Doual'art

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Doual'art est une association à but non lucratif de droit camerounais, créée en 1991 à Douala (Cameroun). Elle oeuvre au développement et à la mise en valeur de Douala, en menant à la fois une action artistique et des actions d'aménagement dans la ville.

Sommaire

[modifier] Introduction

Dès sa naissance, l’association s’est fixé deux champs d’interventions :

  • la ville et son développement (« doual’ »)
  • la création contemporaine (« art »)

Ces deux axes sont restés au centre des préoccupations et des activités de l’association, qui est convaincue que la création artistique et l’essor culturel sont la clef d’un développement urbain durable.

doual’art part du postulat qu’il est vain de parler de « ville » et d’essayer d’agir sur elle en faisant abstraction de la dimension culturelle. D’autant plus dans le cas des villes africaines contemporaines, qui souffrent d’un manque cruel de repères identitaires. Les us et coutumes traditionnels de l’Afrique, que la plupart des « développeurs » tiennent comme référence suprême des spécificités de l’Afrique, sont loin de suffire pour comprendre l’identité culturelle de ces villes à l’heure actuelle. A l’instar de n’importe quelles villes, elles ont en effet développé un nouveau mode de vie : rapport à l’ « autre » qui devient un inconnu dans une masse anonyme, mode de production et de consommation invitant à la fois aux échanges et à l’individualisme, nouvelles représentations spatiales et esthétiques... Ce mode de vie, spécifiquement urbain, est bien loin de l’Afrique traditionnelle des villages. Pourtant ses carences sont liées à une incapacité, notamment institutionnelle, à trouver des réponses adaptées à ces nouvelles réalités urbaine : citadine à presque 50% à présent, l’Afrique n’a pas encore su faire face à des problèmes d’urbanisations sans doute trop récents… Loin de nous l’idée que les questions de développement économique ne sont pas un problème crucial de l’Afrique, auquel il faut trouver des solutions… Mais il est loin d’être l’unique lieu des difficultés du continent. Et sans doute l’affolement général des organisations de développement à répondre à cet unique problème est-il un leurre dans la hiérarchie des questions à traiter.

Si le souci principal des villes africaines contemporaines se trouve dans un décalage identitaire, un vide que les autorités ne parviennent pas - et peut-être ne cherchent pas - à combler, c’est dans la culture qu’il faut venir puiser des éléments de réponses. Dans l’histoire, d’une part, car une ville sans passé manque de repères pour se construire ; dans la création contemporaine, d’autre part. Car la création contemporaine témoigne de ce qui l’entoure, libéré du poids des traditions et concentré sur les problèmes spécifiques de son environnement. Elle est de plus l’occasion d’un moment essentiel d’expression : les artistes sont, sans doute de manière plus percutante que la plupart des politiciens, les représentants des aspirations d’une société...

[modifier] Premier volet : L'action

[modifier] Dans l'espace doual'art

[modifier] Un lieu de diffusion artistique et d'animation culturelle

Grâce à ses expositions mensuelles et à son accueil régulier de troupes de théâtre, groupes de danse, défilés de mode cotemporaine...

[modifier] Un lieu de réflexion et d'échange

Grâce à l'organisation régulière de séminaires, ateliers d'artistes, conférences... Et grâce à son centre de documentation de plus de 500 ouvrages sur l'art, l'Afrique et le développement.

[modifier] Au cœur de la ville

[modifier] Patrimoine et innovations dans la ville

doual'art oeuvre depuis 2006 à la mise en valeur du patrimoine bâti de la ville, par le biais de son projet "Douala ville d'art et d'histoire" qui vise entre autres à baliser les sites historiques de la ville. Le balisage se fait à l'aide d'"arches" designées par l'artiste Sandrine Dole, en metal, comprenant une plaque de plexiglas sur laquelle est indiquée en français et en anglais l'histoire du monument.

doual'art cherche également à fournir à la ville un patrimoine contemporain en implantant des oeuvres au cœur de l'espace urbain. L'exemple le plus retentissant est la statue monumentale nommée La nouvelle liberté, conçue à l'aide de matériaux de récupération par l'artiste Joseph-Francis Sumégné.

[modifier] Action dans les "quartiers"

doual'art mène des actions de développement dans plusieurs quartiers de la ville. Elles consistent à aménager le quartier, en lui fournissant les équipements dont il a besoin, et en effectuant des travaux d'assainissement, de remblayage...

