Dorothée de Courlande

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La duchesse de Dino
La duchesse de Dino
Portrait par François Gérard ?
Portrait par François Gérard ?

Dorothée princesse de Courlande (1793 Berlin - 1862 Sagan), comtesse Edmond de Périgord (1809), puis duchesse de Dino (1817, titre sous lequel elle est passée à la postérité), puis duchesse de Talleyrand (1838) et duchesse de Sagan (1845).

Quatrième fille de Pierre Biron, duc souverain de Courlande, Dorothée de Courlande était dotée tout à la fois d'une beauté fascinante, d'une intelligence remarquable, d'un tempérament ardent et d'une profonde culture. Sa mère Anna Dorothea, duchesse de Courlande, séparée de son époux Pierre, avait un amant, Alexandre de Batowski, nonce Polonais qui fut sans doute le père de Dorothée, née à Friedrichsfelde, près de Berlin, le 21 août 1793.

Sommaire

[modifier] Son mariage

Talleyrand qui cherchait une riche héritière pour son neveu, avait demandé à Alexandre, tsar de Russie, d'intervenir auprès de la duchesse pour favoriser le mariage.

Le mariage avec Edmond de Périgord, fut célébré, en pleine période des guerres napoléoniennes, le 21 et le 22 avril 1809 à Francfort-sur-le-Main par le prince Primat Dalberg, ami de Talleyrand, et Dorothée devint comtesse Edmond de Périgord et petite-nièce de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent.

La chute de l’Empire et le congrès de Vienne, où Talleyrand est désigné pour représenter la France, favoriseront leur intimité. À son ambassade de Vienne, le palais Kaunitz, elle fera les honneurs de sa maison.

Le 31 août 1817, Talleyrand est doté par le roi du titre de duc et de pair. Le roi de Sicile le dote aussi, le 2 décembre, du duché de Dino, une petite île au large de la Calabre (1500 x 1200 m.), parce qu’il lui est reconnaissant de ses services à Vienne. Ce titre est immédiatement transmissible à ses neveux. C’est ainsi que Dorothée devient duchesse de Dino.

La jeune fille, d'éducation allemande, se trouva plongée en milieu francais, donc ennemi. Ses trois soeurs, également très anti-françaises, n'assistèrent pas au mariage.

Le mariage fut malheureux, Edmond étant plus occupé par le jeu, la guerre et les femmes que par son épouse. Malgré la naissance de trois enfants, le ménage se sépara après le congrès de Vienne. C'est à cette époque qu'elle occupe une grande place et joue un grand rôle dans la vie de Charles-Maurice. Elle l'accompagne au congrès de Vienne. Elle devint probablement sa maîtresse après 1815.

Le 2 décembre 1817, Talleyrand reçoit de Ferdinand Ier, roi des Deux Siciles, le titre de duc de Dino, nom d'une île de Calabre, transmissible immédiatement au comte et à la comtesse Edmond de Périgord, ses neveu et nièce. Le 24 mars 1818, les époux Dino se séparent; la séparation de corps n'étant prononcée que le 6 novembre 1824.


[modifier] Sa vie avec Talleyrand

Le 3 juillet 1820, Talleyrand quitte Paris pour Valençay, accompagné de Dorothée de Dino, qui est enceinte de son troisième enfant, Pauline, dont la paternité est parfois attribuée à Talleyrand.

Malgré la compagnie de cet homme, de trente-neuf ans son aîné, elle eut plusieurs amants, ce qui lui valut une réputation de redoutable séductrice, et elle mit au monde trois filles illégitimes. Une d'entre elles, née en 1816, serait peut-être Bozena Nemcova, la grande écrivain tchèque, qu'elle aurait eue de Clam Martinic, son amant du congrès de Vienne. Les deux autres, Antonine et Julie Zulmé, naquirent en 1825 et en 1827.

Elle devient duchesse de Talleyrand le 28 avril 1838. Le 6 janvier 1845, un diplôme du roi de Prusse investit Dorothée comme duchesse de Sagan, son fils Louis-Napoléon, filleul de Napoléon et le petit-fils de cette dernière, Boson de Talleyrand-Périgord, prenant immédiatement le titre de prince de Sagan. Ainsi, le titre de duc de Sagan présente la particularité de pouvoir se transmettre en ligne féminine.

Ce nom appartient à l'histoire de la littérature française, car il fut découvert par hasard vers 1950 par la jeune écrivaine Françoise Quoirez (1935 - 2004) qui se cherchait un pseudonyme en lisant Marcel Proust, passage qui évoquait un duc de Sagan, et, séduite par sa sonorité, elle le choisit comme "nom de plume".


