire le deuil de la situation actuelle. Il est en face d'une balance décisionnelle : comparer les inconvénients et les bénéfices d'un changement comparés avec les avantages et les inconvénients de son comportement actuel.Le patient passe ensuite dans une période ou il est décidé à faire des changements. Cette phase est très labile et difficile à determiner ; c'est la phase de "décision".

  • Action

Le changement est engagé vers des modifications de son style de vie. Les difficultés sont importantes. Le soutien et l'encouragement sont nécessaires.

  • Maintien

À cette phase de consolidation, il convient de rester prudent car les tentations sont nombreuses de retourner au comportement problématique.

  • Rechute

La rechute est possible et fait partit de la roue du changement. Ce n'est pas une manifestation pathologique mais un temps peut être nécessaire à la réussite du processus de changement.

[modifier] les sept principes directeurs de l'entrevue motivationnelle[2]

  1. La motivation au changement doit émaner du patient et non être imposée de l'extérieur.
  2. Il revient à la personne aidée et non à l'aidant de résoudre son ambivalence.
  3. La persuasion directe n'est pas une méthode efficace pour résoudre l'ambivalence.
  4. Le style de l'entretien motivationnel est généralement doux et invite à l'exploration.
  5. Le thérapeute est directif dans l'exploration et la résolution de l'ambivalence.
  6. La motivation au changement n'est pas un trait de caractère du client mais un état qui vacille selon la qualité d'une interaction personnelle.
  7. La relation thérapeutique est plus un partenariat qu'une relation expert/client.

[modifier] Résistance

Le phénomène de résistance du patient se manifeste lorsque le thérapeute va trop vite et utilise une stratégie inappropriée au stade de changement où se trouve le patient.

[modifier] Aspects pratiques

[modifier] Ce qu'il ne faut pas faire

  • Considérer que l'acceptation par le patient de l'étiquette d'alcoolique ou de toxicomane est essentiel au changement. Convaincre à tout prix le patient d'accepter le diagnostic.
  • Prendre pour acquis que le patient est motivé.
  • Utiliser des techniques de counselling confrontantes.

[modifier] Ce qu'il faut faire

  • Faire preuve d'empathie incite à l'ouverture et au dévoilement de soi.
  • Faire une évaluation objective de la situation de manière à faire ressortir les dissonnances entre la situation actuelle et la situation désirée.
  • Renforcer le sentiment d'efficacité personnelle.

[modifier] Techniques

[modifier] Questions ouvertes

Laisser la parole au patient et l'inviter à s'exprimer par des questions ouvertes. Une question fermée amène des réponses courtes de type oui ou non.

[modifier] Écoute réflective

Elle permet au patient de s'exprimer librement sans jugement et de se sentir compris et considéré. Plusieurs types de reflets sont possibles :

  • La reformulation est un reflet simple.
  • La paraphrase est un reflet complexe et permet de tester une hypothèse dans la compréhension du patient.
  • Le reflet double consiste à refléter les deux côtés de l'ambivalence.
  • Le reflet amplifié consiste à exagérer ou à minimiser ce qui est dit.

[modifier] Empathie

Faire preuve d'empathie c'est faire preuve de compréhension mais sans partager les émotions et le points de vue de l'interlocuteur. L'empathie est à distinguer de la sympathie, attitude de compréhension et de partage des mêmes émotions que le patient.

[modifier] Références

  1. Les entretiens motivationnels sont efficaces et validés<ref></ref>.

    [modifier] Aspects théoriques

    [modifier] Motivation

    L'entretien motivationnel perçoit la motivation comme le fruit d'une interaction entre deux individus<ref>Miller & Rollnick, 1991; Benefield & Tonigan; 1993</li> <li id="cite_note-1"><span class="noprint" class="renvois_vers_le_texte">[[#cite_ref-1|↑]] </span>Rollnick & Miller, 1995-Traduit par Rossignol</li></ol> </div></ref>

    [modifier] Voir aussi

    [modifier] Lien externe