A travers ces actions se déroule une réflexion sur le développement local : ces acteurs, ces mises en oeuvres... Les habitants sont toujours impliqués directement tant dans les décisions que dans les réalisations menées.

doual'art a été de 1995 à 1998 et en 2000 le partenaire de l'Union Européenne dans les programmes FOURMI. L'association est depuis 2000 la partenaire de l'IRCOD-Alsace pour aménager le quartier de Bessengue Akwa (mairie de Douala 1er)

[modifier] Deuxième volet : la recherche

doual’art se définit entre autres comme un laboratoire de recherches et d’expérimentations, qui travaille sur la place de l’art dans les questions de développement urbain. Depuis 2005, les réflexions de l’association ont pris une ampleur nouvelle : le symposium « Ars & Urbis », réunion d’experts internationaux des domaines de l’art et de l’urbain, a initié une recherche plus précise sur le rôle de la création artistique dans le processus d’invention d’une identité urbaine contemporaine en Afrique. Pour répondre à cette question si spécifique, doual’art a décidé de mettre en place un observatoire, ayant comme zone d’étude la ville de Douala. Cet observatoire doit inventer de nouveaux outils d’investigation et apporter un regard plus « scientifique » à des préoccupations qui ne sont pour l’instant que de l’ordre de l’intuitif.

[modifier] Contexte de la recherche sur la question urbaine en Afrique

La recherche sur la question urbaine et ses ramifications en est encore à ces premiers balbutiements en Afrique subsaharienne : à cet égard, la « minceur » des pages afférentes sur Internet, dans un domaine en pleine effervescence, est un indice éloquent. Or, il se trouve que tous les acteurs du développement, institutionnels ou non, aussi bien que les observateurs penchés au chevet de cette partie du monde malade de l’Histoire, le constatent chaque jour et en conviennent : la Ville subsaharienne est dans tous ses états, au propre comme au figuré.

A cette indigence de travaux sur la question urbaine en Afrique subsaharienne, on peut trouver au moins deux explications. L’une est structurelle : la modicité récurrente des ressources financières accordées à la R&D en pourcentage du PIB dans les pays africains. L’autre, plus fondamentale, est formulable sur un plan théorique : le credo épistémologique en sciences sociales reste ancré dans le modèle de la mécanique newtonienne, qui ne permet pas une appréhension de la complexité croissante du réel. Ce décalage entre un mode de réflexion dépassé et la réalité induit des problématisations faussées, qui n'offrent aucune possibilité de lecture de situations fragmentées, sans logique mécanique discernable. La révolution conceptuelle en cours, centrée sur les théories de la complexité et de la fractalité comme nouveau paradigme pourrait en revanche fournir de véritables éléments d'analyses de la question urbaine dans l'Afrique contemporaine. Mais elle n'a pas encore pris pied dans la pensée universitaire.

[modifier] La mise en place de l'observatoire

[modifier] Les symposiums "Ars & Urbis

Les symposiums Ars & Urbis sont des moments privilégiés de réflexion entre experts internationaux (architectes, urbanistes, artistes, sociologues urbains, critiques d’art, opérateurs culturels…) sur les perspectives, réelles comme imaginaires, de développement des villes du Sud, à travers la question des arts et de la culture.

  • Première édition : 10-15 janvier 2005

Après deux semaines de réflexions, la trentaine d’experts réunie par doual’art est arrivée à la conclusion que la méthodologie et le mode de pensée actuels ne permettaient pas de saisir la complexité de la ville africaine contemporaine. Ils ont donc fortement insisté sur la nécessité de trouver de nouveaux outils et un nouveau langage, mieux adaptés à la réalité actuelle.

Il a été décidé que la méthodologie à inventer : - aurait pour terrain d’investigation la ville de Douala - s’appliquerait au cours d’un programme d’événements culturels dénommé le SUD - donnerait lieu à la création d'un OBSERVATOIRE pour mesurer l'impact de l'action artistique sur l'invention d'une identité urbaine dans les villes africaines.

  • Deuxième édition : 3-17 mars 2007

Cette édition a réuni des artistes (Goddy Leye, Guy Wouete...), des curators (Abdellah Karroum, Didier Schaub) et des chercheurs (Lionel Manga, Zyad Minti, Iolanda Pensa). La deuxième édition a pour but d'avancer la réflexion, en vue de mettre sur pied l'observatoire. Les experts doivent à cette occasion visiter plus en profondeur la ville de Douala et rencontrer ses habitants. Pour le Centre d'art Doual'art, initiateur du projet, l'action artistique n'est pas seulement un événement spectaculaire, mais aussi un outil de développement et de liens sociaux.

[modifier] Le programme SUD

Afin de fournir les premiers éléments d’observation, doual’art a imaginé le « programme SUD » (Salon Urbain de Douala). Ce programme correspond à la réalisation de toute une série d’opérations artistiques à Douala. Il débouchera sur l’ « événement SUD » : du 9 au 16 décembre 2007 se déroulera un festival qui regroupera des artistes du Cameroun et du monde entier avec les habitants de la ville, autour de la production et de la présentation d’une vingtaine de projets artistiques dans et sur Douala.

[modifier] Liens externes

Site officiel