Quand Talleyrand devient ambassadeur de France à Londres en 1830, elle l'accompagne et se sent plus à l'aise que dans Paris qu'elle déteste, où tout le Faubourg Saint-Germain lui fait sentir qu'elle est étrangère. Ce fut le drame de toute sa vie : partout où elle vécut, elle fut regardée comme une étrangère - à la cour de Prusse elle était la Française, à Paris elle était l'Allemande.


"Il me prend des profonds et mélancoliques regrets pour ce doux et tranquille Rochecotte..." (lettre de 1862).

Après la mort de Talleyrand (1838), elle donna en 1847 son château de Rochecotte à sa fille Pauline de Castellane et choisit en 1843 de résider en souveraine dans le château de Sagan, en Silésie, composé de 130 pièces sur un domaine de 1 200 hectares, acheté par son père et racheté à sa sœur, Pauline de Hohenzollern.

Elle régna sur ce duché immense, très riche, mais seule avec ses souvenirs; elle eut un "accident de voiture" en juin 1861 et mourut le 19 septembre 1862 à Sagan.

Malgré le souhait exprimé à son oncle - et très probable amant - dans une lettre d'avril 1838, et par testament, de faire mettre son coeur auprès de sa tombe à Valencay, elle fut inhumée dans la Kreuzkirche de Sagan, avec sa sœur Wilhelmine et son fils Louis.

[modifier] Les jugements de ses contemporains

"(...) de grands yeux bleu foncé, très beaux, si ardents qu'ils en paraissaient noirs. Il y avait en elle quelque chose de hardi, de sauvage, d'indompté et de brûlant qui retenait le regard". (Casimir Carrère, "Talleyrand amoureux", édition France-Empire, 1975).

Les jugements qu’elle inspira sont divers; ceux des hommes, admiratifs devant sa beauté et son intelligence, sont élogieux, ceux des femmes, jalouses de sa position et de sa richesse, sont plus venimeux. Il est étonnant qu’on ne lui ait pas connu d’amie proche. Elle fut assez seule, sinon solitaire, mais entretint une grande correspondance avec de nombreuses personnalités de son époque. Elle fut une vraie Européenne, à une époque où le mot était inconnu. Née entre deux cultures, parlant trois langues, en contact avec toutes les personnalités politiques d'Europe, elle aurait pu être, en d’autres temps, par son intelligence, une femme politique ou une savante. Mais en ce temps-là, seuls les hommes faisant une carrière, elle n’eut pas l’opportunité de réaliser ses nombreux talents. Comme le disait Guizot : "une personne rare et grande".

La duchesse de Dino compte encore une descendante en Touraine, "région paisible et humaine, d'une beauté pure, très poétique" en la personne de Béatrice de Andia, une de ses arrières-arrières-petites-filles, présidente de l'association des "Amis du château d'Azay-le-Rideau", propriétaire du château de La Chatonnière (37).


[modifier] Propriétés de la duchesse de Dino

[modifier] Mémoires

  • Dorothée, princesse de Courlande, duchesse de Dino, Mémoires . Tome I, 1794-1808 : souvenirs d'enfance de la princesse de Courlande (texte établi par Clémence Muller). – Clermont-Ferrand : Paleo, coll. « Sources de l'histoire de France », 2003. – 173 p., 21 cm. – ISBN 2-84909-022-0.

Chronique:

    • Mémoires. Tome II, 1831-1834 (texte établi par Clémence Muller). – Clermont-Ferrand : Paleo, coll. « Sources de l'histoire de France », 2003. – 258 p., 21 cm. – ISBN 2-84909-039-5.
    • Mémoires . Tome III, 1835-1837 (texte établi par Clémence Muller). – Clermont-Ferrand : Paleo, coll. « Sources de l'histoire de France », 2004. – 228 p., 21 cm. – ISBN 2-84909-065-4.
    • Mémoires . Tome IV, 1838-1840 (texte établi par Clémence Muller). – Clermont-Ferrand : Paleo, coll. « Sources de l'histoire de France », 2004. – 243 p., 21 cm. – ISBN 2-84909-071-9.
    • Mémoires . Tome V, 1840-1843 (texte établi par Clémence Muller). – Clermont-Ferrand : Paleo, coll. « Sources de l'histoire de France », 2004. – 244 p., 21 cm. – ISBN 2-84909-092-1.
    • Mémoires . Tome VI, 1844-1853 (texte établi par Clémence Muller). – Clermont-Ferrand : Paleo, coll. « Sources de l'histoire de France », 2004. – 220 p., 21 cm. – ISBN 2-84909-109-X.
    • Mémoires . Tome VII, 1854-1862 (texte établi par Clémence Muller). – Clermont-Ferrand : Paleo, coll. « Sources de l'histoire de France », 2004. – 203 p., 21 cm. – ISBN 2-84909-112-X.

[modifier] Liens internes

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